L’Eglise belge demande pardon pour son attitude sous l'occupation nazie

 

L’archevêque de Malines-Bruxelles, Mgr Jozef De Kesel, a demandé pardon, le 3 septembre 2017, pour l’attitude de l’Eglise belge pendant l’occupation nazie. Le cardinal s’exprimait à l’occasion du 75ème anniversaire des rafles contre les juifs à Bruxelles et Anvers.

Entre août et septembre 1942, près de quatre mille juifs installés en Belgique avaient été arrêtés puis déportés vers les camps de concentration. L’association pour la Mémoire de la Shoah a organisé une commémoration dans le quartier des Marolles, à Bruxelles. Dans ce quartier populaire de la capitale belge, où de nombreuses familles juives n’ayant pas la nationalité belge étaient installées, 718 personnes avaient été arrêtées la nuit du 3 au 4 septembre 1942 pour être déportées vers Auschwitz.
Dans son allocution, l’archevêque de Malines-Bruxelles a évoqué le «prosélytisme malsain des baptêmes à tour de bras», célébrés dans l’Église à l’époque. Des conversions souvent dues «aux demandes des parents qui pensaient protéger leurs enfants». «Nous voudrions demander pardon pour ce qui s’est apparenté, dans un certain nombre de cas, au viol de conscience et à l’abus de faiblesse», a regretté le cardinal De Kesel. «Cette première reconnaissance officielle par le plus haut dignitaire de la religion catholique en Belgique était importante», estime Michel Lussan, membre de l’association pour la Mémoire de la Shoah .
Le cardinal a cependant aussi rappelé que de nombreux enfants juifs ont été cachés dans des institutions chrétiennes: «Au milieu de cet enfer, des réseaux de solidarité vont permettre à des enfants, des ‘ketjes’ juifs, d’échapper à la déportation. Dans la tourmente, des parents confieront aussi de façon privée leurs enfants à des personnes non juives. Certaines paieront de leur vie leurs actes de courage. (…) D’autres laisseront leurs enfants à des institutions catholiques, comme ce couvent de Bruxelles-Anderlecht qui abritera pour un certain temps des fillettes. Nombre de prêtres vont se lancer aussi dans des actions de sauvetage, parfois au péril de leur vie.»

Entreprendre un travail de mémoire vraie

«Septante-cinq ans après, nous osons commencer à regarder, à penser les conséquences dramatiques de la Shoah et entreprendre un travail de mémoire vraie, c’est-à-dire qui se refuse aux justifications, aux minimisations et aux explications déresponsabilisantes. Nous devons nous interroger sur l’ampleur du mal qui ronge notre culture, cette culture qui a permis la Shoah, qui l’a laissé se produire et même qui l’a préparée», a poursuivi le cardinal.

Relire l’actualité de la migration

L’archevêque n’a pas manqué d’évoquer l’actualité de la migration: «Ouvrons l’espace en agrandissant notre regard vers les autres, ceux qu’aucun statut social ne protège ou n’assure. Je pense ici tout spécialement aux réfugiés, ceux que leur différence risque à tout moment de désigner au rôle de victime émissaire. Le fait qu’en 1940, plus de 90% des juifs en Belgique étaient soit des migrants, principalement originaires d’Europe de l’Est, soit des réfugiés venus d’Allemagne, doit nous faire réfléchir pour relire autrement l’actualité.»

L’archevêque a insisté sur l’importance historique de ce travail de mémoire : «Se souvenir, refuser d’oublier, éviter la banalisation et la négation de l’histoire, lutter contre l’érosion du temps, c’est donner à tous une chance supplémentaire que cela ne se reproduise plus à l’avenir «, a-t-il affirmé. (cath.ch/cathobel/cx/mp)

 

Maurice Page

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