France: l'unique centre de déradicalisation islamiste va fermer

L’unique centre de déradicalisation islamiste en France, ouvert à titre expérimental en septembre 2016, va fermer, a annoncé le 28 juillet 2017 le ministre de l’Intérieur Gérard Collomb.

Selon le ministre, l’expérience ne s’est pas révélée concluante.»L’expérimentation d’un centre d’accueil ouvert, fonctionnant sur la base du volontariat, a montré ses limites», a-t-il déclaré dans un communiqué relayé par l’AFP. Le gouvernement a ainsi décidé de fermer le centre situé à Pontourny, dans l’ouest de la France.

Pas un abandon de la politique de déradicalisation

Ouvert en septembre 2016, le centre d’une capacité de 25 personnes n’accueillait plus aucun pensionnaire depuis février. Il n’a au total accueilli que neuf personnes et aucun d’entre eux n’a suivi le programme jusqu’à son terme, souligne le ministère.

Gérard Collomb a souligné que cette fermeture ne signifiait pas pour autant l’abandon de la politique de prise en charge des personnes radicalisées.

Le gouvernement étudiera la possibilité d’ouvrir des structures de petite taille pour y développer des solutions alternatives à l’incarcération.

Un rapport sénatorial publié le 12 juillet critiquait sévèrement la politique de déradicalisation menée en France et demandait notamment la fermeture du centre de Pontourny.

L’interpellation d’un pensionnaire du centre, en janvier 2017, s’était révélée embarrassante pour les organisateurs du centre. L’homme avait tenté de se rendre dans la zone syro-irakienne pour se battre aux côtés de Daech. Or le centre de Pontourny n’était censé accueillir que des jeunes n’ayant jamais tenté de devenir des combattants du djihad.

Des pistes prometteuses existent

Le politologue et spécialiste de la propagande djihadiste Asiem el Difraoui estime dans le quotidien La Croix que la prise en charge collective des extrémistes, que ce soit dans un centre ou dans un quartier dédié en prison, est problématique.

Il note cependant qu’il existe des pistes prometteuses. Certaines portent sur les personnes qui se sont radicalisées extrêmement rapidement, sans avoir aucune notion sur l’islam. D’autres, au contraire, sur les profils de «radicalisation» lente et donc sur les liens entre salafisme et djihadisme.

Appel à un débat national

Asiem el Difraoui salue aussi le fait que les chercheurs de différentes disciplines communiquent plus entre eux que par le passé. «On comprend donc mieux le phénomène qu’il y a trois ans, même si ce n’est pas encore suffisant», souligne le politologue. Il exhorte à s’inspirer encore plus de ce qui se fait à l’étranger. il appelle également à un grand débat national sur la question. (cath.ch/afp/cx/rz)

 

Raphaël Zbinden

Portail catholique suisse

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