Le pape à l’Académie pontificale des sciences: «Elargir la notion traditionnelle de justice»

S’adressant à l’Académie pontificale des sciences, le pape François estime qu’il faut «élargir la notion traditionnelle de justice».

Le Saint-Siège a publié le 28 avril 2017 une lettre du pape François à l’adresse des membres de l’Académie pontificale des sciences sociales, réunis au Vatican jusqu’au 2 mai pour leur assemblée plénière sur le thème «Vers une société participative: nouvelles voies pour l’inclusion sociale et culturelle».

Pour le pape, la notion traditionnelle de justice doit être plus vaste: celle-ci ne peut plus se limiter à considérer la distribution des richesses, mais doit se pencher aussi le moment de leur production. La première chose à étudier, est à ses yeux le respect de la dignité du travail humain.

Celui-ci n’est pas un simple facteur de production, déclare le pontife, qui est soumis aux exigences du processus productif. Au contraire, estime-t-il, c’est «le processus productif qui doit être organisé de façon à s’adapter à la croissance humaine des personnes et à l’harmonie entre le temps de vie familiale et professionnelle».

La clef de la fraternité

Pour parvenir à cette nouvelle articulation de l’ordre économique, le pape François donne la clef: la «fraternité». Alors que la solidarité est le principe de planification sociale qui permet aux inégaux de devenir égaux, explique François, la fraternité est celui qui consent aux égaux d’être des personnes diverses. Et c’est bien sur la fraternité «que nous serons jugés», rappelle l’évêque de Rome, citant l’Evangile selon saint Matthieu.

Une société sans véritable fraternité n’est pas capable de futur, met en garde le pontife. De même, une société où existent seulement le «donner pour avoir et le donner par devoir» ne peut pas survivre, poursuit-il. Il est donc nécessaire de trouver «une voie de sortie à l’alternative étouffante entre la thèse néolibérale et la thèse néo-étatiste», appelle le pontife.

Cela passe par le concept de «développement humain intégral», écrit-il encore, qui implique «l’élargissement de l’espace de la dignité et de la liberté des personnes». Cette dernière ne doit ainsi plus être comprise de façon négative, comme absence d’interdits, mais de manière positive: «la liberté pour, la liberté de poursuivre sa propre vocation».

Le «travail juste» respecte la vocation de la personne

Le «travail juste» n’est donc plus seulement celui qui assure une rémunération équitable, mais celui qui correspond à la vocation de la personne et est donc en capacité de développer ses capacités. Sans cela, accuse le pontife, lorsque le travail n’est plus l’expression de la personne, «il devient esclavage».

Par ailleurs, le pape François s’inquiète en conclusion de ce message de l’invasion aux hauts niveaux de la culture et de l’instruction de «l’individualisme libertaire». Cette idéologie, met en garde le pape, «nie la validité du bien commun car il suppose que l’idée-même de ›commun’ implique une contrainte sur au moins quelques individus». (cath.ch/imedia/xln/be)

Jacques Berset

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