L’Afrique aux urnes

Le calendrier électoral africain réserve parfois des surprises. Alors que le Sénégal vient de voter pour les élections législatives, le Rwanda et le Kenya vont élire leur président ces prochains jours.

Les jeux semblent faits au Rwanda. Le président Paul Kagame est certain de prolonger son mandat. Ce serait le troisième pour l’ancien rebelle tutsi, porté au pouvoir après les massacres de 1994. Au bénéfice d’un essor économique retrouvé, l’homme fort du pays ne craint pas son seul rival, un écologiste qui fait plus figure d’épouvantail que de concurrent. Car Kagame a dégagé le terrain. Pas de réelle opposition dans le pays. Et à l’étranger où certains adversaires se sont réfugiés, des décès étranges sèment le doute sur leur sécurité.

Au Kenya, un message de la Conférence des évêques publié le 28 juillet jette une lumière crue sur des élections très disputées. «Paix, paix, paix», insistent les prélats. Car les troubles liés au processus électoral font craindre le pire. Le président Uhuru Kenyatta et son opposant Raila Odinga sont comme des lions prêts au combat. Un diplomate installé à Nairobi, cité par Le Monde, indique qu’»on se prépare au scénario du pire». Un combat personnel et explosif entre le fils du premier président kenyan d’après l’indépendance et le fils de son vice-président de l’époque. Par ailleurs, le pays reste sous le choc des élections présidentielles de 2007, opposant Raila Odinga, déjà, au président Kibaki. Le choc avec des résultats serrés avait provoqué la mort de plus de 1000 personnes et le déplacement d’un demi-million de Kenyans.

Aujourd’hui, les évêques appellent les candidats à la sobriété et la jeunesse à ne pas verser dans la violence. Enfin, les médias sont pointés du doigt et priés de rester objectifs, en créant un environnement pacifique. Car les oppositions tribales servent de combustible à des débordements craints par tous.

Les élections africaines servent souvent d’indicateur sur la vitalité démocratique d’un pays. A cet égard, le Rwanda, pays «calme» après un génocide ahurissant, est-il mieux loti que le Kenya, pays à la démocratie bouillonnante, mais fragile? Comparaison n’est pas raison. En Afrique comme ailleurs.

 

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