Ouverture pour la diplomatie entre le Saint-Siège et la Birmanie

Sur proposition du gouvernement, la Chambre basse du Parlement birman a voté, le 10 mars 2017, l’établissement de relations diplomatiques entre le Saint-Siège et la République de l’Union du Myanmar, le nom officiel de la Birmanie.

Cette décision ouvre la voie à un dialogue facilité entre l’Eglise catholique, qui compte environ 800’000 fidèles dans ce pays, et les autorités birmanes. Mgr Charles Bo, archevêque de Rangoun, a précisé que les relations diplomatiques vont permettre «au Vatican de parler directement aux dirigeants birmans et à [la Birmanie] de dire ce qu’elle souhaite dire [au Saint-Siège]«, dans le magazine américain National Catholic Reporter du 13 mars.

Si les rapports entre les autorités gouvernementales et l’Eglise catholique en Birmanie sont globalement bons, le cardinal Charles Bo attend de ces relations diplomatiques un dialogue facilité avec Nay Pyi Daw, siège du gouvernement birman. L’une des revendications de l’Eglise concerne son investissement dans l’éducation, un domaine où les besoins du pays sont immenses. Après le coup d’Etat militaire de 1962, toutes les écoles tenues par l’Eglise avaient été nationalisées en 1965. Depuis l’ouverture du pays, l’Eglise a réinvesti l’éducation mais elle est en butte à des grandes difficultés.

Mgr Charles Maung Bo a rappelé à Eglises d’Asie, agence information des mission étrangères de Paris, que tout récemment encore, les autorités affirmaient à l’Eglise qu’elle ne pouvait pas gérer d’écoles. Les établissements ouverts par l’Eglise ont dû être enregistrés sous le nom de personnes privées. «Nous aimerions gérer des écoles de manière officielle. Nous souhaitons que le nouveau gouvernement nous donne des autorisations officielles pour construire des églises et des couvents. Nous espérons obtenir une égalité de traitement entre toutes les religions à cet égard. Et nous voulons que les écoles nationalisées nous soient restituées», a précisé le prélat, archevêque de Rangoun depuis 2003.

Demandes diplomatiques anciennes

Du côté de l’Eglise catholique, la demande d’établissement de relations diplomatiques avec Nay Pyi Daw est ancienne. Depuis décembre 1990, le Saint-Siège disposait d’un «délégué apostolique» au Myanmar. Résidant à Bangkok, le nonce apostolique accrédité auprès du Royaume de Thaïlande assumait ce poste, la fonction d’un délégué apostolique étant de représenter le Saint-Siège auprès de l’Eglise locale, là où un nonce apostolique est accrédité auprès des autorités gouvernementales.

L’Eglise avait demandé au précédent gouvernement d’établir des relations diplomatiques pleines et entières avec le Saint-Siège, mais les militaires alors au pouvoir avaient répondu que la question devrait être abordée après les élections de novembre 2015, rappelle le cardinal Charles Bo, dans une interview accordée à Eglises d’Asie en février 2016. Ces dernières ayant vue la victoire écrasante de la Ligue nationale pour la démocratie d’Aung San Suu Kyi, le cardinal a proposé dès le mois de décembre 2015 à la nouvelle dirigeante d’avancer sur ce dossier – démarche qui a abouti ce 24 février, le ministre des Affaires étrangères, U Kyaw Tin, déclarant que son pays allait établir des relations diplomatiques avec sept pays, le Libéria, la Guinée, Malte, l’Equateur, les Seychelles, les Iles Marshall et le Saint-Siège.

Des relations diplomatiques avec 183 pays

Une fois la nomination d’un nonce pour la Birmanie et d’un ambassadeur birman près le Saint-Siège confirmée, le Saint-Siège entretiendra des relations diplomatiques avec 183 pays. En Asie, le Saint-Siège entretient des relations diplomatiques avec presque tous les Etats de la région, à quelques exceptions près.

En 2011, la Malaisie a noué des relations diplomatiques pleines et entières avec le Vatican; avant cela, seul un délégué apostolique y était accrédité, comme cela est encore le cas à Brunei et au Laos. Au Vietnam, depuis janvier 2011, Rome dispose d’un représentant non résident du Saint-Siège au Vietnam, dont l’intitulé dit bien le rôle très particulier, en partie assimilable à celui d’un délégué apostolique, mais il n’est pas question de relations diplomatiques pleines et entières. Avec la Chine populaire et la Corée du Nord, aucunes relations diplomatiques n’existent, même si cela n’empêche pas des contacts qui, dans le cas de Pékin, sont devenus fréquents. (cath.ch/eda/gr)

Grégory Roth

Portail catholique suisse

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