Cameroun: Les évêques des régions anglophones dénoncent une répression «barbare»

Les évêques des deux régions anglophones du Cameroun, Bamenda et Buéa, en conflit avec Yaoundé depuis un an, ont condamné «la barbarie et l’usage irresponsable d’armes à feu contre les civils non armés». Les Forces de défense et de sécurité ont violemment réprimé une manifestation de séparatistes le 1er octobre 2017.

Selon diverses sources, dimanche 1er octobre dernier, entre 10 et 17 personnes ont été tuées dans ces deux régions, par les forces de sécurité, lors d’une intervention musclée contre des populations qui ont  déclaré symboliquement d’indépendance de la partie anglophone du Cameroun. La date du 1er octobre marque l’anniversaire de la réunification du Cameroun francophone et anglophone en 1961.

L’anniversaire de la réunification de 1961

Depuis un an, les anglophones réclament un retour au fédéralisme, estimant être lésés par l’unification. Les évêques des deux régions anglophones ont estimé que même si les forces de l’ordre ont réagi à des provocations, l’usage de la force a été excessif et sans discrimination. Des grenades lacrymogènes ont été lancées contre des fidèles qui sortaient d’une messe à l’église, d’autres ont été pourchassés dans leurs maisons, d’autres encore ont été arrêtés.

Des fidèles ont été mutilés, ont souligné les prélats, qui affirment que des adolescents sans défense et des personnes âgées ont été tués par des tirs, notamment depuis des hélicoptères. «Des  corps de victimes ont été emportés on ne sait où», ont-ils indiqué, en soulignant que le fait de qualifier de «terroristes» certains Camerounais anglophones est «une manière subtile d’appeler à ce qu’on peut décrire comme une épuration ethnique ou un génocide». Car tous les Camerounais anglophones sont désormais considérés comme terroristes, «et en tant que tels, ils peuvent être éliminés».

Une crise qui couve depuis longtemps

Les évêques des régions anglophones ont réclamé la libération de toutes les personnes arrêtées en relation à la crise, seule préalable à «un dialogue qui doit s’ouvrir au plus vite». Les autorités camerounaises ont dit vouloir prendre le temps d’étudier cette déclaration avant de répondre «de manière appropriée à des accusations, d’autant plus qu’elles émanent d’hommes d’Eglise».

Le dimanche 1er octobre dernier, divers mouvements sécessionnistes anglophones, qui avaient appelé à manifester dans les régions du Nord-Ouest et du Sud-Ouest, ont proclamé l’indépendance de ces régions et annoncé la naissance d’un nouvel Etat baptisé «Ambazonia», provoquant une forte répression du pouvoir de Yaoundé, qui a décrété à Bamenda et à Buéa un couvre-feu et de sévères restrictions de mouvements des populations locales.  (cath.ch/ibc/rfi/bbc/be)

 

Jacques Berset

Portail catholique suisse

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