Cardinal Koch: «Christianisme et judaïsme sont indissociables»

«Le christianisme et le judaïsme sont liés d’une manière particulière et unique», affirme le cardinal suisse Kurt Koch. Il détaille, dans la revue des communautés israélites de Suisse Tachles du 17 novembre 2017, sa vision de la relation entre les deux religions.

Le cardinal Koch est depuis juillet 2010, président du Conseil pontifical pour la promotion de l’unité des chrétiens et président de la Commission du Saint-Siège pour les relations avec le judaïsme. Depuis, l’ancien évêque de Bâle a multiplié les rencontres avec des représentants de la communauté juive, dans de nombreux endroits du monde, dénonçant à maintes reprises l’antisémitisme et mettant en avant l’importance du judaïsme pour le christianisme.

Il rappelle toutefois dans Tachles, la complexité de la relation entre les deux religions, qui «oscille entre intimité et distance, entre familiarité et aliénation, entre amour et haine». Il souligne que Jésus ne peut pas être compris sans le judaïsme et que les racines du christianisme se trouvent dans l’Ancien Testament, dont il se nourrit constamment.

Les chrétiens, complices de la Shoah?

Le cardinal déplore que la relation entre juifs et chrétiens se soit détériorée au cours de l’histoire, «au fur et à mesure que se perdait la conscience d’appartenir à la même famille». Le lien entre juifs et chrétiens a été soumis à de fortes pressions et hostilités, ce qui a malheureusement conduit à des comportements anti-juifs et des violences qui ont culminé dans les pogroms et l’Holocauste.

Le prélat suisse souligne que cette tragédie ne peut et ne doit pas être attribuée au christianisme en tant que tel. La Shoah était plutôt dirigée par une idéologie nazie néo-païenne et anti-chrétienne, qui visait à détruire, au-delà du judaïsme, l’héritage juif dans le christianisme, relève-t-il.

«La redéfinition de la relation avec le judaïsme a produit de riches fruits»

«Mais nous, chrétiens, ne pouvons pas minimiser notre complicité dans ces terribles développements», admet Mgr Koch. Il déplore ainsi une résistance chrétienne au nazisme «inadéquate». Il l’explique notamment par l’anti-judaïsme théologique des chrétiens «répandu pendant des siècles et qui avait renforcé une apathie généralisée envers les Juifs».

«Nous les chrétiens, devons donc en sincérité regretter que seul le crime incomparable de la Shoah ait pu créer une véritable remise en question de notre relation avec le judaïsme», affirme le cardinal.

Un signe de réconciliation pour le monde

Il remarque qu’à cet égard, la déclaration Nostra Aetate du Concile Vatican II (1965) a permis un nouveau départ fondamental dans les relations entre juifs et chrétiens. «Avec cette déclaration, le Concile Vatican II a condamné et rejeté toutes les manifestations de haine, de persécutions, de calomnies et de manifestations antisémites de la part des soi-disant chrétiens». Le Concile a également réaffirmé la paternité partagée des juifs et des chrétiens, ainsi que les racines juives du christianisme. Il a enfin exprimé le désir ardent de renforcer la compréhension mutuelle et le respect entre les représentants des deux religions. «Après plus de 50 ans, nous pouvons dire avec gratitude que cette redéfinition théologique de la relation avec le judaïsme (…) a produit de riches fruits (…)», se réjouit le responsable du Saint-Siège pour les contacts avec le monde juif.

Il voit ainsi positivement l’avenir de cette relation. «Le peuple juif et l’Eglise restent unis selon l’alliance (…) s’acceptant mutuellement dans une réconciliation intérieure tirée des sources de leurs croyances respectives. Ils deviennent ainsi un signe et un instrument de réconciliation pour le monde (…)», conclut Mgr Koch. (cath.ch/tachles/rz)

Raphaël Zbinden

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