Mozambique : L’Eglise catholique appelle à déclarer illégitimes des dettes cachées de l’Etat

L’Eglise catholique du Mozambique a lancé un appel aux institutions de la République compétentes, à déclarer illégale et illégitime une dette publique cachée, de plus d’un millard de dollars, contractée en 2013-2014, par l’ancien régime du président Armando Guebuza.

L’Eglise catholique estime que ces dettes cachées ont été contractées unilatéralement, illégalement et illégitimement. Dans un message publié le 5 juillet 2017 par le quotidien local «O pais», la Commission justice et paix de la Conférence épiscopale du Mozambique, tient pour responsables ceux qui ont contracté ces dettes. «Nous ne pouvons pas laisser le peuple mozambicain dans la misère prendre en charge la responsabilité de payer des dettes contractées en son nom, de manière illégale et anticonstitutionnelle», souligne la déclaration.

Des emprunts effectués par des sociétés liées à l’Etat

Selon un document de l’agence de presse du Mozambique (AIM) de juin 2016, cette dette est constituée de prêts garantis par le gouvernement auprès du Crédit Suisse et de la banque russe VTB. Elle a été contractée par trois grandes entreprises du pays:  EMATUM (Mozambique Tuna Company) et Proindicus, et MAM (Mozambique Asset Management, pour fournir des services de sécurité maritime. L’Etat mozambicain est actionnaire de chacune de ces sociétés. Il détient 33% d’EMATUM, 50% de Proindicus et 98% de MAM.

Les trois prêts représentent plus de deux milliards de dollars américains. A l’époque, seul le prêt EMATUM, pour 850 millions de dollars, négocié sur le marché obligataire européen, avait  été déclaré publiquement. En revanche, ceux accordés à Proindicus, d’un montant de 622 millions de dollars, et à MAM, pour 535 millions de dollars, ont été tenus secrets. Ni la population, ni les partenaires internationaux du pays, dont le Fonds monétaire international FMI, n’en ont été informés. L’affaire a été révélée en avril 2016, poussant le FMI et quatorze autres bailleurs de fonds à suspendre leur appui budgétaire au gouvernement mozambicain.

Ces deux prêts non divulgués ont augmenté le volume de la dette totale du Mozambique. A fin de l’année dernière, elle atteignait ainsi 86% du Produit intérieur brut (PIB) soit plus de deux fois le plafond de 40% recommandé par le FMI.  (cath.ch/ibc/mp)

Maurice Page

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