Brésil: CIMI, 45 ans de persistance et d’espoir

Le Conseil indigéniste missionnaire (CIMI) a tenu sa 22ème assemblée générale, du 24 au 27 octobre 2017, à Luziânia, au centre du Brésil. L’année du 45ème anniversaire de sa création, l’organisme lié à la Conférence nationale des évêques du Brésil (CNBB) a choisi comme thème »Persistance et espoir dans l’affirmation de la vie».

Missionnaires, collaborateurs, invités et leaders indigènes se sont réunis pour débattre de la situation actuelle des peuples indigènes du Brésil, des luttes en cours pour la défense des terres indigènes et des stratégies à adopter «pour faire face à un Etat brésilien qui cherche à imposer, à travers différents amendements en cours d’examen au Congrès national, de graves retours en arrière concernant les droits de peuples indigènes».

Les témoignages des onze délégations présentes sont les mêmes: de grandes entreprises investissent dans l’agrobusiness en transformant les forêts en pâturages, et de nombreux territoires font l’objet d’attaques au profit des intérêts de propriétaires terriens.

Peu de moyens, beaucoup de volonté

Egon Heck, du Secrétariat national du CIMI, l’un des fondateurs de l’entité, a rappelé que l’Amazonie a toujours constitué un immense défi, et le sera encore dans le futur. «Nous allons continuer à devoir affronter de grands intérêts économiques» avec des moyens financiers limités, mais beaucoup de volonté humaine. «Nous sommes parvenus à augmenter la présence missionnaire dans certaines régions du pays comme la région Nord 1 (région de Manaus, capitale de l’Etat d’Amazonas), grâce à des personnes motivées par ce travail si important», a-t-il souligné.

Terres homologuées… envahies

L’actuelle coordinatrice de la région Nord 1, Adriana Huber Azevedo, a souligné que, bien que cette région soit celle qui compte le plus d’homologations de terres au profit des peuples indigènes, 180 autres demandes d’homologation sont toujours en attente, sachant que 130 d’entre elles n’ont même pas fait l’objet d’un début de traitement par la Fondation nationale de l’Indien (FUNAI). Cet organisme public est chargé de veiller à la défense des droits des peuples indigènes garantis par la Constitution de 1988. «Les terres indigènes déjà démarquées souffrent d’envahissements, que ce soit de grandes entreprises privées et publiques, de chercheurs d’or ou d’exploitants forestiers», assure Adriana Huber Azevedo.

Violence et racisme

Cette rencontre, selon les participants, est également un moment au cours duquel les missionnaires échangent leur expérience sur la pluralité des peuples accompagnés par le CIMI. «Il existe de nombreuses différences dans les situations rencontrées et dans les vécus, mais le racisme, la violence et le manque de garanties sur les homologations de terres démontrent qu’il existe une situation commune qui concerne aussi bien les peuples indigènes qui vivent dans un contexte urbain ou rural», a indiqué Alexandro Silva, de la région Sud du CIMI.

Apprendre avec les indiens

Durant cette 22ème assemblée, les responsables du CIMI ont rappelé que leur objectif premier était d’accompagner les peuples indigènes dans la défense de leurs droits et de leur vie. «Face au contexte politique particulièrement difficile pour les peuples indigènes, nous comprenons que ces derniers aient pour réponse la résistance et l’espoir», a affirmé Cleber Buzatto secrétaire exécutif du CIMI.

Pour le coordinateur de la région Sud, Roberto Liebgott, «le prophétisme des indigènes, la résilience et la mystique les a amenés jusqu’ici. Nous avons sans aucun doute, tous et toutes, à apprendre de cela. L’assemblée du CIMI est un espace dans lequel les missionnaires renouvellent leurs vœux de fidélité aux peuples indigènes et, surtout, apprennent avec eux». (cath.ch/jcg/rz)

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Raphaël Zbinden

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