Taizé: ouvrir les portes de sa maison et celles de son cœur

L’expérience de l’accueil fait partie des ingrédients indispensables de la recette Taizé. La plupart des jeunes participants à la rencontre européenne de Bâle ont ainsi trouvé gîte, couvert et amitié dans de nombreuses familles d’accueil. Reportage à Vicques (JU) au terme de cinq jours de cohabitation heureuse.

«Tu prends quoi grand-papy pour le coup du milieu? De la prune?» «Na zdrowie!» Autour de la table, les cultures et les langues se mélangent comme le Vacherin et le Gruyère de la fondue. A quelques encablures de Delémont, Guillaume et Sandrine ont ouvert les portes de leur maison à quatre Polonais qui participent à la rencontre européenne de Taizé.

Le programme est chargé pour les quatre pèlerins qui se connaissent depuis quelques jours. Les moments partagés avec leurs hôtes en sont d’autant plus intenses. Une soirée à chanter ensemble, quelques déjeuners partagés et l’une ou l’autre course de Vicques jusqu’à la gare de Delémont ont suffi à établir de véritables liens.

Le pari de la confiance

Mariusz en est à sa vingtième rencontre européenne de Taizé. Il reste émerveillé par la confiance de celles et ceux qui ouvrent la porte de leur maison – «et celle de leur cœur» – à de parfaits inconnus. C’est peut-être là le principal motif qui rapproche les uns des autres: le pari de la confiance, au-delà des peurs et des interrogations.

Après quelques regards timides et surpris, les deux enfants du couple ont adopté sans sourciller leurs nouveaux «locataires». Du haut de ses trois ans et demi, «Eloi leur a montré où étaient les prises électriques et comment allumer les lampes de chevet», explique Sandrine. La glace a rapidement été brisée.

Au-delà des stéréotypes

A l’heure de l’apéro, les langues se délient, en ce premier jour de l’an. On se débrouille. Un peu d’anglais, un peu d’italien. Les mots sont simples, mais suffisent à dire l’essentiel. «Avant de venir, je me suis renseigné sur Internet, explique Piotrek. J’ai lu que les Polonais n’étaient pas toujours bienvenus en Suisse. Ce n’est pas du tout ce que j’ai pu découvrir durant mon séjour». Pour lui, la Suisse rime avec «respect», «accueil», «partage», «amour». La magie des rencontres européennes de Taizé y est sans doute pour beaucoup.

Autant de valeurs chères au jeune couple baroudeur. «Nous avons fait de nombreux voyages sac au dos, explique Sandrine. Nous avons pu bénéficier de l’hospitalité de nombreuses âmes charitables. C’est tout à fait normal pour nous d’offrir ce que nous avons reçu en retour».

Durant ces quelques jours entre Bâle et le Jura, ce qui a le plus impressionné Rafal – hormis un petit jacuzzi vespéral sur la terrasse de la maison – c’est le mode de vie de ses hôtes. «Je m’attendais à voir Guillaume devant la télé quand nous rentrions de Bâle. Mais ici il n’y a pas de télé!, explique-t-il un brin étonné. Je le retrouvais à 11 heures du soir en train de pétrir son pain pour le lendemain».

«Accueillir quatre personnes durant quelques jours chamboule un peu notre quotidien, reprend Guillaume. Mais c’est pour nous des petits moments de bonheur. Et c’est leur somme qui fait la vie belle». Comme lorsque le Père Noël déboule au milieu du repas – devant les yeux écarquillés d’Eloi et Thaïs –, avec une chaussette pleine de cadeaux pour chacun sauf pour… Mariusz qui, malheureusement, était absent à ce moment-là. (cath.ch/pp)

Pierre Pistoletti

Portail catholique suisse

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