Aumôniers musulmans à l'armée: le Conseil fédéral entre en matière

Le Conseil fédéral a émis la possibilité que l’armée recrute des aumôniers musulmans. Le gouvernement suisse estime cependant que les conditions ne sont pour l’instant pas réunies.

«Si elle ne peut pas recruter de spécialistes musulmans, l’aumônerie militaire risque à terme de ne plus pouvoir remplir sa mission de manière satisfaisante pour l’ensemble des personnes incorporées», affirme le 23 août 2017 le Conseil fédéral dans une réponse à une interpellation.

Exhortation au djihad?

Cette dernière a été déposée en mai dernier par les conseillers nationaux Beat Arnold (UDC/UR) et Lorenzo Quadri (Lega/TI). Les députés réagissaient à une déclaration du chef de l’Armée, le commandant de corps Philippe Rebord, qui évoquait la possibilité d’engagement d’imams comme aumôniers militaires.

«Est-ce vraiment le rôle de l’armée suisse de faire oeuvre de pionnier en reconnaissant l’islam comme religion officielle?» Demandent en particulier Beat Arnold et Lorenzo Quadri. L’interpellation s’interroge également sur l’intervention concrète d’un imam en cas de défense du pays: «L’aumônier célébrerait-il comme de coutume un service religieux de campagne avec nos soldats pendant que l’imam prierait en direction de La Mecque avec les soldats musulmans, avant d’exhorter ces derniers au djihad au nom du prophète Mahomet?»

La reconnaissance des religions est du ressort des cantons

Le Conseil fédéral rappelle ainsi que le chef de l’armée n’a jamais parlé d’une éventuelle reconnaissance officielle des communautés musulmanes sous quelque forme que ce soit. Il èrécise qu’il s’en est tenu exclusivement à la question d’une assistance spirituelle pour les militaires musulmans. Pour cela, il n’est pas nécessaire que la communauté religieuse concernée bénéficie d’une reconnaissance officielle. Cette dernière relève de la compétence des cantons.

Pas plus de problèmes de comportement chez les soldats musulmans

Le gouvernement indique que les soldats de confession musulmane ont augmenté et qu’il réfléchit à leur pourvoir une assistance spirituelle. Il remarque à cet effet que «la liberté de croyance et de conscience est un droit constitutionnel dont jouit toute personne incorporée dans l’armée».

Le Conseil fédéral indique toutefois que «les conditions permettant d’intégrer des représentants d’une communauté religieuse islamique dans l’aumônerie militaire ne sont pas réunies à l’heure actuelle». Il note qu'»il faut pour cela une formation théologique reconnue, si possible universitaire, effectuée en Suisse ou dans un pays voisin, un engagement sans faille à servir la Suisse et ses institutions, une disposition à se soumettre à la hiérarchie de l’armée et à intervenir en tant qu’aumônier militaire, avec le grade de capitaine, au profit de toutes les personnes incorporées dans l’armée indépendamment de leur confession».

Le Conseil fédéral souligne en outre que les militaires de religion musulmane ne posent pas davantage de problèmes de comportement que ceux d’autres confessions. (cath.ch/com/rz)

Raphaël Zbinden

Portail catholique suisse

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