Evangile de dimanche: la parabole des talents

En cette fin d’année liturgique nous lisons la dernière parabole rapportée par Matthieu.

Un Maître qui fait confiance et respecte les compétences de ses serviteurs (14-15)

S’apprêtant à partir pour l’étranger un homme confie à ses serviteurs ses biens qui s’avèrent être des talents, à savoir de grosses sommes, le talent équivalant à peu près à 10’000 journées de travail.

Les talents ne sont donc pas ici des capacités humaines, mais bien de l’argent appartenant à celui qui s’en va. Ce dernier connaît bien ses serviteurs puisqu’il respecte leurs capacités en leur accordant des sommes adaptées: 5, 2 ou 1 talent.

Les comportements des serviteurs (16-18)

Ceux qui ont reçu 5 et 2 talents les font travailler et doublent la somme.

Celui qui n’a reçu qu’un talent dégage sa responsabilité civile en cachant dans la terre l’argent de son Maître – Seigneur.

Reddition et conséquences des comportements (19-30)

Le retour du Maître-Seigneur se fait après beaucoup de temps ; il règle alors ses comptes avec ses serviteurs (19).

Les deux premiers (20-23) se comportent de la même manière : ils ont fait fructifier l’argent confié par leur Maître qui les loue, les qualifiant de « bons et fidèles serviteurs », leur promettant en retour de plus grandes responsabilités (« sur beaucoup je t’établirai ») et les invitant à entrer dans sa joie.

Le troisième serviteur (24-25) agresse en quelque sorte son Maître, lui reprochant non seulement sa dureté, mais son injustice : « moissonnant où tu n’as pas semé et ramassant où tu n’as pas répandu ».

Une telle image du Maître ne pouvait que susciter la peur, le non-engagement (cf. le talent caché en terre) et le non-rapport de la somme confiée : « tu as ton bien ».

Le maître qualifie le serviteur de « mauvais et paresseux », d’inconséquent : une telle conception aurait au moins dû conduire à un placement (26-27).

Ce serviteur n’est pas fiable ; il est donc logique de lui retirer le talent reçu et resté stérile pour le confier à celui qui saura le faire fructifier (28). On est dans le monde des affaires où les lois sont celles suggérées par la sentence (29).

Le serviteur inutile n’a pas sa place avec le Maître qui donne l’ordre sans appel de l’éliminer en le rejetant dans un monde d’horreur (cf. les images de nuit, de pleur et de grincements de dents), aux antipodes de celui de la joie offerte aux autres serviteurs (30).

Une parabole riche de révélation…

Cette histoire révèle un Maître-Seigneur, qu’on devine être le Christ, qui va « s’absenter » (cf. le temps qui va de l’ascension à son retour à la fin des temps). Il entretient un rapport de confiance avec ses serviteurs, leur laissant le Royaume qu’il est venu instaurer et qui doit se déployer durant tout le temps de l’Eglise.

L’homme–serviteur hérite donc d’une magnifique responsabilité : poursuivre l’œuvre du Christ en prenant à cœur son projet.

Si l’image du Maître est bien en place, le serviteur va travailler à l’expansion du Royaume. Par contre, si la perception du Maître est caricaturale, elle conduit au retrait, à la suspicion et au légalisme (cf. « tu as ton talent ! »).

Les paroles du Maître sont catégoriques et sans appel, car il s’agit de l’heure du jugement (qui n’est plus celle de la conversion).

Le serviteur qui a pris à cœur le projet du Maître entre dans la joie définitive. Celui qui s’en est désintéressé ne saurait la partager…

Marie-Christine Varone | 17 novembre 2017


Mt 25, 14-30

En ce temps-là,
Jésus disait à ses disciples cette parabole :
« C’est comme un homme qui partait en voyage :
il appela ses serviteurs et leur confia ses biens.
À l’un il remit une somme de cinq talents,
à un autre deux talents,
au troisième un seul talent,
à chacun selon ses capacités.
Puis il partit.

Aussitôt,  celui qui avait reçu les cinq talents
s’en alla pour les faire valoir
et en gagna cinq autres.
De même, celui qui avait reçu deux talents
en gagna deux autres.
Mais celui qui n’en avait reçu qu’un
alla creuser la terre et cacha l’argent de son maître.

Longtemps après, le maître de ces serviteurs revint
et il leur demanda des comptes.
Celui qui avait reçu cinq talents s’approcha,
présenta cinq autres talents
et dit :
›Seigneur,
tu m’as confié cinq talents ;
voilà, j’en ai gagné cinq autres.’
Son maître lui déclara :
›Très bien, serviteur bon et fidèle,
tu as été fidèle pour peu de choses,
je t’en confierai beaucoup ;
entre dans la joie de ton seigneur.’
Celui qui avait reçu deux talents s’approcha aussi
et dit :
›Seigneur, tu m’as confié deux talents ;
voilà, j’en ai gagné deux autres.’
Son maître lui déclara :
›Très bien, serviteur bon et fidèle,
tu as été fidèle pour peu de choses,
je t’en confierai beaucoup ;
entre dans la joie de ton seigneur.’

Celui qui avait reçu un seul talent s’approcha aussi
et dit :
›Seigneur,
je savais que tu es un homme dur :
tu moissonnes là où tu n’as pas semé,
tu ramasses là où tu n’as pas répandu le grain.
J’ai eu peur, et je suis allé cacher ton talent dans la terre.
Le voici. Tu as ce qui t’appartient.’
Son maître lui répliqua :
›Serviteur mauvais et paresseux,
tu savais que je moissonne là où je n’ai pas semé,
que je ramasse le grain là où je ne l’ai pas répandu.
Alors, il fallait placer mon argent à la banque ;
et, à mon retour, je l’aurais retrouvé avec les intérêts.
Enlevez-lui donc son talent
et donnez-le à celui qui en a dix.
À celui qui a, on donnera encore,
et il sera dans l’abondance ;
mais celui qui n’a rien
se verra enlever même ce qu’il a.
Quant à ce serviteur bon à rien,
jetez-le dans les ténèbres extérieures ;
là, il y aura des pleurs et des grincements de dents !’ »

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