Loi sur le changement de sexe en Grèce: les protestations de l’Eglise n'y ont rien fait

Les protestations de l’Eglise orthodoxe de Grèce contre le projet de loi «Sur le libre changement de sexe» n’y ont rien fait. Il a été adopté par une majorité des parlementaires grecs le 10 octobre 2017.

A partir de 15 ans, les citoyens pourront demander de modifier la mention «féminin» ou «masculin» sur leur état civil sans intervention chirurgicale ou examen médical.

«Bouleversement dans la société et dans l’Eglise»

Le débat pour l’adoption de cette nouvelle législation a provoqué une vive polémique avec l’Eglise de Grèce, mais aussi avec les partis d’opposition, notamment le parti conservateur Nouvelle Démocratie. La position de l’Eglise s’est heurtée à des réactions de mécontentement de la part du Premier ministre grec et de membres du Parlement hellénique. Les évêques grecs ont suivi de près les débats précédant l’adoption de cette loi «qui cause un bouleversement dans la société et dans l’Eglise».

Depuis la tribune du Parlement, Nikos Filis, ancien ministre de l’Instruction publique et député du parti au pouvoir, a accusé l’Eglise d’immixtion dans la politique et de transgression des «droits de l’homme», rapporte Orthodoxie, le site d’information orthodoxe sur internet.

Progrès contre obscurantisme ?

Le Premier ministre Alexis Tsipras, avant le vote, avait appelé les députés grecs à manifester de «l’héroïsme politique» en soutenant la loi en question. «Nous vivons en Europe – cela signifie que nous aspirons au progrès, et ne demeurons pas dans l’obscurantisme. Nous développons les droits de l’homme et modernisons le pays… Aucune tradition, aucune religion ne peut être au-dessus des droits de l’Homme», a-t-il lancé à cette occasion.

De son côté, la hiérarchie de l’Eglise de Grèce a déclaré que «la soi-disant élite, démontrant son étroitesse d’esprit et son provincialisme, à l’instar des singes, copie tout, successivement, chez les pays ayant une autre histoire, d’autres traditions et mœurs».

L’Eglise privée de son droit de parole

En refusant constamment à l’Eglise le droit de s’exprimer sur des questions d’actualité, déplore la hiérarchie orthodoxe, les représentants de l’élite la privent de son droit de parole tandis que «lorsque quelqu’un se moque, outrage et calomnie l’Eglise et son clergé, la liberté de parole devient illimitée et ›sacrée’ !»

Le Saint-Synode de l’Eglise orthodoxe de Grèce a en vain demandé le retrait du projet de loi. Réunis le 7 octobre 2017 sous la présidence de l’archevêque d’Athènes Jérôme, les évêques avaient examiné le projet de loi «Sur le libre changement de sexe».

Le sexe est un héritage sacré

Ils estiment que «le sexe est un héritage sacré donné à l’homme [qui] n’est pas sujet à changement». «Il est un don divin à l’homme, que celui-ci doit valoriser pour sa sanctification».

Le Saint-Synode considère que la jurisprudence des tribunaux helléniques couvre, là où cela est nécessaire, les problèmes existants, étant donné que le sexe n’est jamais choisi librement ni changé sur demande, mais est déterminé sur la base des caractéristiques anatomiques, physiologiques et biologiques qui définissent l’identité d’un homme telle qu’elle est établie par les rapports médicaux destinés au tribunal. «La loi ne peut se contenter d’une déclaration du citoyen, non étayée scientifiquement, qui peut être changée plus tard».

Une attaque contre l’institution sacrée de la famille

Pour les évêques orthodoxes, parlant de «mort spirituelle de l’homme», la loi adoptée «suscite des émotions dans la société, attaque l’institution sacrée de la famille, contredit les bonnes mœurs et le sens commun, et avant tout détruit la personne». Au lieu de diminuer la confusion et les désordres mentaux, poursuivent-ils, cette loi les accentuera «et donnera naissance à un dangereux phénomène social, particulièrement lorsqu’il créera également une situation explosive dans les écoles».

La Communauté du Mont Athos a également fait entendre sa voix. Elle s’est adressée, sans succès,  aux ministres de la Justice et des Affaires religieuses, Stavros Kontonis et Konstantinos Gavroglou, ainsi qu’aux membres du Parlement hellénique. Les représentants des vingt monastères athonites ont déclaré qu’ils ressentaient à ce propos de l’anxiété et de la préoccupation pour la foi orthodoxe en Grèce.

Les moines athonites considèrent que cette loi constitue une «lutte contre Dieu et un défi lancé au Créateur lui-même et à ses commandements divins», en citant les paroles bibliques «Dieu créa l’homme à son image, il le créa à l’image de Dieu, il créa l’homme et la femme» (Gen. 1,27). Les membres de la Communauté ont demandé en vain aux deux ministres et à tous les parlementaires grecs de ne pas permettre «un tel blasphème dans notre patrie orthodoxe, ce qui lance un défi (…) au commandement divin». (cath.ch/orthodoxie/be)

 

 

Jacques Berset

Portail catholique suisse

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