Condamnation de Jean-Luc Addor: l'UDC parle d'une justice «instrumentalisée par les barbus»

Le conseiller national UDC valaisan Jean-Luc Addor a été condamné, le 17 août 2017, pour discrimination raciale. L’UDC Valais Romand réagit en affirmant que la justice du canton est «instrumentalisée par les barbus les plus radicaux».

Suite à une fusillade dans une mosquée albanaise de St-Gall, en 2014, Jean-Luc Addor avait tweeté sur son compte privé: «On en redemande!» Suite à cela, le Conseil central islamique suisse (CCIS), dirigé par Nicolas Blancho, avait déposé une dénonciation pénale contre le vice-président de l’UDC valaisanne. Le tribunal du district de Sion a finalement reconnu, le 17 août 2017, l’ancien juge d’instruction coupable de discrimination raciale. Il l’a condamné à 60 jours-amende à 300 francs avec sursis.

Un «amalgame abusif»?

Le verdict suscite une vague de réactions dans le canton et dans le pays. L’une des plus vives a été celle de l’UDC Valais Romand (UDCVR), qui a émis un communiqué immédiatement après l’annonce de la condamnation. Le texte, signé par les deux co-présidents du parti Cyrille Fauchère et Jérôme Desmeules, affirme ainsi que «la justice fait le sale boulot des islamistes» et qu’elle s’est laissée «instrumentaliser par les barbus les plus radicaux du pays».

L’indépendance de la justice mise en cause

La formation politique nationale-conservatrice soutient que le juge sédunois a réalisé un «amalgame abusif» en considérant que Jean-Luc Addor parlait de musulmans dans son tweet. Pour l’UDCVR, le conseiller national visait «les effets indésirables de l’immigration difficiles à intégrer».

Le parti estime finalement que le jugement est «politique» et que Jean-Luc Addor a été condamné «pour tout son engagement politique contre l’islamisation de la Suisse et de l’Europe». Pour la formation conservatrice, cela «renforce les doutes plus que sérieux» quant à l’indépendance de la justice valaisanne.

Les autres partis saluent le verdict

Les autres partis valaisans ont globalement soutenu le jugement du tribunal. René Constantin, président du PLR cantonal, estime que Jean-Luc Addor , en tant qu’avocat et ancien juge, «savait où se trouve la ligne rouge». Il l’appelle à s’excuser et à admettre sa faute.

Pour la présidente du PS, Barbara Lanthemann, Jean-Luc Addor «devrait se poser la question de la démission du Conseil national». «On assiste actuellement à des dérapages qui ne sont pas tolérables. Ce verdict, courageux, est donc un bon signal», a-t-elle déclaré.

Serge Métrailler, président du PDC du Valais romand, a qualifié le verdict de «normal et rassurant». «C’était un tweet nauséabond qu’il a fait sur son compte privé et la justice l’a traité comme n’importe quel autre citoyen», a-t-il remarqué.


Message propre à «créer une attitude hostile» envers les musulmans

Selon le Tribunal du district de Sion, «un lecteur moyen non averti ne pouvait déceler dans le tweet litigieux une quelconque ironie», rapporte le quotidien valaisan Le Nouvelliste. L’instance ajoute que le post «donnait l’impression qu’en raison de leur appartenant religieuse, les membres de la communauté musulmane étaient des êtres dont la vie était de moindre valeur. Ce message discriminatoire était objectivement propre à créer, renforcer ou soutenir une attitude hostile envers la communauté musulmane.»

«Stigmatisation systématique de l’islam»

Le Tribunal relève également l’expérience juridique et politique de Jean-Luc Addor ainsi que «sa stigmatisation systématique de l’islam» avant ce tweet litigieux. Autant d’éléments qui ont convaincu l’instance que le conseiller national avait contrevenu à l’article 261 bis du Code pénal, connu sous le nom de norme pénale antiraciste. (cath.ch/nouv/com/rz)

Raphaël Zbinden

Portail catholique suisse

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