L'urgence d'une conversion écologique

Jean-Jacques Friboulet | Le hasard a voulu que, cet été, je me retrouve deux fois près de lieux très impactés par le changement climatique. Au mois de juin je me promenais sous les pins parasol à Ramatuelle en France. L’endroit était magnifique: comme une mer de verdure qui s’harmonisait avec le bleu roi des cieux et de la Méditerranée. Deux mois après il ne restait plus que des cendres. Les forêts avaient brûlé sous les effets conjugués de l’été le plus chaud depuis 1900 et des négligences des touristes qui ne comprennent pas la fragilité du milieu naturel.

Au mois d’août j’admirais la chaîne du Mont Blanc depuis le Foyer de Charité de la Flatière à 1400 mètres d’altitude. Je n’y étais pas allé depuis 45 ans. Les différents sommets étaient devant moi toujours aussi majestueux mais les glaciers avaient rétréci comme une peau de chagrin. Et pour gravir le Mont Blanc, la chaleur était telle qu’il fallait partir à 2 heures du matin du refuge du Goûter au lieu de 4 heures. En rentrant, j’ai appris le tragique glissement de terrain de Bondo. Je me suis souvenu alors d’un exposé fait par le géologue cantonal valaisan à l’occasion de la commémoration du rattachement du Valais à la Suisse il y a deux ans. Il avait montré à l’aide de cartes que de grandes coulées de roches et de terre allaient de se produire dans plusieurs vallées alpines. Le public était resté incrédule.

Ma mémoire m’a rappelé un article publié par le grand économiste J.M.Keynes dans les années 1930 intitulé les cris de Cassandre. Celle-ci était une héroïne de la mythologie grecque qui avait le don de divination mais que personne ne croyait à cause d’un mauvais sort jeté par Apollon. Keynes y rappelait qu’il avait annoncé les conséquences funestes du Traité imposé à l’Allemagne après la Première Guerre mondiale, Traité qui avait porté en germe le nazisme et la Deuxième Guerre mondiale .Mais à l’époque la population n’avait pas cru l’économiste anglais.

Il faut espérer que notre génération ne fera pas de même, qu’elle tiendra compte des réalités et agira suite aux constats réalisés sur le milieu naturel et le changement climatique. Dans Laudato si, notre pape énonce «que vivre la vocation de protecteurs de l’oeuvre de Dieu n’est pas quelque chose d’optionnel ni un aspect secondaire dans l’expérience chrétienne» (Laudato si §217). Pour faire bonne mesure il a institué, en lien avec le patriarche de Constantinople Bartolomée, le 1er septembre journée de la Création.

La Création se poursuit aujourd’hui. L’Esprit Saint est actif dans la nature et dans notre environnement. En sommes nous persuadés? Et, en cette rentrée, prenons-nous les bonnes décisions en lien avec cette foi? L’Eglise de France a décidé d’attribuer le label Eglise verte aux paroisses qui respecteraient un cahier des charges dans le domaine de l’environnement et du changement climatique. Notre Eglise suisse ferait bien de s’en inspirer. Il y aurait beaucoup de progrès à faire dans les domaines des transports et du chauffage entre autres. Nos Eglises et nos paroissiens en ont les moyens. Quand commence-t-on?

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