Suite à une fusillade dans une mosquée albanaise de St-Gall, en 2014, Jean-Luc Addor avait tweeté sur son compte privé: « On en redemande! » Suite à cela, le Conseil central islamique suisse (CCIS), dirigé par Nicolas Blancho, avait déposé une dénonciation pénale contre le vice-président de l’UDC valaisanne. Le tribunal du district de Sion a finalement reconnu, le 17 août 2017, l’ancien juge d’instruction coupable de discrimination raciale. Il l’a condamné à 60 jours-amende à 300 francs avec sursis.
Le verdict suscite une vague de réactions dans le canton et dans le pays. L’une des plus vives a été celle de l’UDC Valais Romand (UDCVR), qui a émis un communiqué immédiatement après l’annonce de la condamnation. Le texte, signé par les deux co-présidents du parti Cyrille Fauchère et Jérôme Desmeules, affirme ainsi que « la justice fait le sale boulot des islamistes » et qu’elle s’est laissée « instrumentaliser par les barbus les plus radicaux du pays ».
La formation politique nationale-conservatrice soutient que le juge sédunois a réalisé un « amalgame abusif » en considérant que Jean-Luc Addor parlait de musulmans dans son tweet. Pour l’UDCVR, le conseiller national visait « les effets indésirables de l’immigration difficiles à intégrer ».
Le parti estime finalement que le jugement est « politique » et que Jean-Luc Addor a été condamné « pour tout son engagement politique contre l’islamisation de la Suisse et de l’Europe ». Pour la formation conservatrice, cela « renforce les doutes plus que sérieux » quant à l’indépendance de la justice valaisanne.
Les autres partis valaisans ont globalement soutenu le jugement du tribunal. René Constantin, président du PLR cantonal, estime que Jean-Luc Addor , en tant qu’avocat et ancien juge, « savait où se trouve la ligne rouge ». Il l’appelle à s’excuser et à admettre sa faute.
Pour la présidente du PS, Barbara Lanthemann, Jean-Luc Addor « devrait se poser la question de la démission du Conseil national ». « On assiste actuellement à des dérapages qui ne sont pas tolérables. Ce verdict, courageux, est donc un bon signal », a-t-elle déclaré.
Serge Métrailler, président du PDC du Valais romand, a qualifié le verdict de « normal et rassurant ». « C’était un tweet nauséabond qu’il a fait sur son compte privé et la justice l’a traité comme n’importe quel autre citoyen », a-t-il remarqué.
Message propre à « créer une attitude hostile » envers les musulmans
Selon le Tribunal du district de Sion, « un lecteur moyen non averti ne pouvait déceler dans le tweet litigieux une quelconque ironie », rapporte le quotidien valaisan Le Nouvelliste. L’instance ajoute que le post « donnait l’impression qu’en raison de leur appartenant religieuse, les membres de la communauté musulmane étaient des êtres dont la vie était de moindre valeur. Ce message discriminatoire était objectivement propre à créer, renforcer ou soutenir une attitude hostile envers la communauté musulmane. »
« Stigmatisation systématique de l’islam »
Le Tribunal relève également l’expérience juridique et politique de Jean-Luc Addor ainsi que « sa stigmatisation systématique de l’islam » avant ce tweet litigieux. Autant d’éléments qui ont convaincu l’instance que le conseiller national avait contrevenu à l’article 261 bis du Code pénal, connu sous le nom de norme pénale antiraciste. (cath.ch/nouv/com/rz)
Raphaël Zbinden
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