Le Vatican est un des «pères» de la paix en Colombie

La visite pastorale du pape François en Colombie, du 6 au 11 septembre 2017, « sera un succès » semblable à la dernière visite du pape Jean Paul II il y a 30 ans, a affirmé à l’agence I.MEDIA Guillermo León Escobar, ambassadeur de Colombie près le Saint-Siège. Car selon lui, le Saint-Siège a joué un rôle essentiel, bien que discret, dans le processus de paix dans ce pays.

De son bureau proche du Vatican, le diplomate livre son regard sur la détermination du pontife à ramener la paix en Colombie, ainsi que sur le «rôle silencieux» du Saint-Siège, lors des négociations de paix à La Havane, avec la guérilla des Forces armées révolutionnaires de Colombie (FARC).

« Depuis le moment où j’ai transmis mes lettres de créance, le 25 avril 2015, le pape François a exprimé son grand intérêt pour un voyage en Colombie, ainsi que son affection pour ce pays », confie le diplomate.

Cent ans de solitude

Car «l’attention du pape a été très attirée» par les longues souffrances du peuple colombien: «60 années de violences subversives et idéologiques, qui elles-mêmes avaient remplacé 40 ans de violences entre partis politiques. Additionnées, cela donne les Cent ans de solitude du livre de Gabriel García Márquez », note-t-il.

S’agissant de l’accord de paix en Colombie, «l’échec est un orphelin, alors que le succès a une multitude de pères», remarque l’ambassadeur. Les ›parents’ de cet accord sont donc trois à ses yeux: le pape François, le président Juan Manuel Santos et la Conférence épiscopale de Colombie».

Rome, l’un des endroits les mieux informés sur les négociations

Pour y parvenir, «la manière de procéder du Saint-Siège a été extrêmement délicate, souligne-t-il. On ne la remarquait pas, mais elle était bien présente ». Lors des pourparlers à Cuba entre le gouvernement et les FARC, poursuit Guillermo León Escobar, «l’un des endroits les mieux informés était sans aucun doute, ici, à Rome», du fait de la présence à Cuba du nonce, Mgr Giorgio Lingua.

Ancien nonce apostolique en Irak et en Géorgie, ce dernier connaissait en effet tous ceux qui ont dirigé la guérilla marxiste en Colombie. Le prélat avait aussi participé en 2000 à des réunions, à Rome, avec le commandant général des FARC. Réunions autorisées par Jean Paul II… Mais cela, précise le diplomate, est une «histoire qui reste à écrire…».

Grâce à la présence du nonce, le Saint-Siège était «toujours au courant» de ce qui se passait à Cuba lors des négociations, entre 2012 et 2016. Le Vatican «avait ainsi une ligne directe qui lui permettait d’avoir une analyse suffisamment claire et concrète pour pouvoir apporter son aide».

Le Saint-Siège était donc «silencieusement présent», insiste le diplomate, avec «l’intelligence que donne le silence sagement conservé pendant presque 1500 ans de participation» aux affaires politiques du monde. Le tout, sans avoir un représentant à la table des négociations, mais par la qualité des informations reçues et les avis donnés.

Multinationale de l’intelligence

Selon le diplomate, le Saint-Siège «a agi avec la précaution nécessaire pour que les protagonistes ne se sentent jamais dépossédés de leur rôle. Je n’ai jamais assisté à une impertinence politique de la part du secrétaire d’Etat du Saint-Siège», remarque ainsi l’ambassadeur.

Par conséquent, la secrétairerie d’Etat représente selon lui et de manière générale une «multinationale de l’intelligence », en référence à son réseau de nonciatures, de paroisses et de communautés à travers le monde.

Après quatre ans de dialogue à Cuba entre le gouvernement de Colombie et les FARC, la plus ancienne guérilla d’Amérique latine, un projet de loi a été approuvé en février 2017 au Congrès colombien. Il doit mettre en œuvre les accords de paix signés à Carthagène le 26 septembre 2016, appelant les Forces armées révolutionnaires de Colombie à déposer les armes. (cath.ch/imedia/awrd/rz)

Raphaël Zbinden

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