Mgr Tagle: «La pauvreté, la faim et les maladies tuent plus que les armes»

Le cardinal Luis Antonio Tagle, archevêque de Manilles, aux Philippines, et président de Caritas internationalis, a estimé que la pauvreté, la faim, et les maladies tuent plus que les armes dans son pays, lors d’un passage à Dakar, au Sénégal, le 18 septembre 2017.

Lors d’une conférence de presse, en marge de la deuxième assemblée des Conférences épiscopales d’Afrique sur Caritas, du 18 au 20 septembre 2017, le cardinal philippin a indiqué que l’une des causes de la violence aux Philippines est la dimension sociale. «On a pas besoin d’armes pour tuer. La pauvreté et l’injustice tuent beaucoup de personnes», a-t-il déclaré.

Le cardinal a rappelé que la réalité de la violence aux Philippines n’est pas quelque chose de nouveau. «Ça fait des décennies qu’il y a des attaques dans le sud. Ce n’est pas aujourd’hui qu’on a commencé à parler de ces attaques, de ces meurtres».

Victimes de la drogue et de la discrimination religieuse

Selon le prélat asiatique, la lutte du gouvernement contre les drogues illégales qui a fait également beaucoup de morts. En outre, dans le sud du pays, des fondamentalistes musulmans s’en prennent non seulement aux chrétiens, mais aussi à d’autres musulmans qui ne partagent pas leur option. Un vieux conflit qui augmente le nombre de morts.

A ces différentes situations s’ajoutent les calamités naturelles. Chaque année, les Philippines reçoivent au moins 20 typhons et enregistrent des tremblements de terres. «Dans l’Eglise, nous avons notre service de charité face aux urgences. Nous sommes organisés au niveau le plus bas, c’est-à-dire dans les paroisses. Nos communautés sont organisées pour faire face. Elles se soutiennent et sont solidaires», a expliqué le président de l’organisation humanitaire de l’Eglise catholique.

Donner de l’espoir

«Nous avons aussi mis en place des espaces, des lieux où les populations peuvent venir raconter leurs histoires, leurs souffrances face à la violence. Nous les aidons en conseil et leur apportons l’assistance légale quand il s’agit de meurtre», a-t-il fait observer.

Pour l’Eglise catholique, «c’est donner de l’espoir à des victimes, car quand on est désespéré, on ne fait rien. On subit. Il faut donc pouvoir donner de l’espoir, la faire vivre et faire l’espérance. C’est aussi sa mission», a conclut le cardinal Tagle. (cath.ch/ibc/gr)


Caritas Africa

Composé de 46 organisations membres, le réseau Caritas Africa emploi plus 38’000 personnes qui sont soutenues par plus de 453’000 bénévoles, indique un document de l’organisation humanitaire publié à Dakar, au Sénégal, à l’occasion de la deuxième conférence des évêques d’Afrique sur la Caritas, du 18 au 20 septembre 2017.

Selon le document, en Afrique subsaharienne, les réseaux Caritas atteignent plus de 73 millions de bénéficiaires à travers des actions d’urgence et de développement, pour un budget annuel de 162 millions d’Euros, soit 141,3 millions de CHF.
Les actions de Caritas reposent sur la compassion, l’espérance, la justice, la solidarité, la coopération et la communication fraternelle, et l’intendance.

Pour parvenir à une véritable coopération entre les Eglises, Caritas-Afrique est divisée en six zones, qui correspondent chacune, aux territoires des associations régionales des Conférences épiscopales:

Caritas et l’Eglise

Lors d’une conférence de presse, Mgr Gabriel Anokye, évêque de Koumassi, au Ghana, et président de Caritas Africa, a déclaré qu’en plus du «salut spirituel» , avec Caritas, les évêques font ce qui est fondamental à l’Eglise: «servir l’homme, tout homme et tout l’Homme, dans ses dimensions multiples».

L’Eglise catholique intervient dans la santé, l’éducation, la justice, la paix, la réconciliation, la bonne entente, et la bonne la gouvernance. «Il faut organiser toutes ces interventions, si non, ce sera une aide éparpillée, dispersée, désordonnée. Il faut, de manière systématique faire en sorte qu’il n’y ait pas de duplication, de concurrence inutile (…). Quand on est organisée, il y a plus d’efficacité, plus de résultats, plus de coordination et d’unité», a-t-il souligné.

Lobbying et plaidoyer

De son côté, le congolais Albert Mashika, coordinateur régional de Caritas Africa, basée à Lomé, au Togo, a rappelé que celle-ci est l’une des 7 régions au monde, de la Confédération de Caritas internationalis. «Depuis la conférence de Kinshasa, il y a cinq ans, beaucoup de choses ont été faites dans l’application des recommandations», a-t-il dit. A la demande des évêques africains, les statuts des Caritas ont été réactualisés dans beaucoup de pays, pour être mises en adéquation avec les directives du saint-siège.

Un cadre de dialogue et de concertation, appelé «Forum days» a aussi été instauré dans plusieurs pays. Ils permettent aux Caritas nationales et à leurs partenaires locaux, de se retrouver pour «planifier ensemble, travailler ensemble, et aller ensemble dans la même direction, en fonction des priorités définies», a-t-il ajouté.

«Caritas Afrique n’est pas un bailleur de fonds et ne dispose à ce sujet de budget d’investissement pour faire face aux urgences des populations», a répondu Albert Mashika, à une question dans ce sens.
Selon lui, quand on parle de Caritas Africa, on parle de ses 46 organisations membres et de son secrétariat exécutif régional. Sa mission, «c’est faire le lobbying, le plaidoyer pour attirer l’attention des décideurs sur les situations d’injustice dans les différents pays. De manière à pouvoir mobiliser l’ensemble des acteurs pour une réponse appropriée à ces situations».

Dialogue interreligieux

Pour Karam Abi Yazbeck, délégué de Caritas Moyen-orient, Afrique du Nord et Corne de l’Afrique, (MEARNA), au sein de la Confédération Caritas, les deux régions (Afrique subsaharienne et moyen-orientale, et Afrique du Nord et Corne africaine) font face aux mêmes défis: la montée des extrémismes religieux, les conflits armés violents, la migration forcée, l’impact des changements climatiques.

Elles ont la responsabilité de promouvoir «un dialogue positif et durable» avec «nos frères et sœurs musulmans». «Il s’agit d’un dialogue de vie, d’un dialogue spirituel, et dialogue pour pouvoir vivre ensemble», a conclut Yazbeck. IBC

Grégory Roth

Portail catholique suisse

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