Migrants, Russie, Chine, voyages, synode…: les dossiers 2018 du pape François (AGENDA)

Après la célébration de l’Epiphanie le 6 janvier, concluant le temps de Noël, l’agenda 2018 du pape François se révèle déjà bien rempli. Que ce soit en interne avec le synode sur les jeunes et la canonisation de Paul VI, ou en externe, avec les migrants ou la politique italienne, les dossiers s’avèrent déjà chargés sur le bureau du Souverain pontife.

Le 14 janvier, le pape François célébrera pour la première fois une messe dans la basilique Saint-Pierre au Vatican à l’occasion de la Journée mondiale des migrants. Au cours de la période de Noël, le pontife avait de nouveau mis les migrants au cœur de son message. La Sainte Famille, avait-il expliqué dans son homélie de Noël, préfigure les migrants souvent en recherche de «survie» face aux Hérode modernes. Le 1er janvier, il avait confié les migrants et les réfugiés à la protection maternelle de la Vierge Marie. La question des migrants pourrait également être abordée lors des vœux aux ambassadeurs, également en janvier, alors que le Saint-Siège appuie le Pacte mondial en préparation aux Nations unies.

Plus largement, le pape se penchera sur l’état du monde. En clôturant l’année 2017, l’évêque de Rome avait déploré les guerres, les mensonges et l’injustice. Lors de cette allocution devant le corps diplomatique, le pape pourrait également aborder les questions de la péninsule coréenne et du désarmement nucléaire. Mais aussi celle de Jérusalem, alors que les Etats-Unis et plusieurs pays ont décidé de reconnaître cette ville comme capitale d’Israël. Une décision déplorée par le pontife, qui a appelé à plusieurs reprises au maintien du Statu quo et au dialogue entre les différentes parties.

Du 15 au 22 janvier, le Souverain pontife visitera deux pays de son continent d’origine : le Chili et le Pérou. Il s’agit pour le moment du seul voyage apostolique hors d’Italie officiellement confirmé par le Saint-Siège. En novembre dernier, la présidence lituanienne avait annoncé un voyage dans le pays et dans les Etats baltes à l’automne 2018, pour le centième anniversaire de leur indépendance vis-à-vis de la Russie. Un déplacement en Roumanie orthodoxe serait aussi envisagé.

L’actualité internationale du Saint-Siège pourrait également connaître des développements vis-à-vis de la Chine et de la Russie, deux pays que le pape aimerait visiter. Si ces voyages semblent pour le moment peu probables, le Vatican pourrait poursuivre son rapprochement avec ces Etats au cours de l’année 2018. En mars auront notamment lieu deux expositions simultanées au Vatican et à Pékin, avec des prêts réciproques d’œuvres d’art.

En février, le Vatican pourrait reconnaître le martyre de Mgr Pierre Claverie et de 18 autres compagnons en Algérie, parmi lesquels les moines de Tibihirine. Ce qui ouvrirait la voie à leur béatification. Mgr Paul Desfarges, archevêque d’Alger (Algérie) et acteur de la cause, avait été reçu par le pape François le 1er septembre 2017.

Les 26, 27 et 28 février se tiendra la 23e réunion du Conseil des cardinaux (C9). Après quatre ans de travaux, la réflexion devrait s’achever mi-2018 et ouvrir sur la proposition d’une nouvelle constitution réglementant la Curie, après Pastor bonus en 1988. Pour cette dernière ligne droite, il sera peut-être nécessaire de donner un souffle nouveau au Conseil des cardinaux, qui pourrait poursuivre ses réunions au-delà. Dans cette perspective, la presse italienne s’interroge sur le maintien ou non du cardinal Oscar Maradiaga, coordinateur du C9. Agé de 75 ans, l’archevêque de Tegucigalpa, au Honduras, a dû faire face fin décembre à une tentative de déstabilisation, par le biais d’accusations de malversations dans son diocèse. Il a ce pendant été soutenu par le pape dont il est un des proches. Autre membre du C9 en difficulté, le cardinal australien George Pell sera auditionné en mars devant la justice de son pays. Il saura alors s’il doit répondre ou non à des accusations d’abus sexuels à son encontre. Au sein de la Curie, il est en charge du Secrétariat pour l’économie.

Le 13 mars, le pape argentin entamera sa sixième année de pontificat. Son principal défi, estime le vaticaniste Andrea Gagliarducci, sera de préserver l’unité de l’Eglise. Que ce soit en Europe – sur le rôle et l’autonomie de la conscience dans les questions morales – ou en Amérique latine – sur une théologie conforme au magistère et qui prenne en compte le souci des plus pauvres.

Le 17 mars, le pape François se rendra une journée à Pietrelcina en Italie, lieu de naissance de saint Padre Pio, ainsi que dans la ville où le capucin le plus célèbre d’Italie a passé le reste de sa vie, San Giovanni Rotondo, dans les Pouilles au sud de l’Italie. Ce déplacement est organisé à l’occasion du 50e anniversaire de la mort du saint et du centenaire de l’apparition de ses stigmates. Le pontife ira également rendre visite au personnel de l’hôpital fondé par le Padre Pio, la Casa di sollievo della sofferenza, qui a décidé de faire objection de conscience contre la loi italienne sur la fin de vie. Pour ses autres déplacements italiens au cours de l’année, le pontife pourrait aussi se rendre à Molfetta et Alessano, également dans les Pouilles, pour le 25e anniversaire de la mort de Mgr Tonino Bello, évêque de Molfetta. Un voyage à Venise est aussi à l’étude.

Du 19 au 24 mars prochains, au Vatican, une réunion pré-synodale sera organisée pour les jeunes de tous les continents, de différentes confessions chrétiennes, mais aussi appartenant à d’autres religions ainsi que des non-croyants. Les conclusions seront transmises aux Pères synodaux, en amont du synode des évêques prévu en octobre de la même année, afin de mieux intégrer les jeunes eux-mêmes au processus synodal, conformément au souhait du pape.

A la mi-mars également devraient se tenir les élections législatives italiennes. Ce seront les premières élections sous le pontificat du pape François, pour qui le temps d’une politique italienne décidée par l’épiscopat est révolu. Entre un Parti démocrate, de centre-gauche, qui semble avoir les faveurs de l’Eglise sur l’accueil des migrants, moins sur les lois dites sociétales – unions entre personnes de même sexe, euthanasie – le parti anticonformiste Cinq étoiles dont le candidat a récemment rencontré le cardinal secrétaire d’Etat Pietro Parolin, et le retour de Silvio Berlusconi, la campagne sera rude, notamment sur la question migratoire. Le rôle joué par les sénateurs démocrates-chrétiens dans l’acceptation de la loi sur la fin de vie, critiquée par l’Eglise, devrait également peser dans la balance.

Le 1er avril, le Souverain pontife conclura la Semaine sainte et le temps du Carême par la célébration de la fête de Pâques, sommet de l’année liturgique et période d’intense activité pour le Bureau des cérémonies au Vatican. Après la messe de la Résurrection, le pape prononcera son traditionnel message Urbi et Orbi – à la ville de Rome et au monde. L’an dernier, il avait demandé l’intercession divine pour la situation en Syrie, actuellement en passe d’être libérée de l’emprise de l’Etat islamique.

En juin, le pape Paul VI (1963-1978) pourrait être proclamé nouveau saint de l’Eglise. Un miracle vient en effet d’être reconnu par la Commission théologique de la Congrégation des causes des saints. Il s’agit d’une femme enceinte et malade, à qui les médecins proposaient l’avortement. Le pape de l’encyclique Humanae vitae (juillet 1968) et d’une autre sur le célibat ecclésiastique – Sacerdotalis caelibatus en juin 1967 – avait été béatifié le 19 octobre 2014 par le pape François, pendant le premier synode sur la famille. Une date possible pourrait être un dimanche de juin, 50 ans après la proclamation par Paul VI du ‘Credo du peuple de Dieu’. Ou encore en octobre durant le synode des évêques sur les jeunes.

Du 21 au 26 août, auront lieu les Journées mondiales de la famille à Dublin, en Irlande, organisée sous l’égide du Dicastère pour les laïcs, la famille et la vie. Il s’agira de la première édition de ces rencontres depuis l’encyclique Amoris laetitia (2016) sur la famille. Les associations familiales ont été largement invitées à s’associer à cet événement, y compris les non-catholiques. Le pape François pourrait se rendre en Irlande pour célébrer la messe de clôture.

Du 3 au 28 octobre, le chef de l’Eglise catholique présidera le Synode des évêques sur les jeunes, la foi et le discernement vocationnel. «Il est urgent d’amener au sein de la communauté chrétienne une nouvelle culture vocationnelle», avait expliqué le pontife en janvier 2017 en vu de cette réunion. Face à la chute du nombre de vocations religieuses – notamment dans le monde occidental – il faut avoir «l’infinie patience de recommencer» et explorer de «nouvelles voies». Toutefois, a prévenu le cardinal Lorenzo Baldisseri, secrétaire général du synode des évêques, la question de l’ordination des hommes mariés n’est pas à l’ordre du jour de ce synode. Au cours des travaux, les jeunes devraient être particulièrement impliqués, et certains pourraient même en être auditeurs. Le cardinal brésilien Sérgio da Rocha, archevêque de Brasilia et président de la Conférence des évêques de son pays, sera rapporteur général du synode.

En novembre, deux ans après l’expression d’interrogations au sujet de l’exhortation Amoris laetitia (mars 2016) par quatre cardinaux, s’acheminera-t-on vers une sortie de crise ? Après avoir adressé une lettre au Souverain pontife, les cardinaux Walter Brandmüller, Raymond Burke, Carlo Caffara et Joachim Meisner avaient exprimé par voie de presse leurs interrogations sur la continuité de l’enseignement de l’Eglise sur la famille avec ce nouveau document, notamment dans l’accès ou pas aux sacrements. Depuis, un certain nombre de diocèses ont pris des options divergentes : l’Argentine – dont la réaction a été inscrite dans les Acta Apostolicae Sedis, bulletin officiel du Saint-Siège – ou encore Malte et l’Allemagne d’un côté ; la Pologne, le Kazakhstan et Philadelphie de l’autre. Parmi les quatre hauts prélats, deux sont décédés en 2017 – Carlo Caffara et Joachim Meisner. Plusieurs appels au dialogue ont été lancés depuis, par le cardinal Gerhard Müller, préfet émérite de la Congrégation pour la doctrine de la foi, mais aussi par le cardinal Pietro Parolin, secrétaire d’Etat du Saint-Siège.

Le 17 décembre, le pape François fêtera ses 82 ans. Il s’agit d’un âge encore relativement jeune pour les papes du troisième millénaire, Jean Paul II étant décédé juste avant ses 85 ans et Benoît XVI ayant renoncé peu avant son 86e anniversaire. Le pape émérite pour sa part, atteindra l’âge de 91 ans le 16 avril. (cath.ch/imedia/ah/ap/xln/mp)

Maurice Page

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