A Lourdes, pour un pèlerinage difficile mais si gratifiant au service des malades

Trois jeunes Romandes passent leur premier pèlerinage à l’accueil, au service des malades. A Lourdes, les journées sont denses, parfois difficiles, mais si gratifiantes. La fatigue n’efface pas la générosité des malades qui leur transmettent la force trouvée dans la souffrance.

«J’appréhende le moment de me séparer des malades dans la salle de transit de l’accueil. Ca va être dur… après une telle semaine passée ensemble! S’ils nous disent ‘A l’année prochaine!’ et ont de la peine, on peut se dire que nous avons réussi notre mission», résume Pauline. Larissa et Léa acquiescent. Nous sommes déjà à la veille du départ. Le temps passé aux côtés des malades file vite. Une semaine à les servir au réfectoire midi et soir, cela crée des liens.

Sans précipitation, elles aident à découper le melon, dressent les assiettes en respectant scrupuleusement les souhaits des résidents de l’Hospitalité. Aller-retours incessants entre la cuisine et la salle rythment un service entièrement dédié aux malades, de l’entrée jusqu’au café qu’elles préparent «avec ou sans sucre? Avec ou sans crème?»

Des journées denses

Chacune des filles s’est vue attribuer une ou deux tables. Avec l’équipe du réfectoire, elles servent 49 personnes. Les pèlerins plus lourdement handicapés prennent leur repas dans une pièce attenante à la grande salle. «Cela inclut également la mise de la table, le débarrassage et le nettoyage», précise Larissa. Pauline ajoute les coups de main donnés pour le déjeuner du premier jour et pour la vaisselle quand il manque de monde. Mardi, elles ont participé au lever des résidents en guise d’initiation. Elles viendront encore boucler les bagages des pèlerins malades et participer au nettoyage des chambres. Le ton n’est pas à l’exploit, l’énumération sonne comme une évidence: elles sont venues à Lourdes pour être au service des malades.

Du groupe des ados à l’hospitalité

Léa et Pauline, 17 ans, originaires du canton de Fribourg sont amies de longue date. Elles ont fait la connaissance de Larissa, une Valaisanne de 18 ans, lors des pèlerinages précédents. Emploi du temps oblige, le trio est inséparable. «Nous sommes une bonne équipe et nous nous entendons bien». Toutes les trois ont vécu leur premier «Lourdes» avec le groupe des ados, il y a trois ou quatre ans, encouragés par leur entourage familial, les grands-parents en particulier. 2016 fut l’année de la transition: une semaine partagée entre le réfectoire et la vie en groupe, leur a permis de découvrir ce service et de s’y consacrer pleinement cette année.

Une seconde famille

Ce pèlerinage est aussi une belle occasion d’éprouver leur vocation. Léa veut devenir infirmière, Pauline se destine au domaine de la santé communautaire. Larissa évoque également une carrière dans la santé mais ne s’est pas déterminée. De l’envie à la pratique, il y eut un pas à franchir. «La première année a été un peu compliquée, je me suis beaucoup questionnée sur l’injustice de la maladie, admet Léa. Ils vivent avec la maladie, affrontent la douleur quotidiennement pour vivre le plus normalement possible. En fait, ils ont une grande force… qu’ils nous transmettent», constate-t-elle. Elle évoque les sourires, les mots affectueux qu’elle reçoit comme une grande reconnaissance. Petite, Larissa avait peur des personnes handicapées: «Avec Lourdes, c’est passé».

«Nous avons beaucoup partagé avec les malades. Nous les connaissons bien puisque nous les servons aux repas». Les résidents, parmi lesquels se trouvent les aînés qu’elles considèrent comme des grands-parents de cœur, sont une seconde famille avec laquelle elles partagent des moments forts. Elles les conduisent à la grotte, aux messes, aux processions. Autant de moments de prière durant lesquelles elles veillent attentivement sur eux. «Nous vivons les célébrations à travers les malades».

Des journées denses

Les jeunes finissent leur repas, calmes, fatiguées par des journées denses qui commencent à 7 heures du matin, se terminent à 20 heures et qui s’enchaînent jusqu’au départ des malades, le vendredi. Fabienne, leur référente, s’est invitée à la table du trio. Elle ne résiste pas plus de quelques secondes avant de louer le travail des jeunes. Les filles remercient poliment pour les compliments et surtout pour la générosité avec laquelle elles ont été intégrées dans l’équipe. «C’est normal! Ces jeunes sont très précieuses pour le pèlerinage. Nous ne serons pas éternels, c’est la relève!», justifie Fabienne qui mentionne, au-delà de l’accueil, les services rendus par les ados du pèlerinage, entre autres, au transport.

Beaucoup de jeunes viennent une fois ou deux puis on ne les revoit plus. L’équipe a donc tout fait pour «soigner ces 1ère année» qui semblent s’engager sur la durée. Elles ne pensent pas essayer de convaincre des amis de venir travailler à l’accueil. Du moins pas lors d’un premier pèlerinage. Trop délicat. »Je comprends que certains appréhendent de s’occuper de personnes handicapées, reconnaît Larissa, mais nous ne sommes pas obligées d’effectuer une tâche si ne nous sentons pas de la faire». Elle insiste sur la graduation du travail… et la générosité des malades.

Fabienne a sorti son bloc pour faire le point de la situation avec le trio. Dernière question: que faites-vous quand vous rentrez en Suisse? «On dort! Et les jours suivants, on ressent un vide». (cath.ch/bh)

Bernard Hallet

Portail catholique suisse

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