Le Conseil central islamique suisse dans le collimateur du Ministère public de la Confédération

Le Conseil central islamique suisse (CCIS) de Nicolas Blancho est dans le collimateur du Ministère public de la Confédération (MPC). Trois membres du comité du CCIS sont mis en accusation par le MPC. Ils sont accusés d’avoir violé la loi fédérale interdisant les groupes terroristes islamiques «Al-Qaïda» et «Etat islamique» et les organisations apparentées.

Outre Nicolas Blancho, les deux autres personnes dans le viseur du MPC sont Abdel Azziz Qaasim Illi, en chargé du département des relations publiques et de l’information du CCIS, et Naim Cherni, responsable des productions multimédia et des films de propagande du groupe, également membre du comité du CCIS.

Refus de répondre

Interrogé par cath.ch, le CCIS a refusé de répondre, affirmant d’abord que Qaasim Illi était absent pour quelques jours, avant de renvoyer à un communiqué qui relève que la mise en accusation du MPC était «clairement motivée politiquement».

Selon un communiqué du MPC daté du 21 septembre 2017, il est reproché concrètement à Naim Cherni, responsable du «département pour les productions culturelles» de l’association CCIS, durant la période comprise entre fin septembre 2015 et mi-octobre 2015, «d’avoir réalisé en Syrie des films avec un représentant dirigeant de l’organisation terroriste interdite Al-Qaïda en Syrie».

Film de propagande sur les réseaux sociaux

Par la suite, les films ont été utilisés pour présenter le responsable d’Al-Qaïda à des fins de propagande, ajoute le MPC. A cet effet, deux vidéos ont été publiées sur la plate-forme internet Youtube, vidéos qui avaient été approuvées par le chef du «département pour les relations publiques et l’information» du CCIS. Ces vidéos ont été relayées activement par les trois accusés au travers des réseaux sociaux et lors d’une manifestation publique.

Le MPC reproche aux prévenus d›avoir offert avec ces vidéos de propagande au représentant dirigeant d’Al-Qaïda une plateforme de premier plan, multilingue et multimédia «pour présenter et propager avantageusement sa propre personne et l’idéologie de l’organisation terroriste Al-Qaïda». Dès lors, le MPC considère comme établi que l’organisation terroriste interdite Al-Qaïda est renforcée sur le plan mondial dans son pouvoir d’attraction sur des membres existants ou potentiels et, de ce fait «encouragée dans le développement de ses activités criminelles».

Mesures contre la propagande djihadiste

La présente mise en accusation, selon le MPC, doit être placée dans la perspective de la poursuite pénale de toute personne qui, en Suisse, tente de participer au terrorisme djihadiste ou de le soutenir avec des moyens de propagande. Le Ministère public de la Confédération, avec le soutien de l’Office fédéral de la police (fedpol), dirige actuellement environ 60 procédures pénales dans le complexe du terrorisme djihadiste. Une majorité de ces procédures concerne le soupçon de soutien à des organisations terroristes par le biais de propagande.

Le MPC déposera ses conclusions lors de l’audience du Tribunal pénal fédéral (TPF) à Bellinzone. Pour les accusés, la présomption d’innocence vaut jusqu’au prononcé d’un jugement définitif, relève le MPC. Dès le dépôt de l’acte d’accusation, c’est le TPF qui est compétent pour d’autres informations. (cath.ch/be)

 

 

 

 

 

 

Jacques Berset

Portail catholique suisse

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