Inquiétude sur la montée du fondamentalisme islamique à Madagascar

La montée du fondamentalisme islamique à Madagascar inquiète le gouvernement de la Grande île de l’Océan indien. L’ordre donné par les autorités malgaches de fermer seize écoles d’enseignement du Coran a révélé au grand jour le problème des dérives religieuses dans le pays.

Paul Rabary, ministre de l’Education, a ordonné la semaine dernière la fermeture de ces établissements qui imposent aux enfants de sexe masculin cinq heures d’apprentissage du Coran par jour. Ils ont également l’obligation de se raser la tête, rapporte Radio France international (RFI)  sur son site internet.

Pas de prosélytisme à l’école

Selon le ministre, la loi qui régit les écoles à Madagascar fait état d’une certaine souplesse, tout en respectant la laïcité. Une école ne doit pas servir à faire du prosélytisme. Le ministre malgache répondait aux critiques de dirigeants de la communauté musulmane. Il a ajouté que ses services ont procédé à des vérifications suite à de nombreuses plaintes de parents d’élèves, qui  commencent à s’inquiéter. Il aussi  rappelé qu’il y a plus d’une centaine d’écoles de confession musulmane à Madagascar. Les 16 écoles concernées devront fermer leurs portes à la fin de l’année scolaire ou régulariser leur situation, car elles ne respectent pas le programme scolaire officiel.

Pour Harona Moussa, premier responsable de la Communauté musulmane sunnite de Madagascar (CMSM), il s’agit d’un malentendu. «Nous sommes étonnés de la décision du ministre, parce qu’il n’y a pas de formation islamique dans ces écoles. Il y a des enfants qu’on forme à mémoriser le Coran, mais ça n’empêche pas qu’ils apprennent l’enseignement général. Il y a une incompréhension, et nous craignons que ce genre de chose crée des polémiques entre les religions».

Burqas et mentions ‘halal’ de plus en plus visibles

Au-delà de cette polémique se pose un  problème de fond: la présence imposante de l’islamisme à Madagascar, qui, selon le quotidien local L’Express  du dimanche 29 avril 2017, inquiète.  Cette crainte s’est exacerbée depuis l’annonce,  jamais démentie, de la délivrance par  le ministère de l’Intérieur, chargé aussi des cultes, de la délivrance à des promoteurs d’autorisations de construire pour 2’000 mosquées.

A cela s’ajoute, la présence de plus en plus en fortement remarquée dans les rues d’Antananarivo, la capitale, connue comme étant une ville peu musulmane, de femmes entièrement voilées, de la tête aux pieds. Elles sont visibles soit aux volants de voitures 4×4, à pied,  ou encore attendant un taxi. Les appellations «halal», qui désignent tout ce qui est autorisé par la charia, la loi islamique, sont de plus en plus visibles dans les établissements hôteliers rachetés ou nouvellement construits par de riches investisseurs musulmans à Analakely, au centre la capitale ou dans le quartier centrifuge d’Alarobia-Ankorondrano, toujours au centre de la capitale.

Il s’agit d’un  phénomène islamique nouveau auquel les Malgaches ne sont pas habitués, malgré plus d’un siècle de cohabitation avec les Karanes (ou Karana), ces riches commerçants indo-pakistanais chiites vivants dans le pays depuis la fin du 17e siècle. (cath.ch/rfi-lem/ibc/be)

 

 

 

Jacques Berset

Portail catholique suisse

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