État-Unis: Les évêques toujours mobilisés pour les migrants

Les évêques nord-américains, réunis la semaine dernière à Indianapolis pour leur Assemblée Générale Ordinaire de printemps, ont dénoncé une nouvelle fois les politiques xénophobes de Donald Trump et se sont engagés à être plus proactifs dans la défense et l’appui d’une réforme compréhensive du système migratoire.

Durant cette semaine, le groupe de travail de l’épiscopat sur l’immigration a présenté un rapport sur les actions que l’Église des Etats-Unis a engagé en faveur des migrants et des réfugiés depuis l’élection de l’actuel président, en novembre 2016.

Mgr Joe Vásquez, l’évêque d’Austin, au Texas, et président de la commission des évêques sur l’immigration, a rappelé que l’objectif de l’Église nord-américaine est  «d’aller au-delà de la simple réaction aux diverses propositions négatives qui ont été faites ces derniers mois. Il faut également définir les thèmes prioritaires pour avancer de manière proactive.»

Mgr José Gomez, Archevêque de Los Angeles, a rajouté que les fréquents communiqués des évêques sur les diverses mesures que le président républicain cherche à mettre en pratique -comme la construction d’un mur à la frontière mexicaine ou le véto mis à l’entrée de réfugiés de pays à majorité musulmane- «ont aidé à obtenir un impact positif sur le dialogue public», concernant des ordres polémiques de l’Exécutif.

«La Maison Blanche tente de bloquer l’Église»

L’Archevêque de Santé Fé, Mgr John Wester, pour sa part, a critiqué la Maison Blanche pour ses tentatives -chaque fois plus intenses- de bloquer les initiatives des organisations catholiques de base qui cherchent à obtenir que chaque citoyen menacé de déportation ait accès à un accompagnement juridique, ou même un abri dans ce que l’on appelle les «églises sanctuaires», qui ouvrent leurs portes aux immigrés menacés d’expulsion par le nouveau président Donald Trump. «Nous savons que de nombreuses personnes qui peuvent être déportées vont devoir affronter, très probablement, la mort», a averti Mgr John Wester.

Mgr Jaime Soto, évêque de Sacramento, a néanmoins exprimé quelques réserves par rapport à ce mouvement des «églises sanctuaires» qui a pris beaucoup d’importance aux Etats-Unis, tant dans les temples catholiques que protestants. «Cette protection n’est pas celle dont ont besoin les migrants à long terme, a souligné le prélat. Il faut en effet qu’ils soient intégrés comme citoyens, frères et sœurs d’une seule et même société. Ce n’est donc pas une solution viable à long terme.»

Promouvoir la libre circulation des personnes

L’évêque de Kansas City, Mgr Joseph Naumann, a quant à lui signalé un autre problème associé aux «églises sanctuaires» pour les migrants sans papiers. «Comment devons-nous concilier notre appui aux migrants et nous être solidaires avec eux tout en comprenant les difficultés économiques que d’autres connaissent dans notre pays et leur donner un soutien?».

A cette interrogation, Mgr José Gomez, Archevêque de Los Angeles a proposé une possible réponse. «Il faut faire pression  sur le Président Donald Trump pour que, lorsque sera renégocié le Traité de Libre Échange de l’Amérique du Nord (ALENA), comme il a indiqué qu’il allait le faire, que soit incluse dans cet accord, une clause qui prévoit la libre circulation des personnes.»

Rapport d’Amnesty International

Mgr Robert McElroy, évêque de San Diego, a signalé pour conclure que, «même si, avec la présentation du rapport, s’achève une étape dans le travail du groupe d’évêques sur l’immigration, ce n’est pas le moment pour que l’épiscopat baisse la garde.» Le prélat appelle d’ailleurs à «entretenir le débat sur la question migratoire au sein de la société nord-américaine.»

La publication par l’Épiscopat américain de ce document sur la migration coïncide avec la publication, le 15 juin dernier, d’un rapport d’Amnesty International qui critique les gouvernements des Etats-Unis mais aussi du Mexique sur la crise des réfugiés à la frontière entre les deux pays. Le document, intitulé «face aux murs: violations des droits des demandeurs d’asile aux Etats-Unis et au Mexique» rappellent que des milliers de personnes, provenant pour l’essentiel d’Amérique Centrale, cherchent chaque jour à passer aux Etats-Unis, mais finissent pas être détenus et, dans de nombreux cas, déportés vers leurs pays d’origine.

150’000 migrants déportés

N’hésitant pas à évoquer «une catastrophe pour les droits humains», Amnesty International accable certes la politique migratoire de Donald Trump, mais pas seulement. Le Mexique est également montré du doigt. La preuve? Selon des statistiques officielles, le Mexique détenait, en 2016, 188 595 immigrants en situation irrégulière, dont 81% viennent d’Amérique centrale. Amnesty indique que 147 370 migrants ont été déportés la même année. Et Amnesty International de conclure: «Au lieu de leur offrir protection, le Mexique expulse ces personnes vers des situations extrêmement dangereuses.» (cath.ch/jcg/pp)

Pierre Pistoletti

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