Un nouveau souffle pour l'église russe de Genève

La communauté orthodoxe de Genève célébrera le 27 septembre 2017 les 150 ans de la cathédrale de la ville, communément appelée «l’église russe». Ce jubilé coïncide avec la fin de la majeure partie de travaux de restauration de l’édifice, qui ont duré deux ans.

Les solennités, qui comprendront la Grande Consécration de l’Autel de la cathédrale de l’Exaltation de la Sainte et Vivifiante Croix, auront lieu en présence de nombreux invités. Mgr Michel, archevêque de Genève et d’Europe occidentale, participera en particulier aux festivités. Ce jubilé représente «un nouveau souffle» pour la communauté orthodoxe de Genève, relève Emilia Nazarenko, correspondante ukrainienne auprès de l’ONU, dans le quotidien La Tribune de Genève du 23 septembre.

A l’occasion des 150 ans de la consécration de l’église russe, une exposition sur l’histoire de l’édifice, classé au patrimoine architectural en 1979, s’est tenue durant presque sept mois aux archives de l’Etat de Genève. (cath.ch/tdg/rz)


La cathédrale orthodoxe de Genève, russe mais internationale

L’histoire de l’église orthodoxe russe en Suisse débute en 1816 avec l’ukase de l’empereur russe Alexandre Ier ordonnant d’ouvrir un lieu de culte orthodoxe auprès de la résidence de l’ambassadeur russe à Berne. Après une trentaine d’années d’activité, la petite église domestique est cependant fermée pour des raisons politiques.

Un lieu de culte est à nouveau ouvert en novembre 1854, suite à une décision impériale, mais cette fois à Genève. Le prêtre orthodoxe célèbre alors les offices dans le salon de la villa de Jargonnant, qui se trouvait à l’emplacement de l’actuelle école des Eaux-Vives. Le terme de location de cette villa expire cependant en 1863.

A cette époque, la communauté des ressortissants russes commence à grandir: diplomates, anciens généraux, étudiants, familles d’aristocrates s’installent dans le canton. L’église est souvent le seul lien qui demeure entre le pays et ceux qui l’ont quitté. L’archiprêtre Afanasiy Petrov, alors à la tête de la paroisse, comprend la nécessité de la construction d’un véritable édifice religieux orthodoxe. En 1860, dans son rapport au Saint-Synode, il parle du privilège de Genève d’être au centre de la vie spirituelle et intellectuelle européenne, et de «cette petite ville sincèrement libre, petite par son espace, mais large par son esprit». Le Père Afanasiy se réfère aux récentes décisions du Grand Conseil de la République, qui a accordé gratuitement des terrains à l’Eglise catholique, à la synagogue et même au temple des francs-maçons.

Suite à la révolution de 1848, le gouvernement genevois démissionne et le Parti radical prend le pouvoir, faisant tomber la domination du protestantisme dans la région. La ville se dote d’une nouvelle Constitution dont l’art.10 consacre la liberté religieuse. Dans ce contexte de tolérance, les autorités genevoises offrent des parcelles aux différentes confessions pour ériger des bâtiments. Le 16 septembre 1863, le Grand Conseil vote l’octroi d’un terrain pour la construction d’une «chapelle du culte grec» sur le plateau des Tranchées.

Pour financer la construction de l’église, une collecte de fonds est lancée auprès des fidèles. La famille impériale russe et les paroissiens genevois apportent leur contribution.

La pose de la première pierre a lieu le 26 septembre 1863, et trois ans plus tard, le 26 septembre 1866 l’église est consacrée sous le vocable de l’Exaltation de la Sainte Croix. Si le financement de la construction de l’église est essentiellement russe, les maîtres des travaux, les matériaux et certains décors sont suisses. Les travaux sont dirigés par l’architecte genevois Jean-Pierre Guillebaud et le peintre Joseph Benzoni, de Lugano, réalise la décoration des murs. Dès ces débuts, l’église russe est fréquentée par les orthodoxes d’autres nationalités – Serbes, Bulgares, Roumains, Grecs.

Aujourd’hui, des fidèles issus de nombreux pays assistent toujours aux offices. «L’église orthodoxe est devenue complètement internationale, à la hauteur de la ville qui l’abrite depuis plus de 150 ans déjà», souligne Emilia Nazarenko.

Raphaël Zbinden

Portail catholique suisse

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