Fribourg: La pastorale en marche ?

Du vin nouveau dans des vieilles outres ? La partie francophone du canton de Fribourg dispose depuis quelques jours de nouvelles orientations pastorales, résultats d’une réflexion à partir d’un vaste sondage réalisé par une entreprise de conseil en management de Genève. Certes, des voix se font entendre pour dire que l’on ne fait là qu’enfoncer des portes ouvertes, et que la situation décrite est déjà bien connue…

L’exercice aurait-il donc été superflu? A l’évidence non, si ces orientations ne restent pas dans un tiroir. Elles doivent  être travaillées dans les décanats dès l’automne et donner lieu à une évaluation en mars 2018. Un point crucial, à mon avis, est soulevé à bon escient: la nécessité d’alléger les structures administratives de l’Eglise et de rappeler que les conseillers de paroisse ne sont pas propriétaires du produit de l’impôt paroissial: les biens matériels qu’ils gèrent sont d’abord au service de la pastorale. C’est bien de le rappeler! S’il faut économiser, ce n’est pas dans l’engagement social de l’Eglise qu’il faut le faire, mais éventuellement dans l’entretien des bâtiments.

Redynamiser une structure paroissiale qui a fait son temps

Nous ne devons pas rajouter de nouvelles activités encombrantes et chronophages, mais faire le tri et éliminer tout ce qui n’est pas fondamentalement utile à la mission de l’Eglise. Il faudrait oser parler ici de fusions de paroisses, pour élargir le bassin de recrutement des conseils de paroisse, afin de présenter au suffrage des paroissiens les personnes les plus adéquates. Dans trop de paroisses, ce sont toujours les mêmes qui sont aux commandes, parfois depuis des décennies, dissuadant des forces jeunes et dynamiques de s’engager. La routine tue et l’absence de créativité entraîne la mort lente de la communauté, d’où la nécessité de limiter la durée du mandat des conseillers de paroisse.

On me rétorquera que l’on ne trouve plus assez de personnes pour cette fonction, alors pourquoi décourager les bonnes volontés ? Il ne s’agit pas de «remercier» des conseillers de paroisse en fonction depuis des décennies et de les renvoyer comme des malpropres, mais de tenter de redynamiser une structure paroissiale qui a fait son temps. Il n’y a qu’à assister, un dimanche ordinaire, à la messe dans une paroisse de la campagne fribourgeoise comme la mienne: à part le chœur mixte, ce sont essentiellement des grands-parents qui peuplent les bancs du fond. Les jeunes et même les enfants sont absents.

Quand je fréquentais l’école communale, il y a plus d’un demi-siècle, l’église était pleine, les filles d’un côté, les garçons de l’autre, aux premiers rangs, et les parents derrière. L’après-midi, c’étaient les vêpres, les écoliers rangés en colonnes, avec l’instituteur ou l’institutrice pour faire régner l’ordre, et la justification de notre éventuelle absence obligatoirement apportée au curé le jeudi, jour du catéchisme… Pas question de retourner à cette époque où l’Eglise était – ou du moins semblait être – au milieu du village ! Pas de nostalgie!  On ne peut tourner la roue du temps à l’envers. La société a fondamentalement changé, sous beaucoup d’aspects pour le meilleur.

Dans notre monde postmoderne, non seulement la paroisse est à réinventer, mais toute notre pastorale. L’Eglise, au langage trop souvent hermétique et hors de la réalité quotidienne des fidèles, doit retrouver une capacité à communiquer l’Evangile dans le langage de ce temps. Nos paroisses renouvelées ne doivent plus être des lieux où les fidèles ne font que consommer ce qui vient d’en haut, mais au contraire des lieux où ils se sentent concernés par leur baptême, et agissent en conséquence. Jacques Berset | 08.06 2017

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