La liberté religieuse, critère de santé de la démocratie, selon Mgr Gallagher

Mgr Paul Gallagher, secrétaire pour les relations avec les Etats, est intervenu le 30 mars 2017 à l’université catholique du Sacré-Coeur, à Milan. Devant un parterre d’universitaires, il s’est exprimé sur la liberté religieuse depuis Pie XI (1922-1939) comme santé de la démocratie, a rapporté le Saint-Siège.

En ouverture de ce colloque international, le prélat britannique a retracé un siècle d’histoire en affirmant que cette liberté religieuse est aujourd’hui menacée pour les chrétiens, y compris dans les pays démocratiques. Durant la première moitié du 20e siècle, l’Eglise a été confrontée aux totalitarismes et à l’anticléricalisme d’Etat, a rappelé l’évêque. Le Saint-Siège prend alors la défense de la «dignité de la personne humaine» et de ses droits fondamentaux.

A la fin du conflit avec l’Etat mexicain laïciste, le pape Pie XI publie l’encyclique Firmissimam constantiam, dans laquelle il écrit: «les fidèles ont le droit de trouver dans la société civile la possibilité de vivre en conformité avec leur conscience». Ceci, a ajouté Mgr Gallagher, a contribué à la définition moderne du «droit naturel à la liberté religieuse».

Liberté du citoyen

En 1944, Pie XII ajoute que, dans un régime démocratique, la forme de gouvernement doit être «compatible» avec la dignité et la liberté du citoyen. L’Eglise se tourne ainsi vers la conscience humaine pour lui parler de la vérité, «mais cela ne peut se faire que dans un Etat garantissant le droit fondamental à la liberté religieuse».

Durant le concile Vatican II, le pape Paul VI s’est fortement impliqué dans les documents traitant de la liberté religieuse, comme Nostra Ætate ou Dignitatis humanae. Le concile affirme que la liberté religieuse est un «droit civil de la personne humaine, un droit que l’individu et les groupes doivent avoir». Il s’agit d’une expression du droit naturel de la personne humaine.

Un seul chemin

Pour le Concile, il n’y a «qu’un seul chemin pour le Salut», mais celui doit être parcouru «librement par l’homme», a repris Mgr Paul Gallagher. Il faut donc pouvoir mettre chaque individu dans les conditions pour suivre ce chemin vers Dieu. Pour cela, a ajouté le prélat britannique, reprenant les mots du pape François, l’Eglise ne demande qu’une seule chose: «la liberté d’annoncer l’Evangile de façon intégrale».

Le pape Jean Paul II avait par exemple réclamé cette liberté en 1998 à Cuba, «afin que l’Eglise puisse poursuivre sa mission au service de l’humanité entière». Son successeur Benoît XVI reprendra cette demande, en appelant les autorités civiles du monde entier à «créer les conditions nécessaires au développement de la vie religieuse».

Cette demande se retrouve aussi dans l’accord entre le Saint-Siège et l’Etat palestinien, le 26 juin 2015. Y figure la nécessité de la protection de toutes les minorités religieuses. Pour le Saint-Siège, cette liberté est en effet pour le Vatican le «paramètre essentiel d’évaluation du niveau de liberté et comme critère de vérification de l’état de santé de la démocratie», a expliqué le secrétaire pour les relations avec les Etats.

Discriminations anti-chrétiennes

Lorsque la liberté religieuse est compromise, les chrétiens sont «souvent les premières victimes», a encore noté Mgr Gallagher. Cette problématique se retrouve aussi dans les pays «de vieille tradition démocratique», a remarqué le prélat, où la religion est parfois vue comme «suspecte», ou une «sous-culture» à dépasser. Pourtant, rappelle-t-il, le christianisme est à la base de la possibilité d’un Etat laïc, avec l’affirmation, dans l’Evangile, de la séparation entre le temporel et le religieux.

Le prélat a terminé son intervention en soulignant qu’en 2014-2015, 1700 discriminations anti-chrétiennes ont été signalées à l’Observatoire sur l’intolérance et la discrimination contre les chrétiens en Europe. Il est donc contradictoire, a-t-il conclu, de demandé la liberté religieuse pour tous et de la nier pour certains groupes. (cath.ch/imedia/xln/gr)

Grégory Roth

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