Las Vegas, où «rien ne va plus»

Auteur présumé de la tuerie à Las Vegas, Stephen Paddock serait un «soldat du califat», récemment converti à l’islam. C’est du moins ce qu’affirme l’Etat islamique par son organe de propagande Amaq.

Prenant la chose très à cœur, au moyen d’un second puis d’un troisième communiqué rectificatif, l’organisation terroriste prétend que Stephen Paddock aurait même une ‘kunya’, c’est-à-dire un nom de guerre: «Abou Abdelberr l’Américain […] a ouvert le feu sur un rassemblements, faisant 600 morts et blessés, jusqu’à l’épuisement de ses munitions, avant de tomber en martyr».

L’attaque aurait été perpétrée en réponse à l’appel du chef de l’EI, Abou Bakr al-Baghdadid, à savoir «prendre pour cible les pays de la coalition croisée, et après une surveillance minutieuse des rassemblements».

Malheureusement pour cette malheureuse organisation, ni le témoignage de la famille du tueur, ni les scrupuleuses investigations du FBI n’ont permis d’établir un lien tangible entre Paddock et le djihadisme. Au dire de certains experts des groupes extrémistes, Daesh donne un air presque désespéré, à force de vouloir revendiquer n’importe quelle attaque.

Faut-il donc que le nombre de victimes enfle encore?

L’attaque de Las Vegas n’est pour autant pas n’importe quelle attaque. On parle même de la pire fusillade qu’aient connue les Etats-Unis modernes. A l’heure où l’on compte encore les morts, un débat sur les armes est «prématuré», dixit la Maison-Blanche.

Les quelque soixante victimes viennent s’ajouter aux quelque onze milles décès par balles depuis le début de l’année 2017 sur sol étasunien.

Faut-il donc que le nombre de victimes enfle encore? Sans doute le poids du lobby des armes pèse davantage que la douleur vécue par les familles des victimes, a fortiori innocentes. Peut-être même que ce «mal absolu» qu’a dénoncé Donald Trump à propos de la tuerie de Las Vegas résulte d’une liberté d’expression de fanatiques américains qui, après l’élection du nouveau président, semble prendre de l’ampleur.

En attendant, retour à l’hôtel Mandalay Bay de Las Vegas, ce même l’établissement d’où le tireur a abattu 59 personnes. La pire fusillade de l’histoire américaine moderne ne semble pas avoir sapé l’enthousiasme des joueurs de l’hôtel-casino. Douze heures à peine après la fusillade, les joueurs laissent échapper un cri de joie quand le barman annonce le début de l'»happy hour», la période où les boissons sont moins chères qu’en soirée… «Rien ne va plus» à Las Vegas.

Grégory Roth | 3 octobre 2017

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