Vous avez semé
Mais malheureusement nous mesurons aussi combien nos paroles peuvent tomber dans un cœur qui ne veut pas s’ouvrir à l’amitié, au partage.
Je me souviens de la parole de cette grand-maman qui me disait, à la sortie d’une célébration de la confirmation : « tous ces jeunes qui viennent d’être confirmés, on ne les reverra plus à l’église. Et, dans ma propre famille, mes petits enfants ne sont même pas baptisés ».
Je me suis permis de répondre : oui, c’est vrai, mais même s’ils ne viennent plus le dimanche, même si vos petits enfants ne sont pas baptisés, vous avez semé. Et ce que vous avez semé est précieux.
Savoir accueillir ce qui pousse
Il en va de même avec la Parole de Dieu. Si nous sommes là aujourd’hui dans cette basilique, si vous continuez d’écouter la retransmission de cette eucharistie par les ondes, c’est certainement que la parole de Jésus a donné des fruits en nous.
La semence a tout ce qu’il faut en elle pour porter des fruits, mais elle doit naturellement tomber dans de la bonne terre…
Qu’avons-nous donc à faire ? Notre mission de chrétiennes et de chrétiens, c’est d’être attentifs à la terre et savoir accueillir ce qui pousse.
La terre, ce sont les personnes que nous rencontrons dans le monde qui est le nôtre. Nous devons nous adapter à ce qui fait le monde aujourd’hui.
Dire la Parole dans le monde d’aujourd’hui
Le Christ lui-même a su dépasser le passé pour dire sa Parole dans le monde qui était le sien : il a dénoncé des injustices, il s’est révolté contre les puissances, il s’est approché de celles et ceux qui étaient méprisés par les gens et la loi.
Lorsque nous voulons annoncer la Parole du Christ, est-ce que nous sommes prêts à nous ajuster aux personnes à qui nous adressons notre message ? En n’oubliant pas, à la suite de l’évangile de ce jour, que parfois les conditions sont difficiles, voire impossibles et que, de certains sols, il ne peut rien sortir…
Être prêts à accueillir une forme d’Église inattendue
En rejoignant les participants à la Semaine romande de musique et de liturgie, je me pose la question de savoir si nous n’avons pas tendance parfois à trop nous pencher sur le passé : ah, le temps des chorales paroissiales où il y avait du monde… et puis, vous savez, on chantait tous les dimanches et les jours de fête… quelle époque idéale ! J’ai entendu cela cette semaine… avec dans les yeux et dans le cœur un regret qui ne donnait que peu de chance à l’avenir…
Aussi je nous pose aujourd’hui la question : sommes-nous prêts à accueillir une forme d’Eglise nouvelle et inattendue qui surgira de la Parole semée ?
Si nous répondons « oui », alors je vois trois conditions pour que, de nos liturgies, surgisse une Parole semée :
que vos chants annoncent Jésus-Christ
que vos musiques aident vos frères à prier
que vos assemblées soient signe d’espérance
15ème dimanche du temps ordinaire, A – Semaine romande de musique et de liturgie
Lectures bibliques : Isaïe 55, 10-11; Psaume 64, 10abcd, 10e-11, 12-13, 14; Romains 8, 18-23; Matthieu 13, 1-23