«Notre Dieu n’est pas celui des pesticides», affirme l'évêque brésilien Leonardo Steiner

Mgr Leonardo Steiner, secrétaire général de la Conférence nationale des évêques du Brésil (CNBB) a vivement critiqué l’usage massif de pesticides dans le pays.

En tant qu’ancien prêtre de la commune de São Félix do Araguaia, dans l’Etat du Mato Grosso du Sud, Mgr Steiner Mgr est particulièrement sensibilisé aux problématiques liées à l’agriculture. Le Mato Grosso du Sud est en effet durement touché par l’utilisation massive de produits phytosanitaires dans les monocultures de soja. L’évêque a ainsi critiqué ceux qui ne pensent pas au futur, mais seulement à l’argent. «Notre Dieu n’est pas le Dieu des pesticides», a déclaré l’évêque auxiliaire de Brasilia lors de la Rencontre des communicants du Réseau ecclésial panamazonien (REPAM). La réunion s’est déroulée du 6 au 11 juin 2017, dans la capitale brésilienne.

 L’Eglise au service de l’Humanité

Mgr Steiner a souligné l’importance des organismes rattachés à la CNBB comme le REPAM et la Conseil indigéniste missionnaire (CIMI), dans leur engagement à être les porte-voix des «riberinhos» (communautés vivant au bord des cours d’eau), et des indigènes et dans la lutte pour la sauvegarde de la biodiversité. «Avec la création du REPAM, l’Eglise a étendu sa préoccupation à l’ensemble de l’Amazonie. Elle a créé un réseau pour donner de la voix, pour créer une dynamique et se mettre à la disposition de l’humanité». Pour le prélat, l’Eglise a le devoir de se mettre au service des peuples de la forêt. Ces cultures ne peuvent pas disparaître.

«Les indigènes ne doivent pas disparaître»

Faisant référence à l’encyclique Laudato Si‘, dans laquelle le pape François évoque l’urgence de repenser la logique moderne de production, de consommation et la relation avec les cultures et la biodiversité, le secrétaire Général de la CNBB a évoqué le mode de vie des peuples de la forêt comme un exemple d’un autre monde possible. «Les peuples indigènes et les «riberinhos» ont leur propre mode de relation et de protection de la Terre Mère. Saint François d’Assise nommait les éléments de la nature «frères» et «sœurs». Ce saint et les indigènes nous ont appris à prendre soin de la Création. Nous devons respecter ces personnes et ne pas permettre qu’elles disparaissent».

Les peuples indigènes se mobilisent

Mgr Leonardo Steiner a également dénoncé les nombreuses attaques dont sont victimes les peuples indigènes du Brésil, que des propriétaires terriens tentent d’expulser de leurs terres ancestrales. Sans oublier la multiplication des commissions parlementaires destinées à réduire les droits des populations indigènes et à criminaliser ceux qui les accompagnent.

L’évêque a estimé que ces commissions étaient en fait des réactions des autorités brésiliennes face à la capacité de mobilisation des peuples autochtones. «Les indigènes s’organisent, prennent conscience de leur identité, de leur propre culture, et expriment des exigences à la société brésilienne. Ils ont surtout montré la nécessité de protéger la Terre et ça, ça a gêné beaucoup de monde!», a assuré Mgr Steiner.

Matopiba, la région de l’argent, pas de l’avenir

Le secrétaire général de la CNBB a en outre critiqué les actions de certains représentants de l’agrobusiness qui veulent transformer la «maison commune» en une matière à exploiter. Il a pris l’exemple du projet Matopiba, dans la vaste région du Cerrado, au centre et au nord-est du Brésil. Cette région de savane est présentée par les tenants de l’agrobusiness comme un nouveau secteur d’expansion agricole nationale. Le gouvernement entend ouvrir pleinement cette zone aux monocultures de soja et à l’élevage extensif de bétail.

«La région de Matopiba n’est considérée qu’en termes d’argent et d’exportation, a déploré Mgr Steiner. C’est un projet qui n’est pas pensé pour le Brésil, ni pour la personne humaine. Il ne respecte en rien les ressources en eau et les arbres». Pour le prélat brésilien, «cette initiative du gouvernement fédéral ne prend pas en compte le bien des générations futures». (cath.ch/jcg/rz)

 

Raphaël Zbinden

Portail catholique suisse

https://www.cath.ch/newsf/dieu-nest-celui-pesticides-affirme-leveque-bresilien-leonardo-steiner/