Birmanie: le cardinal Bo appelle à la réconciliation nationale

Le cardinal Charles Maung Bo, archevêque de Rangoon, a exprimé dans une lettre datée du 8 novembre 2017, un souhait de réconciliation et de reconstruction pour son pays secoué par la crise des réfugiés Rohingyas depuis la fin du mois d’août. Un message diffusé alors que le pape François se rendra en Birmanie du 27 au 30 novembre, rapporte Radio Vatican le 9 novembre 2017.

«Nous sommes heureux des efforts du gouvernement dans l’application des recommandations de Kofi Annan. Le dialogue entre la Birmanie et le Bangladesh dans le processus de rapatriement des réfugiés est encourageant. Notre gouvernement a besoin de notre reconnaissance et soutien durant cette période», constate Mgr Charles Maung Bo.

De nombreux défis à relever

De nombreux défis sont à relever pour ce pays de 51 millions d’habitants: la pauvreté d’une majorité d’entre eux, la souffrance de ceux qui sont traités comme des esclaves dans les pays frontaliers, les conflits qui bordent les frontières du pays et le trafic de drogue dans la région.

«La jeunesse birmane mérite une éducation et des offres d’emploi de qualité», a pointé le cardinal birman, appelant les industriels, les universitaires, les hommes politiques et toutes les autres professions à bâtir un avenir paisible et prospère pour la jeune génération. »Nous avons souffert depuis soixante ans. Il y en a assez. La haine doit céder sa place aux rêves. Les discours de haine effraient les touristes, les investisseurs et même nos amis, qui nous ont supporté toutes ces années durant».

La responsabilité des autorités religieuses

Les responsables religieux portent en eux une grande responsabilité morale, selon l’archevêque de Rangoon. Ceux-ci doivent donc adopter une extrême prudence. Citant Bouddha sur «l’unicité de toute forme de vie», le cardinal Bo a insisté sur la nécessité de la compassion: «aux cœurs compatissants, ›l’autre’ n’existe pas».

Des sanctions contre-productives

Le message est diffusé par Mgr Bo à quelques semaines de la venue du pape en République de Myanmar, alors que la crise des réfugiés Rohingyas n’est de loin pas résolue. La violence à l’égard des membres de cette minorité musulmane a fait des milliers de victimes et a forcé 600’000 d’entre eux à l’exil au Bangladesh voisin depuis août 2017. Ce déplacement massif a engendré une crise humanitaire majeure.
Le pays doit faire face à des sanctions de la part de la communauté internationale et les tergiversations de la porte-parole du gouvernement Aung San Suu Kyi à condamner les violences, l’ont discréditée sur la scène internationale.

La Conférence des évêques birmans estime, par la voix de son directeur de la communication, le Père Mariano Soe Naing, que des sanctions contre le pays seraient contre-productives. En effet, «elles freineront les réformes amorcées pour développer la croissance et endiguer la pauvreté du pays». Mgr Alexander Pyone Cho, évêque de Pyay (ouest du pays) a expliqué pour sa part, que la Birmanie a besoin d’une aide internationale pour se reconstruire. Les sanctions ne représentent pas selon lui la meilleure solution. (cath.ch/radvat/bh)

Bernard Hallet

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