diocésains parmi les personnes assassinées au Centre Christus à Kigali

Rwanda: trois Jésuites rwandais et cinq prêtres (080494)

Kigali/Bruxelles, 8avril(APIC) Trois jésuites tutsis, les Pères Chrysologue Mahame (67 ans), Patrick Gahizi (48 ans) et Innocent Rutagambwa (46

ans) ont été abattus par des militaires le jeudi matin 7 avril au Centre

Christus de Kigali au Rwanda. Neuf jeunes filles africaines de l’Institut

«Vita et Pax» , qui faisaient une retraite spirituelle dans ce Centre animé

par les jésuites de la capitale rwandaise, ont également été tuées. Cinq

prêtres diocésains rwandais ont subi le même sort, de même que le cuisinier

de la maison et une assistante sociale. Ce qui porte à 19 le nombre des

personnes assassinées par les militaires à cet endroit.

Sur place, des radios, parfois relayées par des canaux diplomatiques,

ont rapidement annoncé la mort tantôt de dix-sept Jésuites, tantôt de dixsept prêtres. Mais les informations diffusées le même jour de Kigali par

les jésuites survivants, et confirmées à plusieurs reprises par téléphone à

leurs confrères de Bruxelles, n’ont pas fait état, pour le Centre Christus,

de plus de 19 morts, dont 3 Jésuites et 5 prêtres diocésains.

Ce massacre est survenu le lendemain de l’attentat qui a coûté la vie au

présidents rwandais Juvénal Habyarimana et au président burundais Cyprien

Ntaryamira, l’avion qui les ramenait de Tanzanie ayant été abattu au-dessus

du camp militaire de Kanombe, lors de son approche de Kigali.

Parmi les cinq prêtres diocésains rwandais assassinés à Kigali figuraient trois prêtres de Gikongoro, un prêtre du diocèse de Butare et le vicerecteur du Grand Séminaire de Nyakibanda.

Le Père Octave Ugirashebuja, supérieur de la communauté jésuite locale,

a échappé à la mort parce qu’il se trouvait ce jour-là à Naïrobi, au Kenya.

Les étrangers non visés

Les trois Jésuites belges qui se trouvaient dans le Centre Christus sont

sains et saufs. Il s’agit des Pères Georges Cerfontaine, Christian de Fays

et Jean-Pierre Nolf. Les deux derniers, bientôt rejoints par le premier,

sont restés enfermés du jeudi matin et au jeudi après-midi dans la salle à

manger de la maison, en même temps que cinq autres personnes de nationalité

étrangère: les trois Espagnoles qui accompagnaient les jeunes filles en retraite, un religieux trappiste de Mokoto et un représentant du Haut Commissariat de l’ONU pour les Réfugiés.

Avant de rejoindre la salle à manger du Centre, le Père Cerfontaine présidait l’eucharistie pour la communauté des religieuses de St-Vincent, dont

la maison est située à proximité du Centre Christus. Toutes les personnes

qui étaient réunies dans cette maison voisine pour l’eucharistie ont eu la

vie sauve. Il semble que les militaires n’aient pas osé commettre leurs méfaits en pleine liturgie.

Les jésuites de Kigali n’ont pu préciser si les auteurs du massacre

étaient des militaires de l’armée rwandaise ou de la garde présidentielle.

Selon des jésuites à Bruxelles, les assassinats perpétrés au Centre Christus ressemblent plutôt à «un acte de vengeance de la part du milieu hutu le

plus attaché au président assassiné». Ce milieu s’en prendrait aussi bien à

la minorité tutsi qu’aux opposants modérés de l’ethnie hutu.

Le lendemain de l’assassinat des jésuites tutsis de Kigali, on apprenait

aussi l’assassinat du Premier ministre rwandais, Mme Agathe Uwilingiyamana,

assassinée à proximité du palais présidentiel de Kigali. Trois autres jésuites de Gisenyi, la ville d’origine du président assassiné et située au

nord du Rwanda, ont pu être joints par téléphone de Bruxelles dans la matinée du vendredi 8 avril. De leur maison, dont ils n’ont pas osé sortir depuis plus d’un jour, ils ont entendu jeudi et vendredi quelques coups de

feu. Leur supérieur, le Père Alexis Habyambere, qui avait rallié Kigali

pour une réunion, a échappé au massacre parce qu’il était parti le jour même dans sa famille. (apic/cip/mp)

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