Hosties sans gluten: les raisons de l'interdiction

«Les hosties totalement privées de gluten sont une matière invalide pour la célébration de l’Eucharistie», affirme la Congrégation pour le culte divin, dans une lettre publiée le 8 juillet 2017. Une déclaration formelle qui se fonde sur la compréhension de ce qui, pour l’Eglise, constitue du pain. Mais aussi sur la place particulière de l’Eucharistie dans l’organisme sacramentel catholique.

Il est des domaines où le code de droit canon – l’ensemble des lois et des règlements adoptés par les autorités catholiques pour le gouvernement de l’Église et de ses fidèles – laisse une place franche à l’interprétation, en fonction du contexte socio-culturel dans lequel s’inscrit l’Eglise. Ce n’est pas le cas de l’Eucharistie, où le texte de loi spécifie les détails qui déterminent la validité du sacrement.

La place éminente de l’Eucharistie

Ainsi, le canon 924 précise que «Le très saint Sacrifice eucharistique doit être offert avec du pain et du vin auquel un peu d’eau doit être ajouté. Le pain doit être de pur froment et confectionné récemment en sorte qu’il n’y ait aucun risque de corruption. Le vin doit être du vin naturel de raisins et non corrompu.»

Autant de précisions liées notamment à la place éminente de l’Eucharistie qui constitue la source et le sommet de tout l’organisme sacramentel catholique. Pour l’Eglise, l’Eucharistie n’est pas d’abord un acte du Christ, comme celui de pardonner les péchés dans le sacrement de la réconciliation, mais elle est le Christ lui-même. Ainsi, tous les autres sacrements procèdent de l’Eucharistie comme de leur source. Et tous y conduisent.

Le concile de Trente – sommet de la contre-réforme catholique – a adjoint trois adverbes pour qualifier la présence du Christ dans l’Eucharistie: «vraiment, réellement, substantiellement». Lors de la consécration du pain et du vin, leur aspect empirique demeure, mais leur substance se transforment en corps et sang du Christ. Il s’agit de ce que l’Eglise appelle la «transsubstantiation».

Du pain, c’est quoi?  

Une transformation qui a pour condition indispensable du pain et du vin, puisque l’Evangile mentionne ces éléments (cf. Mt 26,26-29; Mc 14,22-25; Lc 22,15-20). L’enjeu est donc ici de savoir ce qu’est du pain. Prosaïquement: de la farine et de l’eau. Mais qu’est-ce que de la farine? Pour la Congrégation pour le culte divin, il n’y a manifestement pas de farine sans un minimum de gluten, donc pas de pain sans ces protéines et donc, in fine, pas de Corps du Christ sans gluten au préalable.

Dans sa lettre adressée aux évêques, la Congrégation pour le culte divin précise que «sont, par contre, matière valide, les hosties partiellement privées de gluten et celles qui contiennent la quantité de gluten suffisante pour obtenir la panification, sans que l’on y ajoute des matières étrangères et qui n’ont pas été confectionnées selon des procédés susceptibles de dénaturer la substance du pain.»

En revanche, «la matière eucharistique préparée avec des organismes génétiquement modifiés peut être considérée [comme] une matière valide», toujours selon la même Congrégation. Il faut donc en déduire que les OGM n’empêcheraient pas un pain d’être un pain, contrairement à l’absence de gluten.

Que reste-t-il donc pour un catholique intolérant au gluten? Il peut, selon les dispositions du droit canon (can. 925), communier seulement sous l’espèce du vin et recevoir ainsi la grâce du sacrement. Une solution existe aussi pour un catholique intolérant au gluten et qui, pour une raison ou une autre, souhaite s’abstenir d’alcool. Selon la Congrégation, «Le moût c’est-à-dire le jus de raisin, frais ou conservé, dont on suspend la fermentation grâce à des procédés qui n’en altèrent pas la nature, est une matière valide pour l’Eucharistie». (cath.ch/pp)


Voir aussi: la Lettre circulaire aux Evêques sur le pain et le vin pour l’Eucharistie

Pierre Pistoletti

Portail catholique suisse

https://www.cath.ch/newsf/hosties-gluten-raisons-de-linterdiction/