Washington: Vitraux de généraux sudistes retirés de la Cathédrale Nationale

Deux vitraux représentant les généraux sudistes Robert E. Lee et Thomas Stonewall Jackson, grandes figures du camp confédéré lors de la guerre de Sécession, vont être retirés de la Cathédrale Nationale de Washington, l’un des plus importants édifices religieux des Etats-Unis.

Les monuments à la gloire de l’Amérique esclavagiste – ils sont quelque 1’500 dans tout le pays – disparaissent peu à peu du paysage aux Etats-Unis sous la pression des mouvements militant pour les droits de l’homme et contre le racisme.

Appartenant à l’Eglise épiscopalienne (anglicane), la cathédrale Saint-Pierre-et-Saint-Paul de Washington est appelée communément «la Cathédrale Nationale». Les généraux sudistes, protagonistes de la Guerre de Sécession qui a ensanglanté les Etats-Unis de 1861 à 1865, ont été immortalisés dans les vitraux de la cathédrale épiscopalienne en 1953, grâce au travail de lobby du mouvement «The United Daughters of the Confederacy» (UDC), une organisation de femmes née après la guerre civile américaine en 1894, dans le but de commémorer les victimes confédérées de la Guerre de Sécession et d’ériger des monuments à leur mémoire.

Des figures polarisantes

«Les généraux Lee et Jackson sont des figures historiques polarisantes. Pour certains, ce sont des saints du Sud. Pour d’autres, ils représentent une culture et un mode de vie qui a été alimenté par l’asservissement des Afro-Américains», peut-on lire sur le site de la Cathédrale Nationale de Washington.

L’important édifice, qui se qualifie de «foyer spirituel pour la nation», ne pouvait plus abriter dans ses murs des figures qui sont le signe de ralliement de mouvements suprémacistes, et qui ne parlent pas des souffrances de ceux qui ont subi l’esclavage et la discrimination raciale. Le thème est devenu d’autant plus brûlant après la tuerie du 17 juin 2015 dans une église noire de Charleston, à l’est des Etats-Unis, qui avait fait 9 victimes, et la violente agression qui a coûté la vie samedi 12 août 2017 à Charlottesville, dans l’Etat de Virginie, à une manifestante antifasciste de 32 ans.

Une histoire des Etats-Unis «incomplète et trompeuse»

Le chapitre de la cathédrale veut, dans ce contexte, améliorer le récit raconté aux visiteurs et aux fidèles après avoir conclu que ces vitraux racontent l’histoire des Etats-Unis de façon «incomplète et trompeuse».  »Nous nous sommes engagés à trouver des moyens d’offrir une expression plus riche et plus équilibrée de l’histoire de notre pays».

La décision a été prise à l’issue de deux ans de débats et d’étude, relève l’évêque du diocèse épiscopalien de Washington Mariann Budde, qui est à la tête de quelque 40’000 fidèles dans le district de Columbia et dans quatre comtés du Maryland. Se défendant de vouloir réécrire l’histoire, le doyen de la cathédrale Randolph Hollerith et Mariann Budde ont tous deux déclaré à la presse que ces vitraux, pour beaucoup d’enfants de Dieu, «sont un obstacle à la prière dans un lieu sacré (…) Nous voulons insister sur le fait que nous ne tentons pas de réécrire l’histoire, mais que nous retirons de la structure sacrée de la cathédrale deux fenêtres qui ne reflètent pas nos valeurs». (cath.ch/cathedral.org/com/be)

 

Jacques Berset

Portail catholique suisse

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