Evangile de dimanche: l’étoile à son lever

La naissance de Jésus à Bethléem bouleverse le monde, en raison même de son humilité et de sa discrétion. A l’adoration des bergers des alentours s’ajoute, d’après l’évangile de Matthieu, celle des mages venus de l’Orient lointain.

Les bergers ont été enveloppés de clarté et visités par l’ange, les mages eux suivent une étoile. La nature, et non un ange ou une vision, ouvre ces hommes à un autre monde. Ces mages – l’évangéliste ne précise pas leur nombre –probablement spécialistes d’astronomie, découvrent une étoile. Et cela est possible car leurs yeux sont ouverts et leur regard dirigé, non sur eux-mêmes, mais au-delà de soi, vers le ciel.

Cette découverte n’est pas l’aboutissement de savants calculs astronomiques ou magiques. Elle ne change pas les données de la science, mais celle de l’existence. En effet, l’étoile, par-delà sa réalité, fait signe et sens. Elle est «à son lever». Sa présence est suffisante pour mettre ces païens en route vers Jérusalem à la recherche du «roi des Juifs qui vient de naître». Pendant ce temps, à Jérusalem, ceux qui scrutent, comme à leur habitude, les Ecritures ne les comprennent pas ; pire, ils s’en servent, tel Hérode et ses sbires, pour comploter contre l’Enfant.

En effet, deux rois sont en concurrence mortelle, l’un à Bethléem, l’autre à Jérusalem: l’Enfant et Hérode. Celui-ci, comme plus tard Caïphe ou Ponce Pilate, refuse la présence de ce nouveau-né dont la fragilité lui révèle que le pouvoir n’est pas dans la puissance. Il met tout en œuvre – et recourt même au mensonge, à la dissimulation et à la séduction –  pour supprimer ce rival potentiel. En s’ingéniant à éliminer, systématiquement, tous les enfants en âge d’être considérés comme le futur roi des juifs, il endosse la figure de Pharaon qui avait essayé de tuer Moïse (Ex 2, 15). Il endosse aussi la figure du roi Balaq qui avait voulu faire de même par l’intermédiaire d’un mage païen venu d’Orient, Balaam (Nb 22 – 24). Or, Balaam, le visionnaire, avait vu une étoile: «un astre issu de Jacob devient chef» (Nb 24, 17). Cette étoile, c’est celle de David, assimilée par Matthieu à celle que les mages voient.

Et si, à la suite des mages, nous suivions l’»étoile» de notre conscience, encore «à son lever»?

C’est devant celui qui est reconnu comme roi des juifs que les mages païens s’inclinent signifiant ainsi que la royauté de l’Emmanuel n’est «pas de ce monde» et transcende toutes les catégories politiques et religieuses. Pour qu’éclate pleinement la gloire de ce roi, il faudra qu’il soit suspendu au bois de la croix. C’est ce que suggère par anticipation les dons précieux offerts par les mages: l’or, symbole de la royauté, l’encens évocateur du culte et la myrrhe qui servira à l’ensevelissement. Dès sa naissance, l’enfant est honoré comme le Fils de Dieu, prêtre, prophète et roi.

Et si, à la suite des mages, nous suivions l’»étoile» de notre conscience, encore «à son lever», si nous déposions aux pieds de Jésus l’or de notre foi si petite soit-elle, l’encens de notre quête souvent maladroite et la myrrhe de nos épreuves tant de fois pesantes, ne serions-nous pas plongés, comme eux, au cœur de la Bonne Nouvelle de Noël pour repartir, comme eux, par un «autre chemin», celui de l’espérance et de la vie?

Chantal Reynier | 5 janvier 2018


Mt 2, 1-12

Jésus était né à Bethléem en Judée,
au temps du roi Hérode le Grand.
Or, voici que des mages venus d’Orient
arrivèrent à Jérusalem
et demandèrent :
« Où est le roi des Juifs qui vient de naître ?
Nous avons vu son étoile à l’orient
et nous sommes venus nous prosterner devant lui. »
En apprenant cela, le roi Hérode fut bouleversé,
et tout Jérusalem avec lui.
Il réunit tous les grands prêtres et les scribes du peuple,
pour leur demander où devait naître le Christ.
Ils lui répondirent :
« À Bethléem en Judée,
car voici ce qui est écrit par le prophète :
Et toi, Bethléem, terre de Juda,
tu n’es certes pas le dernier
parmi les chefs-lieux de Juda,
car de toi sortira un chef,
qui sera le berger de mon peuple Israël.
 »
Alors Hérode convoqua les mages en secret
pour leur faire préciser à quelle date l’étoile était apparue ;
puis il les envoya à Bethléem, en leur disant :
« Allez vous renseigner avec précision sur l’enfant.
Et quand vous l’aurez trouvé, venez me l’annoncer
pour que j’aille, moi aussi, me prosterner devant lui. »
Après avoir entendu le roi, ils partirent.

Et voici que l’étoile qu’ils avaient vue à l’orient
les précédait,
jusqu’à ce qu’elle vienne s’arrêter au-dessus de l’endroit
où se trouvait l’enfant.
Quand ils virent l’étoile,
ils se réjouirent d’une très grande joie.
Ils entrèrent dans la maison,
ils virent l’enfant avec Marie sa mère ;
et, tombant à ses pieds,
ils se prosternèrent devant lui.
Ils ouvrirent leurs coffrets,
et lui offrirent leurs présents :
de l’or, de l’encens et de la myrrhe.

Mais, avertis en songe de ne pas retourner chez Hérode,
ils regagnèrent leur pays par un autre chemin.

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