A-t-on besoin d'un «Fukushima agricole»?

En plein scandale des œufs contaminés, le théologien et zoologiste Rainer Hagencord appelle à repenser nos modes d’agriculture actuels. A-t-on besoin pour agir d’un «Fukushima agricole»?, s’est-il demandé, le 8 août 2017, sur le média allemand «Domradio».

La tension monte, en ce début août, autour du scandale des œufs contaminés à l’insecticide fipronil. 5 pays sont désormais touchés par cette contamination qui a débuté en Belgique.

Dans ce contexte de méfiance alimentaire, Rainer Hagencord met en cause nos systèmes de production agricole industriels. «Concernant l’énergie atomique, un secteur également gravement en crise, nous avons eu besoin de cet horrible événement au Japon pour remettre en question relativement rapidement un système tout entier», affirme Rainer Hagencord. «Un système dont on pensait auparavant ne pas pouvoir se passer».

Plus de pression des consommateurs?

Pour le théologien, l’élevage industriel relève de la même problématique. Ce type d’industrie «ne produit que des perdants», estime le directeur de l’Institut de zoologie théologique de Münster. Parmi les perdants, on trouve les agriculteurs, les employés des abattoirs, ainsi que le sol, le climat, et la dignité des animaux. «Les gagnants sont les industries de la viande et des produits pharmaceutiques», affirme Rainer Hagencord dans l’interview à Domradio. Selon lui, la politique ne traite jamais les problèmes à fond. Elle agit après que les scandales aient éclaté, en disant: «Tout ne va pas si mal et tout revient sous contrôle». Il souhaite ainsi que les consommateurs exercent plus de pression sur les politiciens.

Et si les diocèses produisaient des œufs et de la viande?

Dans son encyclique Laudato Si’, le pape François parle de la valeur intrinsèque des autres créatures, rappelle le théologien allemand. «Cela vaut évidemment aussi pour les dindes, les porcs, les poulets et les bovins». Les Eglises devraient également repenser leur position sur ce point et intégrer plus fortement la thématique dans le domaine religieux, juge-t-il. Les diocèses et les paroisses pourraient ainsi proposer des produits agricoles écologiques et durables. «Cela ne serait pas seulement le signe d’une prise de conscience, mais pourrait également mettre quelque chose en mouvement au niveau de la société». (cath.ch/kna/ag/rz)

Raphaël Zbinden

Portail catholique suisse

https://www.cath.ch/newsf/a-t-on-besoin-dun-fukushima-agricole/