Brésil: L’Église très inquiète pour les droits des peuples indigènes

Plusieurs organisations de l’Église catholique brésilienne ont exprimé ces dernier jours leurs «fortes craintes» quant au non respect des droits des populations indigènes. Les droits «ancestraux» à la terre, inscrits dans la Constitution fédérale de 1988, pourraient être menacés par l’adoption d’une nouvelle loi.

Ces craintes, exprimées par le Conseil Épiscopal Pastoral (Consep) de la Conférence Nationale des Évêques du Brésil (CNBB) et le Conseil Indigéniste Missionnaire (Cimi), sont particulièrement vives alors que l’audience du Suprême Tribunal fédéral (STF), le 16 août 2017, va constituer «un moment significatif dans la lutte pour le respect des droits basiques et le futur des peuples indigènes», a indiqué le Conseil Indigéniste Missionnaire (Cimi) dans un communiqué.

A cette occasion, le Suprême Tribunal Fédéral pourrait adopter, dans ses jugements, le principe dit de ‘Marque Temporelle’, selon lequel seuls les peuples indigènes se trouvant sur les terres le 5 octobre 1988, soit la date de la promulgation de la Constitution Fédérale, pourront effectivement en revendiquer la propriété. Cette condition liée au temps est susceptible d’être utilisée contre une démarcation, même si tel ou tel peuple a été forcé de quitter sa terre ancestrale avant 1988.

La CNBB au côté des peuples indigènes

Depuis plusieurs mois, la CNBB ne cesse de dénoncer cette volonté de modifier la Constitution, largement appuyée par les grands propriétaires terriens, majoritaires au Congrès et alliés précieux du président Michel Temer dans sa lutte pour rester coûte que coûte à la tête de l’État malgré les lourds soupçons de corruption dont il est l’objet.

En juin dernier, le Conseil Permanent de la CNBB avait déjà réaffirmé leur engagement auprès des peuples indigènes. «En choisissant de prendre la défense de la vie des peuples indigènes (…), la CNBB agit avec la conviction que le service pastoral pour la vie pleine des peuples indigènes exige que nous annoncions Jésus Christ et la Bonne Nouvelle du Royaume de Dieu, que nous dénoncions les situations de pêché, les structures de mort, la violence et les injustices internes et externes qui menacent les premiers habitants de cette Terre de Santa Cruz.»

«Non» au principe de «Marque Temporelle»

De son côté, le Conseil Indigéniste Missionnaire (Cimi) a pris la tête d’une campagne destinée à affirmer que la notion de ‘Marque Temporelle’ va légitimer les violations des droits à la terre et les violences commises contre les peuples indigènes. «Ces peuples risquent de se retrouver confinées dans des réserves territorialement diminuées, être victimes de déplacements forcés massifs, de tortures et d’assassinats (…)».

«Approuver le principe de ‘Marque Temporelle’, poursuit le Cimi, signifie amnistier les crimes commis contre ces peuples et leur dire que leurs terres pourront être envahies et exploitées sans leur consentement, qu’ils pourront en être expulsés voire même, en cas de résistance, exterminés, avec l’assentiment de l’État brésilien. La ‘Marque Temporelle’ va alimenter les invasions de terres indigènes déjà démarquées et va faciliter le développement de toujours plus de conflits en milieu rural et contre les peules indigènes.»

«La Constitution n’inclue aucun type de ‘Marque Temporelle'»

Déterminés à se rendre à Brasilia, la capitale, pour y défendre âprement leurs droits, plusieurs représentants de peuples indigènes ont rappelé une nouvelle fois ces dernières semaines qu’ils voulaient simplement que leurs terres traditionnelles soient démarquées «selon les critères de tradition garantis par la Constitution fédérale, une Constitution qui n’inclue aucun type de ‘Marque Temporelle'». (cath.ch/jcg/gr)

Grégory Roth

Portail catholique suisse

https://www.cath.ch/newsf/bresil-leglise-tres-inquiete-droits-peuples-indigenes/