Rejeter la Sagesse?

Nous avons la chance d’avoir ces jours des textes du Livre de la Sagesse dans les lectures liturgiques. Ces documents sont souvent négligés, parfois même proscrits.

Les Réformateurs du 16e siècle l’ont placé dans la catégorie des Apocryphes, car ils étaient écrits en grec. Luther et ses proches ne croyaient qu’à l’Hebraea veritas, c’est-à-dire aux textes écrits en hébreu. Ils jetaient ainsi le discrédit sur la pensée et la philosophie grecques, considérées comme païennes.

Rejeter le Livre de la Sagesse, c’est rejeter la sagesse elle-même

Or la rédaction des livres sapientiaux, que le concile de Trente met au rang des textes canoniques, représente au contraire une étape fondamentale du dialogue de la théologie juive avec le monde hellénistique.

Cet échange s’est produit en Égypte, à Alexandrie, au sein de la très vivante et riche communauté juive. Elle a réalisé la traduction en grec de la Bible et ses philosophes et théologiens ont rayonné sur le monde intellectuel de tout l’empire romain. Une étape qui a permis l’expansion du christianisme à partir du premier siècle.

Ces livres grecs de la Bible sont un événement  capital pour la civilisation occidentale car à travers eux se nouent les rapports entre les sources juives, grecques, romaines, égyptiennes et indiennes de notre culture. Rejeter le Livre de la Sagesse, c’est rejeter la sagesse elle-même, et rejeter la sagesse c’est partir en direction du fanatisme. Or nous sommes à une époque où le fanatisme s’attaque aux racines de notre civilisation sous la forme de l’islamisme. Cet islam qui a éteint la prodigieuse lumière d’Alexandrie comme celle de Constantinople.

Jean-Blaise Fellay | 14.11.2017

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