Décès du cardinal philippin Ricardo Vidal

Le cardinal philippin Ricardo Vidal, archevêque émérite de Cebu, aux Philippines, est décédé dans la matinée du 18 octobre 2017 a l’âge de 86 ans. Evêque  durant 28 ans du plus grand diocèse du pays, Ricardo Vidal était une figure marquante de l’Eglise de l’archipel asiatique.

Nommé coadjuteur de l’archidiocèse de Cebu en 1981, il en a pris la conduite pastorale un an après, succédant au cardinal Julio Rosales. Mgr Vidal a notamment été président de la Conférence épiscopale des Philippines de 1985 à 1987. Créé cardinal en 1985, il a participé au conclave d’avril 2005 qui a élu le pape Benoît XVI. Le cardinal Vidal a démissionné de sa charge à la tête de l’archidiocèse de Cebu en 2010, à l’âge de 80 ans. Son décès porte le conseil cardinalice au nombre de 219 membres, dont 120 électeurs.

Figure clé de la révolution

Au cours de son long épiscopat, de 1971 à 2010, Mgr Ricardo Vidal a été une figure importante de la vie de l’Eglise et de la société des Philippines. Un an après avoir été nommé cardinal par le pape Jean-Paul II, en 1985 il est élu président de la Conférence épiscopale des Philippines (CBCP). Cette période coïncide avec celle de la chute de la dictature du président Marcos pour laquelle les évêques s’étaient notoirement engagée. Bien qu’il ait joué un rôle déterminant dans le renversement du régime de Marcos, le cardinal Vidal n’avait pas hésité à s’envoler pour Hawaï en 1989 afin de donner à l’ancien président le sacrement de l’extrême onction.

En 1989, la présidente Corazon Aquino demande au cardinal Vidal de convaincre le général José Comendador, alors chef de l’armée de l’air, sympathique aux forces rebelles qui combattent son gouvernement, de se rendre pacifiquement. Son intervention a évité ce qui aurait pu être un coup d’état sanglant. En 2001, le cardinal intervient à nouveau discrètement pour convaincre le président Joseph Estrada de démissionner face au soulèvement populaire contre son régime.

Au moment de sa démission en 2010, le Sénat des Philippines a reconnu officiellement dans une résolution les services et le leadership du cardinal Vidal.

Un destin inattendu

Le destin du cardinal Vidal aurait pu être tout autre puisque comme il le racontait lui-même, il avait failli ne pas devenir prêtre. En troisième année de séminaire, il fut en effet renvoyé chez lui parce qu’il était malade. «J’étais si triste. En rentrant chez moi, je passais par une église, et c’est là que j’ai prié intensément devant le Saint Sacrement.» Sa santé s’est alors améliorée et il a été ordonné prêtre en 1956.

Vicaire de paroisse dans sa ville natale de Mogpog, il est également professeur au séminaire avant d’être nommé évêque coadjuteur de Malolos en 1971. Moins de deux ans plus tard il est désigné archevêque de Lipa par le pape Paul VI.

En 1981, Mgr Vidal est envoyé à Cebu par le pape Jean-Paul II. Ne parlant pas la langue locale cebuano, il ne voulait pas y aller. «Je suis personnellement allé voir le pape Jean-Paul II pour exprimer ma demande «, racontait-il. Mais il m’ a dit:»Je viens aussi de Pologne, et pourtant le Seigneur m’ a fait venir à Rome», et j’ai donc accepté ouvertement ma mission à Cebu. J’ai appris la langue et j’ai fini par tomber amoureux de ma mission. Les gens de Cebu sont si gentils avec moi.»

Mgr Vidal a alors repris l’archidiocèse de Cebu, le plus grand du pays avec 400 prêtres diocésains, 200 prêtres de diverses congrégations religieuses et environ quatre millions de catholiques. Bien qu’ayant atteint en 2006, l’ âge de la retraite de 75 ans pour les évêques, le cardinal est resté en poste encore quatre ans jusqu’en octobre 2010, date où le pape Benoît XVI a accepté sa démission.

Il avait choisi de passer sa retraite à Cebu. Ses conseils étaient toujours sollicités par les dirigeants politiques et ecclésiastiques du pays. En juillet 2016, il avait ainsi rencontré le président Rodrigo Duterte, espérant combler le fossé entre les évêques de l’Église catholique et la nouvelle administration. Souffrant de problèmes cardiaques et pulmonaires depuis 2014, le cardinal était hospitalisé depuis une semaine.

Condoléances du pape

Dans un télégramme adressé à l’actuel archevêque de Cebu, le pape François s’est dit «très attristé» et a exprimé sa «profonde gratitude» pour les «services dévoués et infatigables rendus à l’Eglise» par le défunt cardinal. Le pontife a également salué «son plaidoyer constant pour le dialogue et pour la paix pour tout le peuple des Philippines». (cath.ch/imedia/ag/mp)

 

Maurice Page

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