Une église de conception unique au monde

Genève: consécration dimanche de l’église ronde de la Ste-Trinité (260594)

Par Gladys Théodoloz, pour l’agence APIC

Genève, 26mai(APIC) La nouvelle église de la paroisse de la Sainte-Trinité, située dans le quartier des Pâquis, à Genève, sera consacrée dimanche

29 mai par Mgr Amédée Grab, évêque auxiliaire à Genève. De conception unique au monde, la réalisation de l’architecte Ugo Brunoni est davantage

qu’une prouesse technique: une invitation à passer du profane au sacré.

Quelque 300 personnes peuvent être accueillies dans l’église supérieure,

et une septantaine dans la chapelle inférieure. La nouvelle église de la

Ste-Trinité, à première vue, joue la provocation. Car c’est effectivement

une nouveauté mondiale.

Le projet, esquissé en 1987, est aujourd’hui devenu réalité: une sphère

parfaite. Une « boule de prière » émergeant des immeubles environnants, symbole d’universalité et d’unité divine, signe de présence sacrée au sein

d’un environnement profane. Un bloc de granit rose surmonté de quatre clochetons, massif et compact vu du dehors, totalement immatériel vu du dedans, avec sa croix de lumière tombant de la voûte, son espace transparent

où le silence à un goût d’infini… L’endroit étonne, émerveille. Il a

pourtant fallu une bonne dose de courage et d’opiniâtreté aux responsables

paroissiaux et à l’architecte Ugo Brunoni pour mener le projet à bien.

« Ce fut une opération de combat et de conviction », a expliqué Georges

Albert, président du Conseil de paroisse, au cours d’une conférence de

presse donnée mercredi. « A travers cette réalisation concrète, il s’agissait de faire passer des idées qui nous tiennent à coeur. Cela n’a pas été

sans mal. Nous avons dû expliquer, convaincre, solliciter l’intérêt. Mais

le résultat en vaut la peine ».

54 millions…. et la concrétisation de préoccupations sociales

Depuis 1930, la paroisse de la Ste-Trinité ne disposait pour tout lieu

de culte que d’une ancienne fabrique de cigarettes. La décision de démolir

et de rebâtir à neuf fut prise au milieu des années 80. D’entrée de jeu, la

superficie du terrain s’y prêtant, on résolut d’allier le sacré au profane,

en intégrant l’église dans un programme immobilier qui comprenait 63 logements (dont 56 HLM), des bureaux et des commerces, pour un coût total de 54

millions de francs.

Une telle opération permettait de couvrir en partie le coût de construction de l’église, mais également de concrétiser les préoccupations sociales

de la paroisse dans le domaine du logement tout en favorisant l’intégration

du temporel et du spirituel au sein d’un quartier populaire et cosmopolite,

« lieu de brassage culturel où tout le monde est minoritaire ».

Située un peu en retrait de la rue de Lausanne, l’église est donc « posée » à la pointe d’un îlot d’immeubles qu’elle ponctue sans écraser, et sa

fonction sacrée se déchiffre en douceur, au gré de « seuils de transition »

qui font entrer progressivement le fidèle dans un autre univers: piliers,

passerelle, bassin d’eau, escaliers, patio intérieur couvert…

Pourquoi ronde?

Mais pourquoi une église sphérique? Là encore, ce projet audacieux n’est

pas le fruit du hasard, mais d’une longue étude qui a pris en compte non

seulement la faisabilité technique et le coût (élevé, mais supportable)

d’une telle réalisation mais aussi sa valeur proprement architecturale et

artistique. La beauté de cette église à la forme si insolite, avec ses matériaux rares, son symbolisme d’une richesse inépuisable, son mobilier liturgique signé de grands artistes comme Gilbert Albert, contraste avec

l’insignifiance de bien des lieux de culte « modernes », et lui confère une

précieuse identité.

« Il est important que l’architecture mène au divin », souligne Ugo Brunoni, pour qui « la forme, la matière et la lumière sont des vecteurs spirituels essentiels ».

En nous lançant dans ce projet, que beaucoup ont qualifié de folie et

d’extravagance, nous avons voulu montrer que l’Eglise est toujours vivante

et a un avenir », relève pour sa part François Fontana, animateur pastoral à

la Ste-Trinité. « Il reste maintenant toute une pastorale à faire auprès des

gens que cette église attire ».

Ce que confirme Yves Drevous, président du Conseil de communauté: « Notre

communauté existe depuis longtemps, mais elle va devoir maintenant essayer

d’occuper ce nouvel espace le mieux possible, en ramenant à la paroisse des

gens qui l’ont quittée. Nous sommes pleins d’espoir ». Quant au curé Marek

Sobanski, qui participera dimanche à la consécration de « son église », il ne

cache pas son admiration pour ceux qui ont permis cette superbe réalisatipn. « J’espère que l’église sera un endroit de rencontre sincère avec

Dieu ». (apic/gt/pr)

ENCADRE

La consécration: un rituel peu courant

La dernière consécration d’une église à Genève date de plus de 20 ans.

C’est donc à une cérémonie peu courante que les paroissiens de la Ste-Trinité vont assister dimanche. Une cérémonie qui est d’abord une messe. Elle

débutera par la remise solennelle de l’église à l’évêque par tous ceux qui

ont travaillé à sa réalisation, explique François Montana. Suivra la bénédiction de la communauté, signe de pénitence et souvenir baptismal, et

l’aspersion des murs, signe de purification.

Pour symboliser la Communion des saints, on déposera ensuite dans l’autel les reliques de trois saints (Pierre Canisius, Amédée et Blandine) et

ce sera le moment de la grande prière de dédicace par laquelle l’évêque offre ce lieu à Dieu pour qu’il devienne signe de présence divine. Les murs

et l’autel – symbole du Christ – seront alors oints de Saint-Crême. L’encens brûlé sur l’autel signifiera le sacrifice du Christ qui se perpétue et

monte vers Dieu, l’encensement de l’église indiquera que celle-ci devient

maison de prière.

Mais on encensera d’abord le peuple de Dieu, car c’est lui le peuple vivant dans lequel chaque fidèle est un autel spirituel. L’autel recevra ensuite une parure de fête – il est la table du Seigneur – et sera illuminé

pour annoncer que le Chrsit est lumière du monde. L’évêque, les prêtres et

toute la communauté pourront alors célébrer l’eucharistie. (apic/gt/pr)

ENCADRE

Une boule-symbole

L’oeuvre d’Ugo Brunoni fourmille de symboles, sacrés et profanes, qui

font du nouveau sanctuaire des Pâquis un lieu littéralement « envoûtant ».

Symboles formels tout d’abord: dans la sphère, on peut voir, à droite,

une image d’universalité, de perfection, d’unité divine, de voûte céleste,

du globe terrestre, du ciboire, de l’hostie, de ventre maternel, de douceur

féminine, de protection… La forme carrée des tribunes représente la terre. L’ouverture zénithale, qui fait tomber sur les fidèles une véritable

douche de lumière attirant irrésistiblement les regards, se réfère au symbole majeur de la croix, arbre de vie et quadruple source du monde.

Quant aux clochetons en forme de pyramides, ils signifient le rapport

entre le ciel et la terre. Symboles matériels aussi: le plan d’eau sur lequel « flotte » la sphère représente la purification et le baptême; le granit

et le marbre sont signes de sacralité, en opposition avec le caractère

« profane » du fer et de l’aluminium.

Symboles lumineux enfin: la lumière verticale signifie la transcendance,

la lumière oblique l’immanence, tandis que les couleurs choisies pour les

12 lucarnes s’inspirent de la description de la Jérusalem céleste de l’apocalypse de saint Jean. (apic/gt/pr)

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