Nigeria: les fidèles opposés à Mgr Okpaleke persistent et signent

«Le Saint-Père est mal informé», estiment les prêtres et laïcs nigérians qui refusent la nomination de Mgr Peter Okpaleke à la tête de leur diocèse. Une prise de position qui fait suite à l’injonction ferme du pape François, qui les somme de reconnaître l’évêque choisi par Rome.

Dans ce contexte de tension, François demandait le 10 juin dernier à chaque prêtre du diocèse d’écrire une lettre pour demander pardon, pour affirmer son obéissance au pape et accepter effectivement l’évêque en titre avant le 9 juillet prochain.

Traités avec mépris

En réponse, les prêtres et fidèles réfractaires affirment ne pas être opposés à l’autorité du pape. Dans leur déclaration, relayée le 12 juin 2017 par le site d’informations Nigerian Current, ils estiment cependant que «le Saint-Père est mal informé et qu’il est temps de corriger l’injustice dont ils sont victimes».

Ils ont aussi indiqué déployer de grands efforts pour faire connaître leur situation au pape, mais soutiennent que les représentants ecclésiaux nigérians à Rome ne relaient pas leur point de vue au pape. «Cela porterait atteinte à leur crédit», estiment ceux qui s’opposent à la nomination de Mgr Okpaleke. «Les nombreuses correspondances que nous avons adressées à la Cité du Vatican à travers eux ont été traitées avec mépris», ont-ils dénoncé.

«Pourquoi aucun prêtre du presbyterium n’a été nommé pour prendre le contrôle et la direction du diocèse?», s’est interrogé le Père Augustin Ekechukwu, président des prêtres catholiques indigènes de la région de Mbaise. Selon lui, «le diocèse a besoin d’un évêque du presbyterium local, qui comprend son mode opérationnel et administratif».


Une situation tendue depuis 2012

Lors de la nomination de Mgr Ebere Okpaleke en 2012 par Benoît XVI, des laïques et des prêtres du diocèse ont refusé leur nouvel évêque au motif qu’il n’était pas issu de l’ethnie Mbaise comme l’était Mgr Victor Chikwe, mort en 2010 après avoir été le premier évêque du diocèse pendant presque 25 ans.

Tout en faisant partie du peuple Ibo, majoritaire dans le sud-est du Nigeria, Mgr Okpaleke, qui a effectué de brillantes études de droit canonique à Rome, vient en effet de l’Etat voisin d’Anambra. Selon ses détracteurs, il devait être possible de trouver parmi eux un prêtre ayant les qualités requises pour être évêque. La situation dans le diocèse était si tendue que le nouvel évêque a dû être ordonné dans le diocèse voisin d’Owerri et n’a, à ce jour, pas encore pu prendre possession de son diocèse.

Pour calmer le jeu, le pape François avait, dès juillet 2013, nommé le cardinal John Onaiyekan, archevêque d’Abuja et homme rompu aux dialogues difficiles, administrateur apostolique du diocèse. L’année suivante, le cardinal ghanéen Peter Turkson, alors président du Conseil pontifical Justice et paix, avait aussi été envoyé pour évaluer la situation sur place.

Le pape François est très attentif à ce que les questions ethniques ne viennent pas troubler la vie des diocèses, notamment en Afrique. Lors de sa visite au Kenya, en novembre 2015, il avait lancé un vibrant appel au refus du tribalisme lors d’un rassemblement avec des jeunes, invitant au contraire à un attachement à la patrie, à la nation.

En septembre dernier, recevant des évêques du monde entier en formation à Rome, il avait d’ailleurs mis en garde contre «les différences dues aux différents groupes ethniques d’un même territoire» qui, avait-il expliqué, «ne doivent pas pénétrer dans la communauté chrétienne». «L’Eglise est appelée à se mettre toujours au-dessus des connotations tribales et culturelles», avait-il prévenu. (cath.ch/nc/ibc/arch/pp)

Pierre Pistoletti

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