Une recherche permanente de l’universel

Le christianisme est une religion universelle. Non pas au sens d’un universel de surplomb, indiscutable et dominateur. Mais au sens d’une recherche permanente de l’universel. Le christianisme met en œuvre un universel réitératif (pour reprendre le langage de Michael Walzer).

Toutes les confessions chrétiennes sont, de ce fait, partielles. Le catholicisme romain doit sans cesse s’en souvenir, lui qui pèche trop souvent par sentiment naturel de supériorité et de totalité. Rome n’est qu’une confession, pape compris. Le protestantisme, à force de se définir consciemment ou inconsciemment comme un anti-catholicisme structurel et viscéral, doit se rappeler sans cesse, pour parler comme Paul Tillich, que le principe protestant est inséparable de la substance catholique. Cela vaut aussi bien pour les grandes Eglises issues de la Réforme (luthériens, réformés) que pour les différentes moutures évangéliques.
Quant à l’orthodoxie, son éclatement national et céphalique (Athènes, Moscou, Constantinople, etc.) ne cesse de relativiser ses prétentions à la vérité unique (orthodoxie). Et ce n’est pas un courant théologique multiconfessionnel comme l’orthodoxie radicale qui vient diminuer les difficultés des prétentions inconsidérées à l’orthodoxie.

«L’idée reste donc un véritable concile œcuménique, réunissant toutes les confessions chrétiennes»

Bref: pour nous, toutes les formes historiques et sociologiques du christianisme sont aussi des expressions substantielles de la recherche de la vérité. Ni le totalitarisme doctrinal catholique, ni l’auto-suffisance soi-disant évangélique ou biblique des protestantismes, ni les variantes ecclésiales ou théologiques de l’orthodoxie ne sont satisfaisantes. Ni méthodologiquement, ni théologiquement. Le magistère romain, un concile, un synode et bien d’autres structures d’autorité peuvent bien s’affirmer détenteurs ou proclamateurs de la vérité, l’intensité même de leur prétention doctrinale ne fait qu’augmenter le pluralisme de la différence chrétienne. Et si, par chance, diverses instances confessionnelles se réunissent pour émettre ensemble des normes œcuméniques nouvelles, le résultat de ces convergences n’est encore qu’une synthèse partielle et provisoire.

On l’a bien vu lors de la déclaration catholique-luthérienne sur la justification par la foi. L’idée reste donc un véritable concile œcuménique, réunissant toutes les confessions chrétiennes, et réuni par une instance pluriconfessionnelle. Un tel Concile, plus complexe encore que celui de Vatican II, demandera à son tour une mise en œuvre et une réception plus longues et plus dialectiques encore. Ce ne serait que l’aboutissement et le point d’orgue d’un long processus de dialogue, où chaque confession serait obligée de mieux se comprendre, dans sa diversité interne comme telle. Le chemin, on le voit, est sinueux et laborieux. Mais n’est-ce pas le prix de la recherche authentique de la vérité?

Denis Müller | 13 décembre 2017

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