Le cardinal Barbarin cité à comparaître

Le cardinal Philippe Barbarin et six autres personnes ont été citées à comparaître, le 23 mai 2017, devant le tribunal correctionnel de Lyon, annonce La Parole Libérée. L’association de victimes du prêtre pédophile Bernard Preynat poursuit l’archevêque de Lyon pour «non-dénonciation» d’abus sexuels.

La «non-dénonciation» des abus sexuels commis par ce prêtre entre 1978 et 1991 avait fait l’objet en août dernier d’un classement sans suite, rappelle le quotidien français La Croix. Près d’un an plus tard, dix victimes présumées du Père Preynat se sont constituées partie civile pour s’opposer à cette décision. Une citation directe à comparaître devant le tribunal correctionnel de Lyon a été délivrée le 23 mai. Sept personnes sont visées: le cardinal Philippe Barbarin, son directeur de cabinet Pierre Durieux ; Régine Maire, chargée à l’époque de la cellule d’aide aux victimes de prêtres ; le Père Xavier Grillon, alors vicaire épiscopal pour le Roannais ; Mgr Maurice Gardès, archevêque d’Auch ; Mgr Thierry Brac de la Perrière, évêque de Nevers ; Luis Ladaria Ferrer, enfin, secrétaire de la Congrégation pour la doctrine de la foi.

Les avocats de La Parole Libérée estiment être en mesure de démontrer que le délit de «non-dénonciation» des faits n’est pas prescrit, contrairement à l’analyse du procureur de la République de Lyon.

Le diocèse réagit

Dans un communiqué publié sur son site mercredi 24 mai, le diocèse de Lyon «regrette qu’une nouvelle action de justice ait été préférée à un dialogue, pourtant plusieurs fois proposé à La Parole Libérée«. L’évêché déplore «un acharnement qui se trompe de cible et qui disperse les énergies inutilement au regard de l’objectif commun: la lutte contre la pédophilie». Il rappelle également que la question de la prescription n’était pas la justification du classement sans suite rendu par les magistrats. Ces derniers avaient estimé, entre autres, que le cardinal Barbarin n’avait nullement entravé les démarches de la justice et que plusieurs des personnes mises en cause avaient déclaré avoir invité les plaignants à déposer plainte.


Rappel des faits

Le dernier fait de pédophilie connu, commis par le Père Preynat, était intervenu en 1991. Mgr Barbarin a été nommé archevêque de Lyon onze ans plus tard, en 2002. Informé par la rumeur publique en 2007/2008, il s’était entretenu avec le Père Preynat, soit 16 à 17 ans après les faits. Au cours de cet entretien, le Père Preynat avait reconnu une nouvelle fois son passé, mais assuré qu’aucun autre acte n’avait plus été commis depuis.

Mgr Barbarin a ensuite été contacté en juillet 2014, soit 23 ans après les faits, par une victime ayant constaté que le prêtre était toujours en fonction alors qu’elle pensait qu’il avait été mis à l’écart. La décision a été prise en 2015 de retirer le Père Preynat de sa paroisse. Elle est devenue effective à l’été 2015. En prenant la décision de laisser le Père Preynat en paroisse, alors qu’il n’existait aucune plainte contre lui, en 2007/2008, le primat des Gaules avait néanmoins consulté un spécialiste pour évaluer le risque de récidive, s’assurant qu’aucun fait nouveau n’ait surgi durant les 16 dernières années. Il avait en outre arrangé la supervision d’un autre prêtre dans la même paroisse pour éviter que le Père Preynat soit au contact d’enfants.

Pas de volonté d’entraver la justice

Le parquet de Lyon a confirmé que les autorités diocésaines avaient eu connaissance de soupçons visant le Père Preynat entre 2005 et 2010, mais que cette période était couverte par la prescription qui est de trois ans en matière de non-dénonciation.

Pour la période post-2014, le parquet a considéré qu’il n’y avait pas eu de volonté d’entraver l’action de la justice en cachant la vérité.

A la mi-mars 2016 à Lourdes, lors d’une assemblée des évêques de France, le cardinal Barbarin avait assuré n’avoir jamais couvert le moindre acte de pédophilie. «Je me sens dans l’obligation d’assumer tout le mal commis par quelques prêtres et de demander personnellement pardon», avait-il en outre déclaré lors de la messe chrismale du 23 mars 2016. (cath.ch/cx/rz)

Raphaël Zbinden

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