Les réticences théologiques de Mgr Philippe Delhaye

Louvain: thèse sur l’évolution de la notion de loi naturelle (260694)

Louvain-la-Neuve, 26juin(APIC) Eric Gaziaux, théologien laïc, de Namur,

vient de présenter à Louvain-la-Neuve une thèse de doctorat consacrée au

moraliste belge, Mgr Philippe Delhaye (1912-1990), dont il a fait ressortir

l’évolution de la pensée et notamment ses réserves à l’égard des références

à la nature ou à la loi naturelle .

Les moralistes se sont longtemps appuyés sur les notions de « nature », de

« loi naturelle » ou de « droit naturel ». Tel comportement, disait-on, était

immoral parce que « contraire à la nature ». Tel autre était recommandé car

il correspondait aux « exigences de la loi naturelle ». Après une éclipse,

ces notions ont été ramenées au premier plan notamment par la bioéthique,

la crise écologique, la défense des droits de l’homme.

Pour un théologien, faire appel à la « loi de la nature » ou au « droit naturel » ne va pas toutefois sans problème. Il sait qu’à côté de merveilleuses créatures, la « nature » présente aussi des monstres. Que vaut alors une

justification morale fondée sur « la loi naturelle »? D’autre part, qu’est-ce

qui distingue la morale chrétienne d’une autre morale? Autant de questions

qu’aborde Eric Gaziaux.

Le doctorand s’est intéressé dans ce domaine à la pensée d’un autre

théologien namurois: Mgr Philippe Delhaye, décédé le 20 mars 1990 à l’âge

de 78 ans, après une longue carrière de professeur de théologie morale,

d’abord à l’Université Catholique de Lille (1945-1959), puis aux Facultés

de théologie de Lyon et de Montréal (1959-1966), enfin à l’Université catholique de Louvain (1966-1982). Membre de la Commission théologique internationale créée par Paul VI en 1969 dans le cadre de la Congrégation pour

la Doctrine de la Foi, Mgr Delhaye en devint en 1972 le premier secrétaire,

fonction qu’il assuma jusqu’à l’âge de 75 ans en 1989.

Mgr Delhaye s’est prononcé en faveur du renouveau de la théologie morale

par son ressourcement à l’Ecriture Sainte, explique E. Gaziaux. « Plaidant

pour un emploi plus souple de la loi naturelle (…), il préfère au terme

de ’nature’ celui de ’dignité de la personne humaine’. Il se fit le héraut

d’une morale biblique et fut un des principaux promoteurs d’une éthique de

la foi, représentative d’une morale spécifiquement chrétienne. »

L’influence de Vatican II

Des écrits de Mgr Delhaye, résumés dans une première partie, E. Gaziaux

dégage deux influences majeures: le concile Vatican II et saint Thomas

d’Aquin. Il replace ensuite l’oeuvre du moraliste belge dans le contexte de

son époque, notamment dans le débat engagé avec le courant de la morale autonome, et avec un de ses représentants, J. Fuchs.

Le doctorand met en dialogue enfin les deux principaux courants de la

morale catholique d’après Vatican II. Cette troisième partie fournit les

éléments nécessaires à une confrontation finale entre « une morale de la

foi » (Ph. Delhaye) et « une morale autonome » (J. Fuchs). Cette confrontation

est l’occasion de porter un regard nouveau et critique sur les relations

entre « nature et création », « nature et grâce », « nature et personne ». Un

dernier chapitre invite le chrétien qui se préoccupe de l’agir moral à garder les yeux ouverts sur la destinée ultime des hommes dans le Royaume,

dont Jésus a inauguré la venue. (apic/cip/mp)

Eric GAZIAUX, « L’évolution de la référence au droit naturel dans l’oeuvre

théologique de Mgr Ph. Delhaye (1912-1990) », 2 vol, 599 p.

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