Le «pasteur de Trump» estime que le président a le «droit divin» d'atomiser la Corée du Nord

Le pasteur américain Robert Jeffress, proche de Donald Trump, a jugé que ce dernier avait reçu de Dieu l’autorité d’atomiser la Corée du Nord. Un prêtre catholique influent exprime son désaccord.

« Les Ecritures saintes donnent aux dirigeants tout pouvoir d’user des moyens nécessaires – y compris la guerre – pour stopper le mal », a affirmé le 10 août 2017 Robert Jeffress, sur la chaîne de télévision américaine CBN. « Dans le cas de la Corée du Nord, Dieu a donné à Donald Trump l’autorité de démettre Kim Jong Un », a-t-il ajouté.

Le pasteur baptiste fait partie du cercle d’influence du président. Il a d’ailleurs présidé la cérémonie religieuse qui a précédé son investiture, le 20 janvier 2017. Le télévangéliste texan est connu pour ses déclarations homophobes, anti-musulmanes et anti-catholiques. Il avait qualifié en 2010 l’Eglise catholique de « génie de Satan ».

L’Eglise contre la bombe atomique

Les propos de Jeffress ont provoqué beaucoup de réactions indignées aux Etats-Unis. Le prêtre catholique américain Joshua Whitfield a notamment souligné que la position de Robert Jeffress résultait d’une « grossière incompréhension des Ecritures », rapporte l’agence américaine Catholic News Agency (CNA).

« Non, Dieu n’a pas donné à Trump l’autorité pour atomiser la Corée du Nord« , a-t-il répondu dans la tribune du quotidien Dallas Morning News. Il a rappelé que les dirigeants catholiques, dont les évêques américains et le pape François, appelaient régulièrement à l’élimination des armes nucléaires. Les précédents papes de l’ère atomique se sont également opposés à ce type d’armement à maintes reprises.

Mauvaise interprétation de la Bible

Le Père Whitfield a souligné que la position du pasteur Jeffress provenait d’une mauvaise interprétation du chapitre 13 de la Lettre de Paul aux Romains. Le texte dit: « Que toute âme soit soumise aux autorités supérieures; car il n’y a point d’autorité qui ne vienne de Dieu, et celles qui existent ont été instituées par lui. C’est pourquoi celui qui résiste à l’autorité, résiste à l’ordre que Dieu a établi et ceux qui résistent, attireront sur eux-mêmes une condamnation. »

Pour le prêtre catholique, il est important de comprendre le contexte de ces versets. Saint Paul s’adressait à des personnes vivant « sous une domination païenne arbitraire et souvent anti-juive ». L’apôtre procurait ainsi à ses coreligionnaires une stratégie de survie morale, concernant la façon d’obéir à l’éthique d’amour de Jésus en attendant qu’il revienne dans la gloire, estime le Père Whitfield. Pour ce dernier, le texte ne doit pas être lu comme « une théologie de la politique, une charte de participation des chrétiens dans les affaires de l’Etat, ni un appel à la servilité ».

Paul n’aurait jamais pu imaginer qu’un dirigeant politique « consacré » par Dieu fasse la guerre au nom des croyants, estime le prêtre. « La Bible nous appelle clairement à suivre la voie de la paix, indiquée par Jésus, pas à sacraliser les dirigeants nationaux », conclut-il. (cath.ch/cna/rz)

Raphaël Zbinden

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