Mgr Himmer est décédé
nvier 1994 (CIP)
Mgr Charles-Marie Himmer, ancien évêque de Tournai, est décédé mardi matin
à l’abbaye Notre-Dame de Soleimont à Fleurus, où il résidait depuis 1977.
Né à Dinant le 10 avril 1902, il fut ordonné prêtre le 15 août 1926, puis
fut appelé à l’épiscopat 23 ans plus tard : il fut ordonné évêque en la
cathédrale de Tournai le 24 février 1949. Il demeura à la tête du diocèse
jusqúen 1997 : il avait alors atteint la limite d’âge de 75 ans et offrit
alors sa démission au pape.
« Pasteur proche de son peuple, il en partagea les joies et les épreuves,
relève l’évêché de Tournai dans un communiqué annonçant le décès de Mgr
Himmer. Beaucoup se souviennent de tout ce qúil fut au moment de la
catastrophe du Cazier à Marcinelle. Préoccupé de porter la Bonne Nouvelle à
tous, il ne ménagea pas ses forces pour renouveler la pastorale du diocèse
de Tournai. Au deuxième concile du Vatican, il fut au sein de l’épiscopat
belge un enthousiaste artisan du renouveau de l’Eglise et il montra une
particulière préoccupation pour le monde des plus pauvre. »
Les funérailles de Mgr Himmer seront célébrées en la cathédrale de Tournai
le samedi 15 janvier à 10h30.
De Dinant à Tournai
C’est à Dinant, au Collège Notre-Dame de Bellevue, que Charles Himmer a
commencé les études qui l’ont peu à peu préparé à devenir prêtre. Après ses
humanités gréco-latines, il est envoyé avec d’autres séminaristes au
Collège belge de Rome. Là, il fréquente l’Université Grégorienne, d’où il
reviendra en Belgique avec les diplômes de docteur en philosophie et en
théologie.
Originaire du diocèse de Namur, c’est naturellement à Namur qúil reçoit, le
15 août 1926, l’ordination sacerdotale des mains de Mgr Heylen.
Le jeune prêtre est alors nommé vicaire à Beauraing. Trois ans plus tard,
il est envoyé au petit Séminaire de Floreffe comme professeur de
philosophie. Il assume en même temps les charges d’aumônier de plusieurs
mouvements de jeunes, comme la Jeunesse Etudiante Chrétienne.
En 1944, Mgr Charue, nouvel évêque de Namur, décharge l’abbé Himmer de son
professorat à Floreffe pour lui confier la direction de l’Action Catholique
de la Jeunesse Belge dans le diocèse. Il deviendra ainsi l’un des
principaux organisateurs de l’Ecole Sociale de Namur et donnera au Grand
Séminaire, pendant plusieurs années, une formation spécifique sur les
enjeux et les méthodes de l’Action Catholique.
Nommé chanoine honoraire de Saint-Aubain en mars 1947, Charles Himmer
devient, un plus tard, supérieur du Séminaire de Floreffe. Il n’exercera
cette fonction que quelques mois, jusqúau moment où il est choisi par le
pape comme 103e évêque de Tournai, succédant ainsi à Mgr Carton de Wiart.
Depuis le début, son ministère varié l’a ouvert à de multiples réalités,
notamment à la vie des jeunes et à l’Action Catholique. Il y a quelques
années, il se réjouissait encore de ces premières découvertes : « J’ai
pratiqué à plein la méthode de Cardijn : voir, juger, agir. J’y suis resté
fidèle et j’y crois toujours. »
Ordonné évêque de Tournai le 24 février 1949, Mgr Himmer prend pour devise
: « Par la foi et l’Esprit Saint ». Une manière pour lui de traduire ce que
Dieu lui demandait, comme il le précisera plus tard : « croire à la Parole
de Dieu et m’abandonner à l’Esprit-Saint ».
Mgr Himmer va bientôt prendre une initative qui marquera pour longtemps le
diocèse de Tournai. Le nouvel évêque est arrivé dans un Hainaut
profondément bouleversé par l’industrie houillère et sidérurgique, et sa
fréquentation des mouvements d’action catholique l’a rendu sensible aux
problèmes sociaux concrets que vivent les travailleurs, et notamment les
immigrés.
Option pour les pauvres
C’est dans ce contexte que Mgr Himmer, avec le le concours des prêtres et
des chrétiens les plus engagés dans la vie de l’Eglise, organise en 1952
une « année sociale ». S’y affirme clairement une option préférentielle pour
les pauvres. Elle marquera également sa concertation avec les autres
évêques, son attention aux conflits sociaux, ses interventions en faveur
des familles de mineurs victimes de la catastrophe de Marcinelle en 1956,
mais aussi tout un travail de réflexion théologique et d’impulsion
pastorale autour du concile Vatican II.
L’année 1956, pour le diocèse, ne restera pas seulement associée à une
catastrophe minière : la même année, l’évêque publie un directoire « pour
une messe plus fraternelle »; insiste sur la formation biblique et
liturgique, crée des régions pastorales et en confie la responsabilité à
des doyens principaux. Puis il y aura une année sur la paroisse, comme
communauté de catéchèse. Elle favorisera la créatin de l’Office Diocésain
de l’Enseignement Religieux et de l’Institut Supérieur de Sciences
Religieuses à Charleroi. C’est également à Charleroi que Mgr Himmer, avant
de partir au Concile, rédige un discours de mission, invitant l’Eglise
diocésaine à s’ouvrir à l’esprit missionnaire.
Au Concile
De 1962 à 1965, l’essentiel des préoccupations de Mgr Himmer seront
mobilisées par le concile Vatican II. Au terme du concile, il fera
d’ailleurs partie de la Commission chargée de préparer le Décret sur la
charge pastorale des évêques. Durant le concile, et en dehors des séances
officielles de travail, Mgr Himmer se retrouve souvent au sein d’un groupe
« pour une Eglise servante et pauvre ». Le même groupe est fréquenté par Dom
Helder Camara (Brésil), Mgr Ancel (fondateur de l’Institut du Prado à Lyon
pour les prêtres ouvriers), Mgr Huyghe (Arras) et le futur cardinal Guyot
(Toulouse), Mgr Bettazi (Italie), les théologiens français Marie-Dominique
Chenu et Yves Congar…
L’après-Concile constituera souvent, dans le diocèse de Mgr Himmer, un
prolongement d’initiatives que l’évêque avait déjà lancées auparavant. Car
Mgr Himmer n’a pas attendu Vatican II pour activer le dynamisme de son
diocèse. Plusieurs années auparavant, il avait pris l’habitude d’organiser
des campagnes diocèsaines annuelles, centrées sur un aspect particulier et
préparées en assemblées de concertation : renouveau paroissial, mission
ouvrière, ouverture aux besoins de formation, apprentissage de la
coresponsabilité.
En 1987, dans une interview recueillie par la revue interdiocésaine « La Foi
et le Temps », Mgr Himmer passait en revue le chemin parcouru, soulignant la
force qúil avait puisée dans la foi mais aussi le bénéfice qúil avait tiré
personnellement, comme tout le diocèse, d’innombrables collaborations.
« Ainsi, disait-il, ai-je tenté de rejoindre au maximum la vie des hommes et
des femmes du Hainaut et particulièrement celle des travailleurs et des
plus pauvres. » Et l’évêque de conclure : « le secret de ce ministère d’un
évêque à ses propres yeux, spirituellement et humainement toujours aussi
pauvre, c’est Dieu agissant à travers tout son peuple. » C’est « à Dieu seul »
que revient l’honneur d’un tel ministère, précisait Mgr Himmer, avant
d’ajouter : « et merci encore une fois, et du plus profond du coeur, à tous
les autres ». nnnn
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