Armes nucléaires: le Saint-Siège prône un changement de politique internationale

Les cardinaux Pietro Parolin, secrétaire d’Etat du Saint-Siège, et Peter Turkson, préfet du Dicastère pour le développement humain intégral, ont ouvert le 10 novembre 2017 les travaux du symposium sur le ›désarmement intégral’. Ils demandent de mettre un terme au gaspillage des ressources allouées aux armes nucléaires, qualifié de «vol».

Bien que l’humanité soit «au bord d’un holocauste», «nous sommes ici pour partager la Bonne nouvelle», a affirmé d’emblée le cardinal Peter Turkson, devant les 350 participants réunis au Vatican pour le symposium sur le désarmement intégral. «La peur de la catastrophe nucléaire est si forte que nous pouvons la toucher tous les jours», a-t-il ajouté.

Le prélat a aussi remarqué la coïncidence de dates, non anticipée, entre le symposium et le voyage du président américain Donald Trump en Asie. «C’est la Providence», a-t-il souligné, provoquant l’assentiment de l’assistance, alors que les tensions entre les Etats-Unis et la Corée du Nord sur le nucléaire sont très fortes.

Moment historique

«Le moment est historique», a poursuivi le cardinal Turkson, car il concerne les générations futures, et nécessite donc de prendre des décisions. Il s’agit en premier lieu d’encourager les Etats à réduire leur stratégie de réduction des armes nucléaires.

De son côté, le cardinal  Parolin a demandé un véritable changement de cap à la communauté internationale, afin de repenser nos priorités pour la paix au 21e siècle. Même si cela peut sembler une utopie de parler de désarmement intégral, a-t-il concédé, en ces temps complexes et incertains.

En réalité, le Saint-Siège est porteur d’une approche plus clairvoyante, et à long terme, au sein des Etats du monde. «Il faut donc la prendre en compte», a plaidé le ›numéro deux’ du Vatican, pointant en particulier l’augmentation constante et alarmante des dépenses d’armement.

Vol de ressources 

Reprenant une expression du président américain Dwight Eisenhower, les armes nucléaires sont un «vol» de ressources par rapport aux besoins réels des populations, a renchéri le cardinal Turkson. »Un bombardier coûte aussi cher que des logements pour 8.000 personnes», a-t-il relevé. Avec le coût de ces armes, on pourrait ainsi construire des écoles, des hôpitaux et des routes.

Enfin, le cardinal Parolin a souligné l’importance de promouvoir une culture de vie et de paix, fondée sur la primauté de la personne. Et le besoin de créer des structures basées sur la confiance entre les individus et les peuples, plutôt que sur la peur.

Il s’agit de «redécouvrir l’être humain», a appuyé Mohammed Yunus, entrepreneur bangladais et prix Nobel de la paix 2006. Quant à la représentante de l’Organisation des Nations Unies (ONU), Izumi Nakamitsu, elle a salué les efforts «continus» du Saint-Siège en faveur du désarmement, et sa «voix morale cohérente». L’Etat du Vatican a été un des premiers signataires, le 20 septembre dernier, du Traité d’interdiction des armes nucléaires.

Ouvert dans la nouvelle salle du synode au Vatican, par la prière du Veni sancte spiritu, le symposium doit se poursuivre par une audience avec le pape François à la salle Clémentine. Il se conclura par une messe le 11 novembre dans la basilique Saint-Pierre. (cath.ch/imedia/ap/bh)

Bernard Hallet

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