Campagne sur CredoFunding pour soutenir 700 étudiants irakiens à Kirkouk

La campagne d’appel aux dons en faveur de 700 étudiants réfugiés dans la ville irakienne de Kirkouk, soutenus par l’archevêque chaldéen Thomas Mirkis, est désormais en ligne sur la plateforme de finance participative CredoFunding.

Ces étudiants réfugiés à Kirkouk, à 170 kilomètres au sud-est de Mossoul, sont aidés financièrement depuis deux ans par l’Œuvre d’Orient et la Conférence des évêques de France. La campagne de récolte de fonds est désormais en ligne sur CredoFunding, une plateforme de finance participative ayant pour objectif de soutenir des projets de la communauté chrétienne compatibles avec la foi chrétienne.

Depuis 2015, l’ensemble des diocèses français est engagé dans ce projet de soutien à des étudiants irakiens de toutes confessions, porté par Mgr Yousif Thomas Mirkis, archevêque chaldéen de Kirkouk et Souleymanieh. Ce religieux dominicain, soutenu également par l’association alsacienne «Aux porteurs de Lumière- solidarité IRAK», et l’Unité pastorale Saint-Joseph, à Fribourg, se bat au quotidien pour fournir à ces étudiants un logement, un accès aux soins, une connexion internet ainsi que de quoi se nourrir.

Un pays déchiré par le communautarisme et le tribalisme

L’archevêque chaldéen veut permettre à des centaines d’étudiants irakiens originaires de Mossoul et des alentours de poursuivre leurs études malgré la guerre. Il veut offrir un avenir sur place, dans un pays déchiré par le communautarisme et le tribalisme, à une jeunesse tentée par l’émigration. Pour cela, Mgr Mirkis a créé un programme d’aides à Kirkouk, où les cours sont dispensés en arabe. Les étudiants suivent des formations très diverses dans les treize universités de Mossoul réinstallées à Kirkouk, pour devenir médecins, pharmaciens, architectes ou ingénieurs.

Au départ, ils étaient une centaine d’étudiants pris en charge par Mgr Mirkis. Depuis, le nombre d’étudiants n’a cessé d’augmenter. En cette veille de rentrée universitaire 2017-2018, qui a lieu en octobre à Kirkouk, ils sont désormais 700, dont une bonne moitié de filles. Si dans leur grande majorité les étudiants sont des chrétiens, plus de 200 autres appartiennent à la minorité yézidie, une vingtaine aux communautés musulmanes sunnites et chiites et une à la communauté mandéenne. Cette première phase de collecte doit permettre de récolter 48’000 euros pour assurer le 1er mois de rentrée.  D’autres phases de collecte suivront dans les semaines à venir.

Des cadres pour reconstruire le pays

Avec la progression de l’Etat islamique (EI ou Daech) en Irak durant l’été 2014, les chrétiens ont fui la région de Mossoul et la Plaine de Ninive et se sont principalement réfugiés à Erbil, dans l’attente que la situation se stabilise. A Erbil, l’enseignement n’est donné qu’en kurde, langue que ne parlent pas les réfugiés chrétiens (chaldéens ou syriaques catholiques). En 2015, le ministre de l’Enseignement supérieur a alors décidé de transférer l’ensemble des étudiants de langue arabe à la Faculté de Kirkouk.

«Aider les futurs cadres à poursuivre leurs études, c’est essentiel pour reconstruire le pays. C’est la volonté de vouloir réussir, de vouloir reconstruire le pays et d’être à son service qui les a rassemblés. C’est une génération qui veut réellement tourner la page et faire en sorte que la violence ne soit pas le dernier mot», affirme Mgr Mirkis.

Eviter la fuite des cerveaux

A Kirkouk, ville pétrolière multiethnique du nord de l’Irak, peuplée d’Arabes sunnites et chiites, de Kurdes et de Turkmènes, convoitée par la région autonome du Kurdistan, Mgr Yousif Thomas Mirkis prône la réconciliation à temps et à contretemps. Et il veut contribuer à ce que ces étudiants restent sur place, afin d’éviter la fuite des cerveaux.

«Je suis personnellement contre l’émigration des forces vives de notre pays… Du million de chrétiens qui vivaient en Irak il y a quelques années encore, il n’en reste plus qu’un tiers. Mais ceux qui se rendent en Occident, dans une société post-moderne, ont de grandes difficultés d’adaptation, leur culture est tellement différente de la vôtre. Et pour la société irakienne, c’est dangereux, c’est une perte de richesse culturelle, de substance».

«A Kirkouk, on vit ensemble sans grands problèmes. La ville, qui comptait avant les derniers événements 1,2 million d’habitants, a accueilli 700’000 réfugiés en deux ans. Imaginez ce que cela signifie en termes de logements, d’infrastructures… Le gouverneur a accepté les étudiants qui fréquentaient l’Université de Mossoul avant que la ville ne tombe aux mains des djihadistes. On a pu les absorber; les cours sont donnés le matin, le midi et le soir», a-t-il confié à cath.ch lors de son passage en début d’année à Fribourg. (cath.ch/be)

 

 

 

Jacques Berset

Portail catholique suisse

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