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Appel d’Amnesty International à l’occasion du 1er mai
Triste record pour la Colombie
Londres/Berne, 29avril(APIC) Amnesty International (AI) lance un appel
aux gouvernements dans le monde pour protéger les syndicalistes. L’organisation entend faire du 1er mai prochain une journée de solidarité avec les
syndicalistes victimes de la répression. Une campagne ciblée en faveur de
huit d’entre eux dans huit pays. Dans la seule Colombie, 217 syndicalistes
ont été tués entre août 1992 et août 1993.
Depuis plusieurs dizaines d’années, les syndicalistes sont victimes dans
le monde entier d’assassinats, de « disparitions », d’arrestations arbitraire
et de menaces de mort imputables aux forces de sécurité. AI lance à l’occasion du 1er mai une action internationale centrée sur le cas de huit syndicalistes, originaires du Bénin, de Chine, de Colombie, de Haïti, d’Indonésie, du Maroc, de Turquie et du Tchad. L’organisation appelle tous les gouvernements à protéger les syndicalistes contre les persécutions qui leur
sont infligées uniquement pour avoir défendu les droits des ouvriers.
Dans bien des pays, le seul fait d’appartenir à un syndicat de travailleurs agricoles peut mettre la vie d’un individu en danger. En Colombie,
les syndicalistes, tant dans les villes que dans les campagnes, sont victimes d’exécutions extrajudiciaires, de « disparitions » et de manoeuvres d’intimidation imputables aux forces armées et aux groupes paramilitaires. Selon une organisation de défense des droits de l’homme, 217 syndicalistes
ont été tués en Colombie entre août 1992 et août 1993.
L’an dernier, alors que les célébrations du premier mai se terminaient
dans l’Etat brésilien de Para, un assassin a abattu Arnaldo Delcidio Ferreira, président d’un syndicat de travailleurs agricoles brésiliens, sous
les yeux de son fils âgé de 17 ans. Le syndicaliste avait déjà subi trois
tentatives d’assassinat. Sa mort porte à 23 le nombre de dirigeants de syndicats de travailleurs assassinés au Brésil depuis trois ans.
Détenu depuis près de trente ans
Selon AI, les tueurs sont souvent des membres des forces de sécurité recrutés par des propriétaires terriens pour éliminer des paysans ou leurs
représentants impliqués dans des litiges fonciers ou des conflits du travail. Un propriétaire arrêté à la suite de l’assassinat de Ferreira a été
relâché; il est entré dans la clandestinité.
Plusieurs centaines de personnes, dont un certain nombre de syndicalistes, ont « disparu » au Maroc depuis 1963. Bon nombre d’entre elles seraient
encore en vie et maintenues en détention secrète. Abdelhaq Rouissi, membre
de l’Union marocaine du travail, a « disparu » le 4 octobre 1964, soit depuis
plus de 29 ans. Selon des informations parvenues à AI, il serait toujours
en vie. Son état de santé se serait dégradé.
Dans des pays comme la Chine, le simple fait de tenter de créer un syndicat indépendant peut entraîner une arrestation suivie d’emprisonnement.
L’épouse de Liu Jingsheng et sa fille âgée de 10 ans ne l’ont pas revu depuis près de 2 ans. Il a été arrêté par la police de Beijing le 1er juin
1992 pour son appartenance à une organisation qui appelait les ouvriers à
créer des syndicats indépendants. Il est détenu depuis cette date sans inculpation ni jugement.
Des pays de toutes les régions du monde font régulièrement passer la
croissance économique avant le respect des droits de l’homme. « Les droits
des ouvriers entrent souvent en conflit avec les intérêts économiques des
gouvernements », fait remarquer AI. En Indonésie, l’intervention des militaires dans les conflits du travail entraîne fréquement l’arrestation de
militants, auxquels sont infligés des mauvais traitements voire des tortures. Le 11 février dernier, au moins 19 syndicalistes ont été interpellés à
la veille d’une grève générale, simplement en raison de leurs activités non
violente.
Dans les pays déchirés par la guerre, les syndicalistes sont souvent
pris pour cibles dans le cadre d’une répression plus générale. M’Bailao Mianbe et deux passants ont été abattus le 26 juin 1993 par des militaires
tchadiens. Cet homme avait organisé une série de grève nationales pour protester contre les mesures gouvernementales d’austérité et soutenir les
fonctionnaires qui n’avaient pas été payés.
Pour l’application des conventions de l’OIT
En Turquie, Munir Ceylan, président du syndicat des ouvriers du pétrole,
a été arrêté pour avoir suscité « l’inimitié et la haine ». On lui reproche
d’avoir rédigé un article dans la presse, dans lequel il appelait les ouvriers à faire tout leur possible pour mettre un terme aux violences dans le
pays. Cet homme commencera en juin prochain à purger une peine de 20 mois
d’emprisonnement. Il est considéré comme un prisonnier d’opinion.
AI exhorte les gouvernements à ratifier et surtout à mettre en application les conventions de l’Organisation internationale du travail (OIT) des
Nations Unies relatives à la liberté d’association. « Les gouvernements sont
responsables des persécutions infligées aux syndicalistes, ce sont eux qui
doivent intervenir pour y mettre un terme », conclut AI. (apic/com/pr)
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