Fully: cent servants de messe «heureux de servir Jésus»

Une centaine de servants de messe est venue égayer le quartier de l’église de Fully le temps d’un après-midi festif. Rencontre, le 1er avril 2017, avec des jeunes heureux de «servir Jésus» et des adultes soucieux de stabiliser des effectifs en les motivant. Mgr Jean Scarcella, Père Abbé de Saint-Maurice, est venu leur donner une catéchèse.

«Au nom de l’Eglise, nous vous remercions de votre service et de votre fidélité dans votre engagement en paroisse au service de la messe», lance Gaëtan Steiner à la centaine de jeunes réunis dans l’église de Fully, en Valais. A peine audible dans le joyeux vacarme que font les jeunes en quittant l’église, le responsable du Service diocésain de la jeunesse (SDJ) confie qu’il s’agissait aussi de leur donner l’occasion de nouer des liens d’amitié avec des jeunes d’autres paroisses et de voir qu’ils ne sont pas isolés. C’est lui qui a organisé, avec l’abbé David Roduit, cette fête des servants de messe de la partie francophone du diocèse de Sion.

Ces jeunes ont égayé le quartier de l’église de Fully, le temps d’un après-midi. Les postes d’un parcours ludique leur ont permis de s’affronter à travers des épreuves sportives, d’adresse et de réflexion. Ils ont pu déchiffrer l'»Enigme d’ICHTUS» grâce aux indices glanés au gré des victoires d’épreuve. Un goûter a suivi les joutes, avant que Mgr Jean Scarcella ne leur donne une catéchèse sur le thème du jour «Comme un poisson dans l’eau». Un pique-nique tiré du sac a constitué une pause avant la messe de clôture de cette belle journée.

La vocation

«L’abbé David a aussi tenu à donner un aspect vocationnel à cette rencontre», explique Gaëtan Steiner. Cette dimension du rendez-vous fulliérain constituait même la genèse de ce projet en lien avec la vocation. De fait, Sœur Marie-Paule, religieuse bernardine au monastère de Collombey, et l’abbé Jérôme Hauswirth, curé de Collombey-Muraz, tous deux membres de la Commission de la pastorale des vocations, ont répondu présent à l’appel du SDJ. Ils ont pu parler de leur vocation aux jeunes qui se succédaient à leur poste, et échanger avec eux sur le sujet.

Les filles constituent les trois-quarts des effectifs du jour. «Faut-il voir le visage de l’Eglise de demain dans cette réunion?», s’interroge le responsable du SDJ, en notant la forte majorité de filles. Il note également la présence féminine majoritaire chez les agents pastoraux laïcs ainsi qu’au parcours Théodule (Formation au ministère en Eglise du diocèse de Sion). Cette journée n’est pas forcément représentative, tempèrent les mamans responsables des servants de messe. Elles relèvent, pragmatiques, que le samedi se jouent les matches de foot. Pas étonnant donc qu’il y ait si peu de garçons à ce rassemblement.

Rude concurrence dominicale

Les paroisses ont à faire à une rude concurrence pour stabiliser leurs effectifs de servants d’autel. «Sport, loisirs en famille, activités entre amis. Les occupations ne manquent pas, ils ont toujours quelque chose à faire le week-end», relève Anne-Françoise Thurre, responsable des servants de messe de Saillon. Difficile, avec 7 jeunes, de garantir leur présence à la messe chaque week-end, «d’autant que nous n’avons pas de prêtre résidant qui pourrait les motiver. On ne peut pas les forcer à venir». Joelle Reynard, de la paroisse de Savièse, fait le même constat: «Les activités familiales les empêchent parfois de venir, mais nous nous en sortons bien avec nos quarante jeunes inscrits au service de la messe». Elle peut compter sur un noyau de 15 à 20 adolescent(e)s. Elle est assurée d’en trouver au moins trois au pied de l’autel chaque week-end. Les jeunes se motivent mutuellement pour se retrouver à la sacristie. Et même, peuvent susciter des vocations dans leur cercle d’amis.

A Orsières, toutes les familles des servants de messe fréquentent l’église, pas étonnant qu’ils viennent régulièrement servir. «Ils sont 18 et l’effectif est stable», témoigne Anne Formaz, qui gère le groupe. Le fait que les proches de ces jeunes soient pratiquants favorise cette présence à l’église. «Si les parents ne pratiquent pas, il est difficile de les garder, faute de motivation et d’encouragement. Le cercle familial joue un rôle important dans leur assiduité», ajoute-t-elle, renvoyant à la problématique de la transmission de la foi dans le cadre familial. Le propos illustre aussi les disparités qui existent entre les paroisses.

«Je viens pour servir Jésus»

Pause goûter. Ambiance de cour de récré entre la cure et l’église. Les équipes ont brassé les jeunes de différentes paroisses, le contact s’est vite établi et confère au lieu une atmosphère joyeuse. «Je viens pour servir Jésus. J’ai du plaisir à le faire. Je suis souvent seule, ça ne me dérange pas», témoigne Laura, de Champex. Antoine vient passer un moment avec Dieu… et pour les copains aussi! Les jeunes racontent leur service sans complexe.

Faustine s’est dite motivée en voyant sa sœur au service avec la perspective de se retrouver ensemble à la messe. Nathalie, de la paroisse de Nendaz, apprécie de servir la messe, particulièrement lors des grandes fêtes: «Nous nous retrouvons tous, il y a une super ambiance!». Santosch vient servir pour être «plus proche de Dieu et de Jésus».

Mgr Scarcella ouvre sa catéchèse en égrainant les souvenirs de servant de messe heureux qu’il a été. Un temps révolu où le curé venait sonner tôt le dimanche matin chez les Scarcella pour demander à ses parents si Jean pouvait venir servir la messe. Des mercredis sans sport à apprendre à servir une messe bien plus compliquée qu’aujourd’hui. Le silence des gamins à l’évocation d’un temps précédant le Concile Vatican II est éloquent. Le Père-Abbé de Saint-Maurice est de toute évidence heureux de partager ce moment avec les jeunes.

Heureux comme un poisson dans l’eau

Il déroule son propos sur le thème du jour: «Heureux comme un poisson dans l’eau!» Une béatitude qu’il a imaginée pour son jeune auditoire. Heureux comme lorsqu’on sent la présence de Dieu Père en nous. Le poisson est Dieu-fils: «Ichtus» (»poisson» en grec qui signifie «Jésus-Christ, fils de Dieu sauveur»). Il fait allusion au symbole par lequel les premiers chrétiens se reconnaissaient de manière codée. Et l’eau qui figure l’Esprit-Saint. «Il s’agit du beau mystère de la Trinité dans lequel vous entrez lorsque vous servez la messe».

«Le service de la messe constitue la base de la vie paroissiale», assure Mgr Scarcella. Ces jeunes trouvent selon lui pleinement leur place dans la communauté. Ils peuvent ensuite bifurquer vers la formation de plus jeunes qu’eux et devenir lecteurs: une bonne raison de les garder au service de la communauté. «Il faut savoir leur donner un rôle qui les fera grandir spirituellement et en tant que personne». (cath.ch/bh)

Bernard Hallet

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