Chili : un archevêque demande à Michelle Bachelet de dialoguer avec les Mapuches en grève de la faim

Mgr Fernando Chomalí, archevêque de Concepción, au Chili, a demandé, le 27 septembre 2017, à la présidente Michelle Bachelet d’établir un dialogue avec les familles de quatre paysans mapuches emprisonnés qui observent une grève de la faim depuis 113 jours. Il serait impensable que cette grève de la faim se termine par la mort, a expliqué l’archevêque dont la cathédrale est occupée depuis plusieurs jours par des proches des détenus en grève de la faim.

«Je suis entré en contact avec le Ministère de l’Intérieur pour vérifier de quelle façon il est possible d’entamer un dialogue ou faire un geste pour que se termine cette grève de la faim», a déclaré Mgr Fernando Chomalí aux journalistes, après avoir rencontré les maires mapuches de diverses municipalités du sud du Chili.

Les frères Benito, Pablo et Ariel Trangol Galindo, ainsi que Alfredo Tralcal Coche, se trouvent en détention préventive depuis juillet 2016. Ils sont accusés de terrorisme, en tant qu’auteurs supposés de l’incendie d’une Église évangélique dans la localité de Padre Las Casas. Les quatre détenus se sont déclarés en grève de la faim pour exiger de ne pas être poursuivis dans le cadre de la loi anti terroriste. Cette demande a été écartée par le gouvernement et le procureur Général, estimant que l’incendie était un acte extrêmement grave, car il avait été commis au moment où un culte était célébré, pouvant entraînant la mort d’une vingtaine de personnes.

Juan Carlos Renao, maire de Reinaco, la municipalité dont sont originaires des détenus, craint un dénouement fatal dans les prochains jours. Les paysans, sous observation médicale dans la prison de Temuco, au sud de Concepción, présentent d’ores et déjà de graves séquelles et sont dans un état tel que leur décès pourrait subvenir dans les prochains jours.

Un conflit qui dure depuis des décennies

Juan Carlos Tralcal, neveu de l’un des détenus, a affirmé que tant qu’il n’y aurait pas de dialogue réel du gouvernement avec les paysans, ces derniers continueront la grève de la faim. Il a dénoncé une politique répressive contre le peuple mapuche, avec l’application de cette loi anti terroriste.

Le conflit mapuche persiste depuis des décennies dans le sud du Chili. Il oppose plusieurs communautés qui revendiquent des terres ancestrales face à des entreprises agricoles ou d’exploitation forestières. Ces dernières années, le conflit a donné lieu à des épisodes de violence, entraînant la mort de plusieurs paysans, policiers et agriculteurs, l’arrestation et la condamnation d’indigènes pour plusieurs crimes, principalement pour avoir provoqué des incendies. (cath.ch/jcg/mp)

Maurice Page

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