Interdiction des armes nucléaires: le Saint-Siège salue un pas «très important»

Par la voix de Mgr Silvano Tomasi, secrétaire délégué du Dicastère pour le service du développement humain intégral, le Saint-Siège a salué, le 10 juillet 2017, le projet de traité d’interdiction des armes nucléaires, adopté par les Nations Unies le 7 juillet dernier.

Le traité, adopté par 122 pays, devra encore être ratifié à partir du 20 septembre, et entrera en vigueur à condition que 50 pays y adhèrent. Le texte prévoit l’interdiction des armes nucléaires, qui étaient jusqu’à présent la seule arme de destruction massive non-interdite.

USA et OTAN veulent conserver la bombe atomique

Les puissances nucléaires comme les Etats-Unis et les pays de l’OTAN n’ont cependant pas participé au vote. Pour ces pays, ces objectifs sont «naïfs» et impossibles à atteindre, surtout au regard de la menace nucléaire en Corée du Nord.

«Il est certain que la décision de voter un tel traité peut être considéré comme idéaliste par ces pays qui possèdent la bombe atomique», a répondu Mgr Tomasi. Il s’agit toutefois d’un pas «très important» et nouveau en faveur de la paix.

Le pape François appelle à «dépasser la dissuasion nucléaire»

L’objectif, selon lui, est de créer une «mentalité», afin que chaque pays ait conscience que sa sécurité dépend non pas de la bombe atomique, mais du fait «qu’aucun pays ne la possède». Pour le prélat, la dissuasion nucléaire par l’équilibre des armes atomiques n’a plus lieu d’être depuis la fin de la guerre froide.

Le 28 mars dernier, le pape François avait envoyé un message à la conférence de négociations de ce traité. Il appelait à «dépasser la dissuasion nucléaire», estimant qu’une «stabilité basée sur la peur» n’était pas durable.

Rêve d’un monde sans armes atomiques

La veille du vote de l’Assemblée générale de l’ONU d’un traité interdisant les armes atomiques, les évêques européens et américains ont lancé un appel appuyant les efforts des Nations Unies, rapporte Radio Vatican. Dans une déclaration conjointe, les membres des conseils Justice et Paix des Etats-Unis et d’Europe ont exprimé leur opposition au développement des arsenaux nucléaires et ont indiqué un certain nombre de mesures pour parvenir à un monde sans ce type d’armes.

Vendredi 7 juillet, 122 pays ont signé un texte qui préconise une interdiction totale du développement, du stockage et de la menace d’utilisation d’armes nucléaires. Le traité, négocié pendant trois semaines, a été porté par l’Autriche, le Brésil, le Mexique, l’Afrique du Sud et la Nouvelle-Zélande. Il sera ouvert à la ratification à partir du 20 septembre prochain et entrera en vigueur après sa signature par au moins cinquante Etats. Il ne s’appliquera qu’aux Etats signataires.

Les puissances nucléaires refusent de signer

Tous les pays détenteurs de l’arme atomique, les Etats-Unis, la Russie, la Chine, la France, le Royaume-Uni, l’Inde, le Pakistan, Israël et la Corée du Nord, ont refusé de participer à ce processus. Selon Washington, Londres et Paris, «cette initiative ignore clairement les réalités de l’environnement sécuritaire international». Dans leur opposition, ils ont entrainé les pays membres de l’OTAN. Les Pays-Bas sont cependant les seuls à avoir pris part au vote, mais pour dire non.

Cette opposition réduit du coup la portée du traité, essentiellement symbolique, déplore Radio Vatican. Mais le secrétaire général des Nations Unies, Antonio Guterres veut y voir une étape importante vers un monde sans nucléaire. Le traité reflète la prise de conscience grandissante des conséquences humanitaires d’une guerre nucléaire, estime-t-il.

Evêques américains et européens contre l’armement atomique

Les évêques catholiques américains et des pays européens, dont les Etats se sont opposés au texte d’interdiction de l’armement atomique, ont donc décidé d’entrer dans le débat pour rappeler avec force l’opposition de l’Eglise à ce type d’armes extrêmement destructrices.

Au-delà du rappel des prises de position sur ce sujet du pape François, ils ont présenté certaines mesures qui pourraient aider à construire un monde sans arme nucléaire. Ils préconisent ainsi de renforcer les mécanismes de sauvegarde et de contrôle aux niveaux militaire, diplomatique et politique.

Il s’agit notamment de développer et d’appliquer des mesures approfondissant la confiance mutuelle à tous les niveaux  et de ne plus s’appuyer sur la dissuasion nucléaire en matière de stratégie de sécurité nationale et internationale. Les évêques préconisent de trouver des alternatives se concentrant sur la sécurité et la paix et de s’engager dans un débat ayant pour but de promouvoir les conditions pour un monde sans armes nucléaires. (cath.ch/imedia/radvat/be)

 

Jacques Berset

Portail catholique suisse

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